Que va devenir le Grand Trail du Saint-Jacques… by UTMB?

Grand Trail du Saint-Jacques
Le Grand Trail du Saint-Jacques a été créé en 2012 pour valoriser le patrimoine local en lien avec le pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle - Photo : Michel Taffin / Grand Trail du Saint-Jacques

Le Grand Trail du Saint-Jacques était encore relativement peu connu il y a quelques semaines, mais depuis l’annonce de son intégration au nouveau circuit international UTMB World Series (UWS), la course du Puy-en-Velay a été projetée sur le devant de la scène. Distances+ s’est intéressé au premier événement français à prendre officiellement place dans le calendrier de l’UWS, moyennant des ajustements de parcours et une augmentation des prix. L’occasion aussi de constater que le groupe UTMB a dû réviser son projet initial pour réussir à bâtir son nouveau circuit.

C’est un petit événement à l’échelle de l’Europe et même de la France, mais un événement majeur en Haute-Loire, au-delà du monde du trail. Le Grand Trail du Saint-Jacques est en effet l’une des manifestations qui mobilisent le plus de bénévoles dans ce département situé dans le sud-est du Massif central.

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Le Grand Trail du Saint-Jacques fêtera ses 10 ans en 2022 et changera d’appellation pour devenir Trail du Saint-Jacques by UTMB.

« Au départ, c’est la collectivité du Puy-en-Velay qui nous a contactées parce qu’elle voulait créer un événement autour du sentier du Saint-Jacques », raconte Michel Sorine, directeur d’Extra sports, l’organisateur de la course. L’objectif était de mettre en valeur le territoire où l’on retrouve notamment le tronçon du GR 65 qui retrace le pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle, en partant de Genève en Suisse, et passant par la cathédrale du Puy-en-Velay.

À l’origine, le Grand Trail du Saint-Jacques était composé de trois distances : un 66 km (1693 m D+) à faire en solo ou en relais, un 47 km (1395 m D+) et un 26 km (625 m D+). L’épreuve a évolué au fil des ans pour proposer, en 2021, quatre courses : l’Ultra (115 km, 4400 m D+), le Grand Trail du Saint-Jacques (72 km, 2900 m D+), le Maratrail (42 km, 1750 m D+) et les Chibottes (15 km, 400 m D+). Deux randonnées ont également été organisées.

La course s’est tenue les trois premières années en septembre, avant que la collectivité ne décide de la déplacer au mois de juin. Cette année, en raison d’un report lié à la crise sanitaire, elle s’est déroulée au mois d’octobre. « Si on annulait deux ans de suite, ça allait devenir compliqué », souligne Michel Sorine, faisant référence à l’année blanche de 2020.

L’UTMB Group ne sera pas propriétaire

Grand Trail du Saint-Jacques
Sur le parcours du Grand Trail du Saint-Jacques – Photo : Gilles Reboisson / Grand Trail du Saint-Jacques

Le directeur d’Extra Sports n’a pas oublié que l’objectif premier de la collectivité était de faire de la course une vitrine du patrimoine local. Alors, quand il a entendu parler au mois de mars 2021 de la création de l’UTMB World Series, Michel Sorine y a vu une opportunité.

Il a appelé Michel Poletti, co-fondateur de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc, qui lui a confié, d’après Michel Sorine, avoir déjà songé au Grand Trail du Saint-Jacques, notamment en raison de la « marque Saint-Jacques », très porteuse. « J’en ai aussi parlé à la collectivité qui a tout de suite bien compris l’intérêt qu’elle pouvait en retirer », ajoute celui qui organise aussi la SaintéLyon et le Trail des Forts de Besançon.


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L’accord a été passé, mais, contrairement à l’ambition affichée par l’UTMB Group, la course du Puy-en-Velay n’est pas devenue la propriété de l’entreprise. « Je ne pouvais pas la vendre, parce que la course ne nous appartient pas, explique Michel Sorine. On a donc transformé la convention bipartite qu’on avait avec la collectivité en convention tripartite avec l’UTMB Group en plus. »

Modifications des parcours

Grand Trail du Saint-Jacques
Sur le parcours du Grand Trail du Saint-Jacques – Photo : Gilles Reboisson / Grand Trail du Saint-Jacques

En intégrant le circuit UWS, le Grand Trail du Saint-Jacques, qui sera l’une des courses dites « Events », va devoir faire des ajustements significatifs pour 2022.

Le changement majeur concernera le parcours. Pour rentrer dans les « standards de l’UTMB » et faire en sorte que les épreuves soient, pour leurs finisseurs, qualificatives à la loterie pour participer aux grandes finales, les organisateurs vont rallonger les distances et augmenter le dénivelé afin de répondre à la règle du kilomètre-effort (chaque 100 m de dénivelé équivaut à 1 km et s’ajoute à la distance réelle du parcours, autrement dit une course de 25 km avec 2000 m de D+ reviendrait à une course de 45 km).

