Casquette Verte : « À chaque fois que je viens sur la Diagonale, je prends une énorme claque »

À chacun sa Diagonale

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Alexandre Boucheix à l'arrivée de sa première Diagonale des fous en 2017 - Photo : Grand Raid de La Réunion

La Diagonale des fous, vue par Alexandre Boucheix

Alexandre Boucheix, mieux connu sous le nom de « scène » Casquette Verte, entretient depuis 2017 une relation d’amour vache avec le Grand Raid de La Réunion. « J’avais couru la CCC quelques semaines plus tôt, mais c’est vraiment sur la Diag que j’ai découvert le trail et l’ultra, se souvient l’athlète parisien. J’avais pris ma première claque. C’était tellement dur ! Mais c’est là que j’ai réalisé que j’aimais vraiment ça. Je me suis aussi rendu compte que j’étais très très loin de m’être totalement accompli physiquement sur cette course, que j’en avais pas mal sous la pédale. » Il avait passé la ligne au stade de La Redoute en 33 h 30, en 82e position. Il revient courir ce 100 miles mythique à travers l’île de La Réunion pour la quatrième fois.

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Selon Alexandre, « réussir une Diag, c’est bien plus dur que de réussir un UTMB (ce qu’il a fait trois fois sur quatre). Tout est poussé au paroxysme sur cette course. Sur un ultra-trail « normal », il faut gérer 1000 facteurs, mais ici à La Réunion, tout est décuplé : on n’a pas de bâtons, il y a des écarts de température énormes, des pentes monstrueuses, une quantité d’inattendus énorme ! »

Quatre ans plus tard, en 2021, Alexandre est revenu sur ces terrains difficiles avec des milliers de kilomètres d’expérience dans son sac et il a amélioré son chrono de 2017 de cinq heures (28 h 00, 18e place). Il dit avoir appris beaucoup, sans avoir été totalement satisfait de sa course. « J’avais passé 2-3 heures au fond du trou, raconte-t-il. On avait eu très chaud dans Mafate et je n’avais pas optimisé toute la course, mais j’avais repéré deux-trois axes d’amélioration à mettre en place pour une prochaine édition », se souvient-il.

Dès 2022, il était donc bien motivé pour aller « gratter du temps » sur son chrono, mais un trottoir parisien est venu compliquer la donne. Moins de 15 jours avant le départ de sa troisième Diag, Alexandre a en effet pris une gamelle mémorable sur ses terrains d’entraînements urbains habituels et s’est abîmé méchamment une côte. Au lieu de se reposer, il a opté pour une stratégie toute personnelle : continuer à s’entraîner bi-quotidiennement pour s’habituer à courir dans la souffrance afin que le jour de la course, finalement, il soit habitué à la douleur. Si sa stratégie a semblé payer en début de course – il s’est même offert la tête de course sur les premiers kilomètres -, une chute spectaculaire a stoppé net ses ambitions. « En voulant gagner 10 secondes, j’ai perdu 10 heures », affirme-t-il. Mais il a évité le pire et sortir du ravi dans lequel il était tombé. Il a rejoint Cilaos ( km 72) en serrant les dents, bien décidé à « mettre le clignotant » à la base de vie. Mais sur les conseils d’un médecin bien intentionné, il a « gobé un Doliprane » et s’est remis en route. L’illusion du médicament n’a pas tenu jusqu’au « stade de la délivrance ». Alexandre, casquette verte vissée sur la tête, a fini en marchant, ralliant Saint-Denis après 35 heures d’efforts et de souffrance. « À chaque fois que je viens ici – il aurait pu dire « que je survis ici » –, je rentre différent. J’apprends à chaque fois. »

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Alexandre Boucheix alias Casquette Verte lors de la Diagonale des fous 2022 – Photo : IMAZ Press

Alors quel apprentissage Casquette Verte fera-t-il lors de cette édition 2023 ?

Il s’est concocté un plan en 26 heures, calqué sur celui de son ami Alexandre Béraud (UTMB 2022 en 23 h 11, vainqueur du 100 km de l’UT4M et de l’UTPMA 2023 et 4e du 100 miles of ISTRIA). Les deux Alexandre ont un niveau de performance à peu près équivalent (cote ITRA 843 pour Béraud contre 832 pour Boucheix). Pour parvenir à ses fins, l’ultra-traileur francilien s’est entraîné comme à son habitude, en plus de participer à des courses (UTMB et Ultra-Trail des montagnes du Jura récemment) : pas de plan spécifique, pas de blocs d’entraînement, mais des bornes et des bornes quotidiennement, voire souvent biquotidiennement, en allant chercher le dénivelé sur les marches de Montmartre ou les bosses du bois de Vincennes. « Je comptais tout de même insister sur le volume de séances de marches, mais une entorse récente m’oblige à la prudence », précise Alexandre.

Alors que certains coureurs élites ont pris leurs quartiers bien en avance à La Réunion « et sont capables de donner des noms à tous les cailloux de l’île », s’amuse Casquette Verte, le jeune cadre dynamique hyper actif a essayé pour sa part d’arriver le moins blessé possible pour ne pas revivre l’enfer de l’an dernier. « Je n’ai pas fait de coupure après l’UTMB (21e en 23 h 03), j’ai fait des semaines à plus de 200 km, j’ai des douleurs un peu partout, mais cette année, je ne fais pas n’importe quoi, je suis prudent, je mets la frontale en rentrant du taf pour éviter une faute d’inattention bête alors qu’avant je m’en foutais. » Il avait aussi la ferme intention, une fois arrivé sur l’île le week-end dernier, « de freiner un peu 2-3 jours avant la course et d’essayer de rattraper un peu de sommeil. »

« Je sais que je ne suis pas à 100 % de ma forme – mais à 90-95 % tout de même -, je sais que ce serait plus simple si je levais le pied au niveau pro, si les journées faisaient 35 heures, mais j’estime que c’est trop dangereux de tout focaliser sur le trail, philosophe-t-il. J’achète ma totale liberté dans le domaine sportif à coup d’heures de bureau, mais c’est un choix totalement délibéré. »

Tenir le personnage de Casquette Verte et répondre à toutes les attentes de ses fans est épuisant, reconnaît-il aussi, mais « je ne vois pas comment arrêter ça, j’aime trop ça ! »

« Sur l’UTMB, c’est vraiment très compliqué, il y a beaucoup de sollicitations des marques, des spectateurs. Tout est scruté, commenté, ultra suivi. Le moindre geste est décortiqué… Mais sur la Diag, la pression est bien moins importante à tous les niveaux, même si les démonstrations du public restent très débordantes, surtout au départ. » C’est le jeu, assume-t-il, et dans tous les cas, « je préfère faire 30e en ayant perdu un peu de temps et d’énergie, à sortir des conneries au ravito, à déconner avec les spectateurs au bord du chemin, qu’arriver 12e en étant resté focus sur toute la course, sans discuter, dans l’anonymat… »


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