Maria Semerjian
La Diagonale des fous, vue par le vainqueur de la Hardrock Aurélien Dunand-Pallaz
2018, 2019, 2022… Par trois fois, une blessure a empêché Aurélien Dunand-Pallaz, l’un des meilleurs ultra-traileurs au monde (8e au classement ITRA sur les épreuves de 100 miles), de prendre le départ du Grand Raid de La Réunion. Cette année, tous les indicateurs sont au vert pour que le Savoyard honore enfin ce rendez-vous.
La saison 2023 d’Aurélien était organisée autour de deux objectifs majeurs, deux ultra-trails mythiques : la Hardrock 100 (161 km, 10 400 m D+) au Colorado en juillet d’abord, puis la Diagonale des fous (165 km, 10 000 m D+) à La Réunion en cette fin de saison. Il a remporté le premier avec autorité, en moins de 23 h, dominant de bout en bout le célèbre 100 miles américain en haute altitude et il s’apprête à s’élancer sur le deuxième entre la ravine blanche à Saint-Pierre et le stade de La Redoute à Saint-Denis. Pour l’anecdote, Aurélien Dunand-Pallaz n’a jamais été inquiété de toute la Hardrock par son dauphin, Beñat Marmissolle, dernier vainqueur en date de la « Diag ».
Physiquement, celui qui avait terminé 2e de l’UTMB en 2021 assure que tout va bien. « J’ai parfaitement récupéré de la Hardrock, j’ai coupé deux semaines pour me régénérer avant de repartir sur de bons gros blocs spécifiques, avec en particulier un passage en Corse sur le GR20 pour faire du caillou et de la chaleur et un bon stage avec l’équipe de France dans le Cantal en septembre », détaille Aurélien.
Il est arrivé tôt à La Réunion pour finir sa préparation sur l’île par quelques séances sur les sentiers locaux, notamment pour repérer la sortie du cirque de Mafate ainsi que le début de course qui peut s’avérer piégeux de nuit.
Même si c’est sa première Diag, Aurélien connaît bien le parcours. Il a profité de ses trois séjours précédents, « en touriste » comme il aime le préciser, pour randonner pas mal sur l’itinéraire qu’empruntent les « raideurs ». « J’ai hâte de rejoindre Mare à boue (km 51) et Cilaos (km 72) pour entrer vraiment dans le vif du sujet et rejoindre des types de terrain que je pratique à l’entraînement et que j’aime beaucoup, confie-t-il à Distances+. Le technique, les cailloux, les marches, c’est vraiment ça que j’attends sur la Diag ! »
Depuis l’annonce tardive de la participation à cette 31e édition du Grand Raid du quadruple vainqueur de la Diagonale des fous François D’Haene et de Germain Grangier, 5e de la Diagonale l’an dernier et vainqueur cet été du 90 km du Mont-Blanc avant de signer une 3e place magistrale à l’UTMB, le plateau masculin s’est quelque peu renforcé, mais pour Aurélien, il n’y a rien d’inquiétant. « Je m’attendais un peu à ces décisions et je n’en suis pas du tout chagriné, au contraire, assure-t-il. Je suis vraiment partisan de faire des courses avec le meilleur plateau possible. Alors leur participation est très intéressante. Et puis, pour moi, c’est même tout bénéfice, car je vais avoir un peu moins de pression, il y aura un peu plus de lumière sur les autres. »
Outre François D’haene et Germain Grangier, Aurélien Dunand-Pallaz devra surveiller le Suisse Jean-Philippe Tschumi, 2e l’an passé, le Corse Lambert Santelli, qui a déjà une Mascareignes et un Trail du Bourbon à son palmarès, mais aussi un autre excellent athlète helvétique Mathieu Clément, le Français Alexis Sevennec (vainqueur de la Mascareignes 2019 et 2e du Trail du Bourbon 2022), Alexandre Béraud et son ami Alexandre Boucheix alias Casquette Verte ou encore le vétéran Cédric Chavet, 4e de la Diagonale des fous en 2021 et qui aura sans doute à cœur de faire une belle course pour son ami et vedette du Grand Raid de La Réunion Antoine Guillon, contraint de déclarer forfait en raison d’une mauvaise chute qui lui a fracturé le bras.
Aurélien pourra par ailleurs compter sur sa famille qui a fait le déplacement pour lui assurer une assistance tout au long de la traversée et pour le soutenir dans cette grande première.
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