Maria Semerjian
La Diagonale des fous, vue par la grande championne réunionnaise Marcelle Puy
Marcelle Puy est une figure incontournable de l’histoire du Grand Raid de La Réunion. Avec 8 participations, 7 médailles de finisseuse et 5 victoires (1995, 2002, 2007, 2008, 2010) à son palmarès, celle que les Réunionnais surnomment « la Reine » est l’athlète la plus titrée sur cette épreuve. Elle prendra son neuvième départ cette année.
Elle a gagné sa première Diagonale dès sa première participation en 1995. « J’étais une coureuse de route, je n’avais jamais fait de montagne, je ne connaissais pas le parcours et j’avais fait une préparation sur route type marathon, se souvient-elle. Alors, j’ai gagné, oui, mais j’ai beaucoup souffert ! J’ai fait une très grosse hypoglycémie quelques kilomètres avant l’arrivée, c’était vraiment très dur. Sur la ligne d’arrivée, j’ai même juré que je n’y retournerai pas ». Ces paroles prononcées à chaud, sous le coup de la douleur et de la fatigue, ont vite été oubliées. Marcelle a remis un dossard dès l’année suivante, mais elle a retenu la leçon et, cette fois, s’est préparée plus spécifiquement. Elle a terminé 2e. L’histoire de la Reine du Grand Raid était en marche.
Pour Marcelle Puy, chaque course a une saveur particulière, car « tout peut arriver sur un Grand Raid ». « En 2002, j’ai fait ma meilleure course. J’ai fini 10e au scratch. C’était vraiment un moment inoubliable ! »
Les années 2000 ont vu la médiatisation du trail s’accentuer, en particulier sur la Diagonale des fous. La Réunionnaise faisait l’objet de toutes les attentions sur l’île. Ses victoires en 2007 et 2008 (année de la victoire du jeune Kilian Jornet à l’UTMB) vont carrément changer sa vie et lui permettre d’avoir un sponsor et de décrocher un emploi chez un assureur.
Le revers de la médaille de cette belle reconnaissance sportive et professionnelle, c’est la souffrance endurée. Marcelle ne parle pas souvent de plaisir sur ses Diagonales. « J’ai fait d’autres ultras, mais le Grand Raid reste le plus dur, physiquement avec ses très gros dénivelés, ses descentes hyper raides, et puis, mentalement, à chaque fois, j’avais une énorme pression, c’était très dur à gérer. »
Sa dernière participation à la Diagonale remonte à 2017. Elle avait terminé 3e en un très bon chrono de 30 h 58 pour les 164 km et 10 000 m de dénivelé. « Cette édition reste un super souvenir, car il y avait un plateau très relevé et, pour moi, c’était un peu comme une première place ». Cette année-là, la Suissesse Andréa Huser avait surclassé tout le monde en terminant 8e au classement général en 26 h 34 avec plus de 2 h 30 d’avance sur la Française Émilie Lecomte, vainqueure de la Diagonale en 2009 et 2012. Loin derrière, de grands noms tels que Beth Pascall et Fernanda Maciel.
À 53 ans, Marcelle Puy est de retour, son glorieux dans la tête, pour célébrer les 15 ans de son équipe « Prudence Créole » et les 160 ans de son entreprise. « Depuis 2017, j’ai couru deux Mascareignes et j’ai continué à courir pour le plaisir. Cette année, j’ai refait une bonne préparation et j’ai participé à deux courses (le Caldeira Trail et la Semi-Raid 974, qu’elle a gagné toutes les deux, NDLR). Ça va bien, mais je suis un peu dans le doute. Je vais prendre le départ et y aller à la sensation. Aujourd’hui, j’y vais pour le plaisir. Je n’ai aucun objectif particulier ». Contrairement aux pronostics de nombreux Réunionnais qui la verraient bien encore sur le podium. « C’est grave cette idée. Les gens croient que j’ai toujours 20 ans, toujours les mêmes jambes », commente Marcelle, avec un grand sourire, elle qui demeurera la Reine, quoi qu’il advienne.
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