Ainsi, l’Ultra passera de 115 km pour 4400 m D+ à 123 km pour 5500 m D+ (soit un équivalent 178 km) et 100 m de dénivelé positif seront également ajoutés au Grand Trail du Saint-Jacques (72 km pour 3000 m D+ soit 102 km-effort).


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Augmentation de tarifs

Autre changement majeur : le coût de l’inscription. Michel Sorine, qui vantait jusqu’alors une course à un tarif « pas très cher », a appris à Distances+ que le prix des dossards allait être alignés sur les standards de l’UTMB, le groupe UTMB souhaitant proposer les mêmes tarifs pour toutes les courses du circuit.

En 2019, un dossard pour l’Ultra coûtait entre 85 et 93 € (selon la date d’inscription), il coûtera 156 € en 2022.

« Le participant va devoir avoir encore plus que ce qu’il avait avant en terme de prestation », a tenu à relativiser Michel Sorine, qui ne craint pas que cela ait un impact sur le nombre d’inscriptions.

« Je crois légitimement qu’être une épreuve qualificative UTMB World Series, et sans doute, pour 2022, être une des deux ou trois courses en France, va développer la participation sur l’Ultra et le 100 km (selon la règle du kilomètre-effort, le Grand Trail du Saint-Jacques long de 72 km est qualificatif pour la catégorie 100 km, NDLR) d’un public qu’on ne touchait pas jusqu’à présent. »

Un rendez-vous désormais incontournable? 

Grand Trail du Saint-Jacques
Sur le parcours du Grand Trail du Saint-Jacques – Photo : Grand Trail du Saint-Jacques

La date (10 et 11 juin), la localisation et le tracé de l’épreuve, sur l’emblématique chemin de Saint-Jacques de Compostelle, laissent penser à l’organisateur de la SaintéLyon que son événement peut s’imposer comme un rendez-vous incontournable.

« Quand vous connaissez l’engouement pour l’UTMB, il va falloir aller chercher les running stones (chaque running stone* est une chance au tirage au sort de la loterie de l’UTMB, NDLR) et tout le monde ne va pas prendre l’avion à chaque fois, estime-t-il. Je pense que si une personne veut vraiment avoir des chances d’être sélectionnée, il va falloir avoir 8 running stones, ce qui signifie terminer deux épreuves qualificatives (Events). Le [Grand Trail du] Saint-Jacques, début juin, sur un parcours pas trop cassant, accessible et avec des barrières horaires bien confortables, me semble un passage obligatoire. En plus, c’est assez central en France. »

À noter que l’événement attirant principalement, jusqu’à présent du moins, des coureurs locaux, les organisateurs ont négocié avec le groupe UMTB un tarif spécial pendant le premier mois d’inscription pour les résidents du département de la Haute-Loire. Ce dernier devrait être quasiment le même que celui des éditions précédentes.


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La qualité du ravitaillement devra être également être revue à la hausse, de même que l l’empreinte écologique de l’événement devra être améliorée, tout comme le site d’arrivée, qui va être « encore plus beau », selon Michel Sorine, mais le cahier des charges final n’était pas encore définie lorsque Distances+ s’est entretenu avec l’organisateur de la course.

Le directeur d’Extra Sports se ditconfiant, mais il reste réaliste pour l’édition 2022. Il vise une affluence de quelque 4000 coureurs avant de, pourquoi pas, en accueillir 6000 dans deux ou trois ans.

« On ne pourra pas vraiment aller au-delà, car nos chemins et nos infrastructures, tels qu’ils sont aujourd’hui, ne permettent pas d’envisager bien plus, confie-t-il. Si on est dépassés par notre succès, il faudra se réorganiser pour accueillir plus de monde. »

La SaintéLyon et le Trail des Forts de Besançon feront-ils partie de l’UTMB World Series?

Puisqu’Extra Sports organise également le Lyon Urban Trail, le Trail des Forts de Besançon et la SaintéLyon, il était normal de s’interroger quant à l’avenir de ces deux derniers événements.

L’épreuve doubienne aurait bien pu faire partie du circuit UWS, mais ça n’a pas dépassé le stade de l’idée. « J’y avais pensé, confie Michel Sorine. Je m’étais dit : “c’est Saint-Jacques ou le Trail des Forts” », mais « le Trail des forts (4587 finisseurs en 2019) n’a jamais été clairement une hypothèse parce qu’il est impossible de tracer un parcours ultra et, à l’époque, l’UTMB avait un autre projet dans l’Est. Il n’y a pas donc eu de choix à faire. »

Il a aussi assuré que la SaintéLyon, comme il l’avait signifié à Distances+ au printemps, n’était pas à vendre. « La SaintéLyon, c’est une toute autre logique. Elle est totalement autonome » et n’a donc même jamais été envisagé comme un événement potentiel de l’UTMB World Series.

*Cumuler 4 running stones, en étant finisseur de l’ultra, revient à mettre quatre fois son nom dans le « chapeau » par exemple.