Jean-François Cauchon : Avoir du plaisir pour performer, et non l’inverse

À chacun sa Diagonale

Jean-François Cauchon
Jean-François Cauchon avant de prendre le départ de sa première Diagonale des fous en 2019 - Photo : Nicolas Fréret / Distances+

La Diagonale des fous, vue par le champion québécois Jean-François Cauchon

Il a seulement 30 ans, mais cela fait près d’une décennie que Jean-François Cauchon roule sa bosse et qu’il performe sur les ultra-trails au Canada et ailleurs dans le monde. Le champion québécois s’apprête à conclure sa saison compliquée en raison de problèmes digestifs (29e au MIUT, DNF au 100 miles du Québec Méga Trail et au 125 km de l’UTHC) sur l’île de La Réunion. Il prendra de nouveau le départ ce jeudi de la Diagonale des fous (165 km, 10 000 m D+), une épreuve qui lui avait fort bien réussi en 2019.

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« Dès mes débuts, j’ai eu envie de voyager et d’aller courir sur des terrains différents », se souvient Jean-François, lui qui a rapidement connu le succès après avoir découvert ce sport, chez lui au Québec. Il a gagné le 125 km de l’Ultra-Trail Harricana du Canada en 2016. En 2017, il s’est envolé en Europe et a fait le tour du Mont-Blanc en 24 h 18, s’offrant pour son baptême du feu une belle 31e place à l’UTMB. En 2018, il a fait jeu égal aux avant-postes de la TransMartinique avec Mathieu Blanchard, l’un de ces principaux rivaux à l’époque sur les sentiers du Québec. Et en 2019, il a marqué un grand coup en se classant 7e de la Diagonale des Fous, dévoilant du même coup sa grosse barbe noire distinctive à la planète trail. Rien ne semblait arrêter cet ingénieur que tout le monde surnomme amicalement « Jeff ». Pourtant, en 2022, la belle machine s’est déréglée et il a dû abandonner son deuxième UTMB.

« Pour la première fois depuis 2014, je n’avais pas abordé la course de la bonne façon, explique-t-il. Je me suis mis trop de pression de performance. Je fais des ultras depuis maintenant neuf saisons et je m’étais mis en tête que l’UTMB serait le moment ou jamais pour passer à la prochaine étape. » Jean-François Cauchon a ainsi pris une leçon à Chamonix. Il a compris, a-t-il confié à Distances+, que « c’est en ayant du plaisir que la performance viendrait et jamais, mais jamais, l’inverse. »

Depuis, « je me suis beaucoup interrogé sur mon « why », sur le pourquoi je cours, poursuit-il. J’ai vraiment changé de mindset (état d’esprit, NDLR), cette année, et l’objectif maintenant pour moi, c’est d’avoir du plaisir avant d’être performant et non de faire une performance pour avoir du plaisir. »

Jean-François Cauchon
Jean-François Cauchon, 7e de la Diagonale des fous 2019 – Photo : Nicolas Fréret / Distances+

Le Grand Raid de la Réunion n’était pas une course très connue en Amérique du Nord avant 2019, l’année où La Clinique du Coureur a monté son projet « Les Guerriers du Grand Raid ». Une délégation d’une trentaine d’athlètes québécois et français s’étaient retrouvés à La Réunion pour courir les différentes épreuves de cette fête de l’ultra-trail. Avec grand succès d’ailleurs puisque deux athlètes féminines, Anne Champagne et Claudine Soucie, avaient respectivement gagné le Trail de Bourbon et la Mascareignes. Jean-François s’était pour sa part illustré d’une 7e place après une course pleine et maîtrisée. Il avait adoré son périple sur l’île intense. « C’est vraiment différent, ces paysages accidentés, super pentus, ces descentes de 1000 m de dénivelé, décrit-il. On ne retrouve nulle part ailleurs ces trois magnifiques cirques (Cilaos, Mafate et Salazie, NDLR). Traverser l’île en courant est en plus un mode parfait pour la découvrir. En Amérique du Nord, on est habitués à des organisations petites, plus locales, c’est une grosse famille. On n’a jamais des courses avec plusieurs milliers de coureurs comme ici. Là, tout est démesuré, même au niveau des ravitaillements. »

Physiquement, Jean-François se dit assez confiant à l’approche de cette deuxième Diagonale. « J’ai fait de gros blocs d’entraînement et, comme au Québec on n’a pas ce type de dénivelé de plus de 1000 m d’affilée, je suis allé m’entraîner dans l’État de New York pour retrouver ces fortes pentes, raconte-t-il. En revanche, au niveau technicité des terrains, je ne suis pas particulièrement impressionné ici. Je trouve ça normal, toutes ces racines, ces marches, ces cailloux, ces singles. Ça ressemble vraiment à nos chemins québécois et c’est un super avantage pour moi. »

Ceci dit, l’athlète québécois a des soucis digestifs qui lui polluent l’esprit. Ces dernières courses ne se sont d’ailleurs pas bien finies à cause de ça. « Difficile de trouver du plaisir quand tu vomis régulièrement après de 6-7 heures d’effort, déplore-t-il. Alors il a travaillé avec un nutritionniste pour essayer de remédier au problème. Il a modifié son alimentation au quotidien et sa nutrition en course. « Je mange moins de glucides rapides et de gels, mais plus de boules de riz et de barres complètes », précise-t-il. Il a l’intention de partir « vraiment tranquille » pour limiter au maximum ces désagréments qui peuvent réduire un objectif à néant.

Jean-François Cauchon trouve ça « cool » que le plateau se soit densifié un peu à la dernière minute avec l’annonce au cours des deux dernières semaines de la participation du quadruple vainqueur de la Diagonale François D’haene et de Germain Grangier, 5e l’an dernier), mais il n’a pas l’intention de les suivre. « Je vais vraiment laisser partir les fusées au départ, prévient-il. J’ai prévu d’être dans un rythme très conservateur au début et on verra sur la deuxième partie du parcours si jamais on peut se rapprocher un peu de la tête de course », conclue le jeune ingénieur, que certains surnomment le métronome québécois, tant il fait penser dans ses projections millimétrées à la légende du Grand Raid Antoine Guillon. Ce dernier a malheureusement annoncé son forfait avant sa 16e Diag en raison d’une fracture de l’humérus. Il a fait une mauvaise chute sur l’une de ses dernières sorties avant la course. En 2019, Jeff Cauchon avait passé la ligne d’arrivée au stade de La Redoute après 25 h 46 min de course, avec près de quatre heures d’avance sur Antoine Guillon, victime comme bien d’autres favoris cette année-là d’une énorme erreur de chemin dans la toute première partie du parcours.

Avec la collaboration de Nicolas Fréret


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