La Diagonale des fous, vue par l’athlète néo-Réunionnaise Sylvaine Cussot
En janvier 2021, Sylvaine a décidé de poser ses valises à La Réunion pour faire une coupure, se ressourcer, tourner une page… Trois ans et demi plus tard, lorsqu’elle dit qu’elle rentre à la maison, c’est de l’île intense qu’elle parle, pour retrouver « sa grande coloc », ses chemins en bord de mer et le fabuleux cirque de Mafate qu’elle adore plus que tout. Elle y retournera en cette fin de semaine avec un dossard de la Diagonale des fous sur le ventre.
Ce troisième Grand Raid (4e en 2021, 5e en 2022), celle que tout le monde surnomme « Sissi » l’aborde avec une grande fraîcheur physique et de bonnes sensations. « J’ai fait une préparation très orientée vers cette Diagonale, assure-t-elle. J’ai articulé ma saison pour arriver vraiment bien sur cette course de cœur. J’ai enchaîné de grosses semaines à 130-140 km avec beaucoup de dénivelé et puis des semaines plus allégées, avec du rythme également. Cette année, j’ai décidé de ne pas m’aligner sur des courses de plus de 80-90 km pour arriver avec de la fraîcheur physique et mentale sur ce grand rendez-vous », précise Sylvaine. Elle a couru le 80 km de l’ÉcoTrail de Paris (3e) en mars, le 86 km de la Maxi-Race (15e) en mai, le 75 km de la Restonica (5e) en juillet et le 80 km du GRP (4e) en août.
Courir « à la maison », sur des sentiers qu’elle connaît par cœur, présente à la fois des avantages et des inconvénients, selon elle. Elle sait trop bien ce qui l’attend. « Je m’entraîne pas mal sur le parcours, mais pas spécialement pour la Diag, plus parce que j’adore être en montagne, dans Mafate, dans ces décors de fou, s’enthousiasme Sissi. C’est vraiment unique ici, ces paysages que tu ne retrouves pas ailleurs. C’est sûr que je suis très acclimatée, très adaptée, mais il y a des passages que je redoute vraiment, comme la descente du Bloc. Je suis tombée plusieurs fois, ce qui a créé un ancrage négatif qui peut me desservir aussi. »
Un petit nuage noir persiste pourtant : elle s’est cassée un doigt sur le Grand Raid des Pyrénées cet été et, comme il y a deux ans, elle prendra le départ avec une main qui n’est pas totalement consolidée. Sylvaine dit ne « pas être superstitieuse pour un sou », mais elle ne voudrait surtout pas revivre cette édition 2021 très éprouvante, très dure. Partie sur un nuage, portée par un « flow génial », elle était arrivée en tête à Cilaos, après 70 km et 3700 m D+.« Tout était extraordinaire, se souvient-elle. Les hélicos, la foule, Émilie (Maroteaux) qui me rattrape… est-ce que ce trop-plein d’émotions et d’euphorie m’a fait perdre un peu de lucidité ? Je ne sais pas, mais dans Mafate, sur un chemin facile, j’ai pris une grosse gamelle. Et à partir de là, j’ai vécu un enfer terrible, j’avais tellement mal… » Sylvaine Cussot est tout de même allée au bout, passant la ligne d’arrivée au stade de La Redoute – baptisé par les « raideurs » le stade de la délivrance – après 34 h 01 de course, en 4e position. Elle a appris par la suite qu’elle avait parcouru les 80 km derniers kilomètres de la Diagonale des fous avec une fissure au péroné.
À quelques heures du départ, Sylvaine se sentait bien plus sereine que les éditions précédentes. Et, l’esprit léger, elle relativise : « avec l’âge et les années qui passent, je ne peux plus jouer les premières places, j’espère finir dans le top 10, mais surtout j’ai envie de faire une belle balade, sans chute grave ! Je suis assez confiante, car de toute façon, je ne vois pas comment ça pourrait être pire qu’en 2021 ! »
L’an dernier, pour la 30e édition du Grand Raid, Sylvaine Cussot avait terminé à la 5e place, après 35 h 14 de course, derrière l’Américaine Courtney Dauwalter (24 h 37), la championne de France de trail long 2023 Anne-Lise Rousset (28 h 58), la Suédoise Anna Carlsson (30 h 59) et Sarah Vieuille (32 h 47) qui a gagné les huit autres courses auxquelles elle a participé depuis fin 2021.
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👉 Écoutez l’émission hors série La Bande à D+ dans le vif de la 30e édition de La Diagonale des fous
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