Olla de Nuria : les Français à l’honneur lors de la 1ère étape des Golden Trail World Series

Sylvain Cachard et Thibaut Baronian
Thibaut Baronian a terminé juste devant son compatriote Sylvain Cachard - Photo : Golden Trail Series

Plusieurs des meilleurs coureurs en montagne français, emmenés par Thibaut Baronian et Blandine L’hirondel, s’étaient donné rendez-vous pour lancer la saison internationale de très haut niveau ce dimanche 13 juin en Catalogne à l’occasion de l’Olla de Nuria, première étape du circuit mondial des Golden Trail Series (GTS). Même si aucun n’est monté sur le podium au classement général, trois hommes et trois femmes ont accroché un top 10 et les jeunes Sylvain Cachard et Lucille Germain ont remporté la compétition dans la catégorie Espoir. Thibaut Baronian et Sylvain Cachard, 5e et 6e, ont même battu le vieux record de Kilian Jornet. Distances+ revient sur les performances des traileurs tricolores.

La course espagnole de 21 km et 1930 m D+, tracée autour du célèbre sommet pyrénéen Puigmal, à la frontière entre la France et l’Espagne, avait été choisie par le circuit de Salomon pour remplacer exceptionnellement cette année la mythique Zegama en raison des conditions sanitaires. Rappelons que les circuits Golden Trail Series (nationaux et mondial) mettent en avant uniquement des courses en montagne dont les distances sont comprises grosso modo entre le semi et le maratrail.

C’est le Norvégien Stian Angermund (2 h 04 min 16 s) et la Suissesse Maude Mathys (2 h 21 min 52 s) qui ont remporté avec autorité — et un large sourire — cette édition 2021 de la Olla de Nuria. Ils ont tous les deux battu le record de l’épreuve.

Blandine L’hirondel a manqué de chocolat

Blandine L'Hirondel
Blandine L’Hirondel a longtemps tenu la deuxième place de la course avant de finalement finir quatrième – Photo : Golden Trail Series

Longtemps deuxième de la course derrière l’intouchable Maude Mathys, Blandine L’Hirondel a finalement franchi la ligne d’arrivée en quatrième position. La Française, qui a également bataillé avec l’Américaine Rachel Drake, comme lors du championnat mondial des GTS aux Açores l’automne dernier, a dû céder face à une autre Suissesse, Judith Wyder et l’Espagnole Oihana Kortazar dans la dernière descente. Sur ses réseaux sociaux, elle a interpellé avec humeur les deux championnes suisses pour connaître leur secret, suggérant que c’était sans doute le chocolat, et qu’elle repartirait bien chez elle avec un carton pour les prochaines compétitions.

« Il y avait une densité de coureurs internationaux comme rarement vu sur une ligne de départ », s’est enthousiasmée la championne du monde de trail, qui avait remporté le Trail de la Cité de Pierres au printemps. « Il a fallu faire preuve d’un sacré dépassement de soi », a-t-elle ajouté.

La vice-championne du monde de course en montagne Élise Poncet est arrivée juste derrière Blandine L’hirondel, faisant la joie du directeur de l’équipe Matryx, Thomas Janichon. « Elle a réalisé une très, très belle course », s’est-il félicité.


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« Au-delà de la place, c’est vraiment intéressant parce qu’en termes de chrono il n’y a pas beaucoup d’écart avec Judith Wyder (moins de 5 min, NDLR), qui fait partie des meilleures filles du monde si on enlève Maude Mathys, qui est un peu une extraterrestre », a-t-il poursuivi en soulignant l’inexpérience de sa jeune athlète sur cette distance.

Thomas Janichon est également satisfait de la performance de Lucille Germain, qui se classe à une belle 7e place. La championne de France espoir de course en montagne et de trail 2019 continue sa progression. Elle est d’ailleurs montée sur la plus haute marche du podium dans la catégorie Espoir.

Sylvain Cachard confirme qu’il fait déjà partie des grands

Sylvain Cachard
Sylvain Cachard espère accrocher le top 5 dans les Dolomites ou à Sierre-Zinal – Photo : Golden Trail Series

Chez les hommes, derrière le trio Stian Angermund, Rémi Bonnet et Davide Magnini, Thibaut Baronian a rapidement déboulé à l’arrivée, dans la foulée de l’Italien Nadir Marguet (2 h 08 min 27 sec). Il a confié à Distances+ avoir eu de « très belles sensations » et se satisfaire « d’avoir été au contact des meilleurs ». Le coureur de Besançon est en effet resté à la lutte pour le podium jusqu’à cinq kilomètres de l’arrivée. « Sur un parcours pas forcément taillé pour moi, trop court, je suis content d’avoir retrouvé mon punch après une prépa pas hyper ciblée là-dessus », a-t-il ajouté. Il est déjà concentré sur son prochain objectif, qui est d’ailleurs l’un de ses grands objectifs depuis plusieurs années : le Marathon du Mont-Blanc, début juillet.

