À chacun sa Diagonale : retour sur le Grand Raid 2023

À chacun sa Diagonale

Aurélien Dunand-Pallaz
Après la Hardrock 100 au Colorado, le Savoyard Aurélien Dunand-Pallaz a remporté la Diagonale des fous 2023 - Photo : Justin Galant / Compressport

Retour sur la Diagonale des fous 2023 de Marcelle Puy, Émilie Maroteaux, Sylvaine Cussot, Maria Semerjian, Odyle Monteils, Céline et Ludovic Pommeret, Jean-François Cauchon, Aurélien Dunand-Pallaz et Casquette Verte

L’incertitude est inhérente à l’ultra-trail. Cela nourrit les craintes et fait le charme de cette discipline extrêmement exigeante. Les conditions météo, une mauvaise chute, la gestion de la fatigue, la pression… tant d’aléas sont susceptibles de faire voler en éclats les estimations et les prévisions d’un ultra-traileur, qu’il soit professionnel ou amateur. Une préparation rigoureuse et optimale n’offre jamais la garantie d’une course réussie ou même de tout simplement franchir la ligne d’arrivée. Les jours précédant la 31e édition du Grand Raid de La Réunion, Distances+ s’est entretenu avec dix athlètes expérimentés sur cette « Diag », prêts à prendre de nouveau le départ de la Diagonale. Ils nous avaient partagé leurs espoirs, leurs ambitions et parfois leurs craintes. L’heure est aujourd’hui au bilan. Alors, qu’est-il arrivé, durant cette édition 2023 de la Diagonale des fous, à la « Reine » Marcelle Puy, aux Réunionnaises Émilie Maroteaux et Sylvaine Cussot, à la doyenne de l’épreuve Odyle Monteils, au couple Céline et Ludovic Pommeret, au vainqueur de la Hardrock 100 Aurélien Dunand-Pallaz, à Casquette Verte et au champion québécois Jean-François Cauchon ? Réponse ci-dessous !

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1 – Marcelle Puy n’a pas failli. Même si la détentrice du record de victoires sur le Grand Raid (cinq) ne court plus beaucoup avec un dossard, elle est restée très compétitive et a terminé 6e de cette édition 2023 après en 33 h 22 d’efforts. Elle gagne évidemment dans sa catégorie Master 3. À la descente du podium, elle a avoué que cela avait été « très dur » et a juré que c’était « vraiment sa dernière » Diagonale. Contrairement à la plupart des « raideurs », la Reine a eu froid et le passage à Mare à boue (km 51, 2800 m D+) et dans la montée à la Caverne du Four ont été compliqués pour elle. 

2 – Émilie Maroteaux espérait améliorer son chrono de 2021 (29 h 54), année de sa victoire à la Diagonale des fous. Elle était revenue sur ses terrains d’entraînement en grande forme après une saison 2022 compliquée, mais les fortes chaleurs de cette édition 2023 en ont décidé autrement et alors qu’elle espérait s’amuser après Cilaos, il lui a fallu serrer les dents jusqu’au bout pour conserver sa 3e place en 30 h 38. C’est tout de même un nouveau podium au palmarès de la flamboyante réunionnaise.

3 – La première satisfaction de Sylvaine Cussot sur cette édition 2023 est d’avoir « terminé la Diag sans aucune gamelle au compteur », contrairement à 2021 où elle avait couru avec un péroné fissuré suite à une chute. « Je n’ai pas eu tellement de gros coups de mou, mais c’est long, difficile, et certains passages semblent interminables, même si on les connait bien à l’entraînement ». « Sissi » a terminé en 9e position en 35 h 12, soit deux minutes de mieux qu’en 2022, où elle s’était offert un top 5. « Je pourrais revenir, mais je ne vois pas trop comment gagner beaucoup de temps sur un parcours si technique », a-t-elle confié à Distances+.

4 – La doyenne Odyle Monteils n’est malheureusement pas allée au bout de son rêve de passer une deuxième fois la ligne d’arrivée au stade de La Redoute. Elle a chuté après le premier ravitaillement, le ravito Domaine Vidot (km 14). Elle s’est fait longuement soigner par des infirmiers qui lui ont conseillé de redescendre, estimant qu’elle n’aurait pas le temps de rejoindre Notre-Dame de la Paix (km 28) avant les barrières horaires. Elle ne saura jamais si elle aurait pu aller un peu plus loin.