Désormais dans la cour des grands, Sylvain Cachard a livré la marchandise, accrochant une superbe sixième place, dans un temps canon (2 h 10 min 09, en sachant que le record, 2 h 14 min 56 sec, était détenu par Kilian Jornnet depuis 2009). Il a terminé premier espoir (U23) avec plus de 7 min d’avance sur Nicolas Molina Augustin (15e au classement général). 

« Franchement, je suis très, très satisfait, a-t-il dit à Distances+. Je courais un peu après la gestion parfaite et c’est vraiment pour ça que je courais là, pour me rassurer. » Lui qui vise un top 5 à la Dolomyths Run en Italie Dolomites ou à Sierre-Zinal en Suisse estime « avoir manqué de confiance en soi » pour accrocher le bon wagon dès le départ. « J’ai laissé partir la tête de course dès le début, a-t-il expliqué. Je m’entraîne pour faire mieux plus tard, mais c’est une très bonne base pour la suite. Peut-être qu’avec l’expérience, j’arriverai à partir avec eux dès le début. »

Le champion de France de course en montagne en titre participait à sa première course internationale de ce calibre sur ce format. 


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Son ami, et autre grand espoir français, Johann Baujard s’est lui aussi invité dans les 10 meilleurs de la course catalane en prenant la 9e place (2 h 14 min 46 sec soit 10 secondes de mieux que l’ancien record).

« Sur une course de rentrée, en n’ayant pas mis de dossard depuis le Golden Trail Championship aux Açores l’automne dernier, il a su répondre présent », a commenté le manager du Team Matryx, Thomas Janichon. « Encore quelques réglages nécessaires pour viser plus loin, mais les bases sont posées », a d’ailleurs écrit Johann Baujard sur ses réseaux sociaux.

Mathilde Sagnes, Nicolas Martin et Anthony Felber en embuscade

Nicolas Martin et Anthony Felber
Nicolas Martin (au premier plan) et Anthony Felber (au second plan) ont coincé dans la dernière descente – Photo : Golden Trail Series

D’autres athlètes français ont terminé aux portes du top 10, comme la championne du monde de course en montagne par équipe Mathilde Sagnes. Deuxième du kilomètre vertical de la Olla de Nuria la veille, elle a passé la ligne d’arrivée à la 12e place.

« Le début de course a été dur, a-t-elle confié à Distances+. Une fois les premières minutes passées, j’ai pris mon rythme dans la montée et ça allait plutôt bien. Finalement, j’ai découvert que les crêtes étaient moins techniques que ce à quoi je m’attendais, ce qui m’a remonté le moral. » La Lozérienne dit avoir « manqué de fraîcheur » sur la fin de course, elle qui a aussi participé la semaine dernière au Trail du Ventoux (2e) et qui prépare le 60 km du Trail des Passerelles du Monteynard, qualificatif pour les championnats du monde de trail.

L’expérimenté Nicolas Martin a, lui, fini à la 14e place, un peu déçu. « Ma performance est en dessous de mes attentes, mais j’ai aussi l’expérience nécessaire pour apprécier l’excellent niveau de tous les coureurs qui composent ce top 15 », a commenté l’ancien vice-champion du monde de trail avant d’entrer dans les détails.

« Ma course s’est déroulée en trois parties distinctes avec une première montée dans le bon rythme par rapport à mes attentes, a-t-il raconté à Distances+. Ensuite, la partie de crêtes a été compliquée, mais j’ai maintenu un classement correct, puis le final a été très compliqué avec des ampoules sous le pied et la perte de plusieurs places dans la descente malgré des jambes qui n’étaient pas totalement fatiguées. »

Nicolas Martin a également eu du mal à s’adapter à l’altitude malgré le fait qu’il ait passé une semaine à 1800 m d’altitude avant la course (la quasi-totalité de l’épreuve avait lieu à plus de 2250 m d’altitude). « Ce n’est pas une surprise, j’ai toujours été en difficulté en altitude » a-t-il souligné.


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Dernier tricolore en vue, Anthony Felber, également de la jeune équipe Matryx, s’est classé 16e (2 h 17 min 48 sec) après avoir tenu le top 10 jusqu’à l’entame de l’ultime descente. « Ce qui est top, c’est que, du coup, on sait ce qu’il va falloir travailler », a positivé Thomas Janichon qui préfère retenir les presque 2 h de course dans les 10 premiers, plutôt que le classement final. « Cela montre que tu ne peux pas te permettre d’avoir un tout petit coup de moins bien parce qu’il y a six coureurs qui te dépassent en trois minutes », a-t-il fait remarqué.

La grande majorité de ces coureurs devraient s’aligner sur la prochaine manche du circuit Golden Trail World Series, le 4 juillet prochain, lors du Marathon du Mont-Blanc (42 km, 2780 m D+).

Un texte écrit en collaboration avec Nicolas Fréret.