5 – Céline et Ludovic Pommeret ont réussi leur défi de couple cette année : partager une Diagonale en amoureux et passer ensemble la ligne d’arrivée au « stade de délivrance ». Ludovic a été aux petits soins pour sa compagne durant toute la traversée. Il estime que c’est un juste retour des choses puisque depuis 20 ans, c’est Céline qui assure son assistance sur ses multiples courses de trail et d’ultra-trail. Céline était assez tendue avant le départ, craignant de revivre la galère de l’an dernier (elle avait dû abandonner à Deux Bras [km 130] sur blessure), mais tout s’est bien enchaîné, et une fois la base de vie atteinte à la sortie de Mafate, sans bobo, sans douleur, elle savait que c’était « gagné ».

6 – Aurélien Dunand-Pallaz a remporté la Diagonale des fous dès sa première tentative. Il a pris la tête dès le 10e kilomètre et n’a jamais été rejoint. « La nuit s’est super bien passée, mais ensuite une chute sur la jambe gauche m’a un peu pénalisé en descente, a-t-il raconté. J’étais obligé d’appuyer fort en montée pour contrer les attaques de Jean-Philippe Tschumi qui revenait dans les descentes. » Germain Grangier a tenté également de se rapprocher d’Aurélien, mais après Deux Bras (km 130, à la sortie du cirque de Mafate), les écarts se sont creusés. « J’ai bien pu profiter de la fin du parcours et de mon arrivée sur le stade de la Redoute », s’est enthousiasmé le Savoyard, qui a remporté cette saison la Hardrock 100 et la Diagonale des fous, deux des 100 miles emblématiques les plus techniques de la planète.

7 – Arrivé sur l’île de La Réunion avec « seulement » une cheville fébrile (lui qui se dit fréquemment blessé), Alexandre Boucheix alias Casquette Verte s’offre un top 10 et un beau chrono de 27 h 01, soit une heure de mieux qu’en 2017 et 8 heures de moins à la montre que l’an dernier après une course galère (il avait pris le départ avec une côte fêlée et avait dû finir en marchant après une chute mémorable). Il a manifesté sa joie et son énorme satisfaction par de grands cris de joie lorsqu’il a passé la ligne d’arrivée – avant de sauter dans les bras de son ami et speaker Ludovic Collet – et tirait la langue encore plus que d’habitude sur le podium. Il devrait être au départ d’un nouveau 100 miles, le Kullamannen en Suède, dès le 3 novembre prochain.

8 – Le Québécois Jean-François Cauchon, 7e en 2019 en 25 h 46 avait avant tout pour ambition de reprendre du plaisir sur un ultra et d’aller au bout de la course sans trop de problèmes d’alimentation. Ça n’a pas été facile, d’autant que ses jambes « ont pris le départ de la course à Nez de Boeuf au kilomètre 40, a-t-il raconté à Distances+. J’ai vécu une belle longue portion jusqu’à Grand-Place (km 105), sans souci alimentaire. Je suis d’ailleurs passé de la 75e à la 15e place, mais comme en 2019, j’ai subi un bon coup de chaud ensuite et j’ai vomi en montant vers Roche Plate, d’où je suis reparti 33e. »  Mais, à l’expérience, « Jeff » ne s’est pas affolé et « petit train allant loin », il a cheminé jusqu’à la Redoute pour finir 27e en 29 h 34.

9 – Quant à la collaboratrice de Distances+, l’athlète Maria Semerjian, elle n’est pas parvenue à rejoindre l’arrivée de son quatrième Grand Raid et à signer un quatrième top 10. « Je ne sais pas si c’est le manque de confiance dans ma préparation et dans mon état de forme du moment, mais j’ai commis la grave erreur de prendre des anti-inflammatoires durant la course au mépris de tous les messages de prévention que les médecins du sport diffusent actuellement, a-t-elle confié. Je savais que le cocktail médicaments et déshydratation pouvait être dangereux et, effectivement, j’en ai subi les conséquences. Je me suis sagement arrêtée à Grand Place pour ne pas risquer d’aggraver mon cas, mais je n’étais pas fière de moi. »

Texte signé Maria Semerjian en collaboration avec Nicolas Fréret


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👉 Écoutez l’émission hors série La Bande à D+ dans le vif de la 30e édition de La Diagonale des fous


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