Cet article a été publié au printemps 2020, lors de la première vague de COVID-19.
Pour endiguer la crise sanitaire, les autorités ont imposé des mesures restrictives sur les déplacements et les regroupements, et encouragé la population à rester à la maison. Dans la foulée, plusieurs événements de course en début de saison ont annulé ou reporté leur compétition. Si vous êtes confrontés à la déception et à la désorganisation, voici quatre questions pour vous aider à voir plus clair dans vos options.
« Est-ce si dramatique de reporter à 2021? »
En début d’année, les coureurs sérieux organisent leur programme de compétition pour l’année, et qu’ils y incluent une progression naturelle vers les formats les plus difficiles ou les plus longs.
Le programme d’entraînement suit cette courbe, avec une intensification et un volume spécifique pour la saison estivale et automnale. Si un événement auquel on devait participer a été annulé, il est tout à fait normal d’être déçu.
Peut-on remettre cela à 2021? Certaines organisations offrent des remboursements, d’autres des reports d’inscription. Il importe de vérifier les modalités des organisations, mais surtout, d’être compréhensifs à leur égard. Certaines ont engagé des frais importants et n’ont pas les reins suffisamment solides pour rembourser tous les participants.
Revoir le calendrier à long terme permet de réfléchir de façon plus globale. Cela permet aussi de prendre du recul et de dédramatiser la situation.
Nul ne sait quand la vie normale reprendra et de quelle façon la société sortira de cette crise. Il faut être indulgent avec soi-même et avec les organisations.
« Quelle distance puis-je réaliser en sachant que l’entraînement est plus restreint? »
Revoir ses distances de course à la baisse n’est pas synonyme d’échec. Cela démontre plutôt une bonne capacité d’adaptation et une certaine souplesse d’esprit.
Ne pas s’imposer la réalisation d’un ultra de 80, 100 ou 125 km alors que tout est incertain permet de diminuer le stress. Une plus petite course fera l’affaire, et permettra de se garder dans l’action.
De plus, avec la baisse du volume d’entraînement, les risques de blessures augmentent.
« Quel sport ou activité nouvelle puis-je essayer afin de rester actif pendant le confinement? »
On peut voir la situation actuelle comme une façon de se renouveler et de saisir de nouvelles opportunités. Pourquoi ne pas essayer le yoga, avec des cours en ligne? On peut bouger en montant et en descendant les escaliers, par exemple en réalisant le défi lancé par l’équipe de La Clinique du Coureur. Le renforcement musculaire est aussi une excellente option. C’est l’occasion de découvrir cette routine créée par l’entraîneur Sébastien Cornette. Certains redécouvrent leur console de jeu, qui leur permet de s’entraîner de façon ludique, à l’instar de l’athlète Alister Gardner :
Il existe aussi plusieurs applications de renforcement musculaire qui contiennent des programmes évolutifs, sans poids ni accessoires. Ils permettent de travailler des muscles que les coureurs n’utilisent pas beaucoup, comme les bras et la ceinture abdominale.
« Quelle qualité physique puis-je améliorer pour le moment? »
Cette dernière question est en partie liée à la précédente. En pratiquant une nouvelle activité, de nouvelles aptitudes physiques seront requises.
Les coureurs sont forts en endurance. Mais voilà, c’est le temps de travailler la souplesse et la force. Plutôt que de viser des distances et du volume, pourquoi ne pas travailler sur d’autres aspects de la santé physique, qui feront de tout un chacun une personne plus équilibrée?
Ralentir le rythme, à titre préventif
Enfin, il peut être indiqué de diminuer le niveau d’intensité et la durée des entraînements en cette période d’épidémie.
Le coronavirus Covid-19 a cette particularité qu’un certain nombre de personnes atteintes ne deviennent pas malades et ne présentent aucun symptôme. Or, le virus est tout de même présent dans l’organisme et peut provoquer des soucis de santé en cas d’effort intense.
C’est à tout le moins la position défendue par le cardiologue du sport Laurent Chevalier, qui affirme, dans une entrevue au journal L’Équipe, que « le risque, c’est surtout la durée de l’effort et l’intensité ». Un virus peut se propager au muscle cardiaque, rappelle-t-il. « Il s’agit donc de ne pas produire d’effort violent, de rester en dessous de 80 % de sa fréquence cardiaque maximale. Et de ne pas faire de séances longues, ne pas dépasser une heure », clame-t-il.
Toutefois, cette position n’est pas défendue par l’ensemble de la profession médicale. Le médecin Simon Benoit, chroniqueur à Distances+, consulté sur ce point, estime qu’il ne serait pas avisé de recommander à l’ensemble de la population de réduire son volume, juste par crainte d’être infecté, mais asymptomatique. Les études, à sa connaissance, ne démontrent pas le besoin d’un tel niveau de prudence.
La réduction de l’intensité et du volume serait plus appropriée, en ce moment où les hôpitaux sont des lieux où existent un risque d’infection, pour réduire le risque de blessure et de consultation médicale, note encore le Doc Benoit, qui a fait une chronique sur le sujet.
Comme quoi, en ces temps difficiles, la santé peut aussi reposer sur une certaine diminution de son activité physique, mais que rien ne remplace le bon jugement pour évaluer sa situation.
Un texte co-écrit avec Vincent Champagne
Mireille Masé est conférencière, auteure et consultante en yoga pour sportifs. Elle possède une maîtrise en biologie médicale, et cumule de nombreuses formations comme entraîneuse et comme professeure de yoga, notamment auprès de Christine Felstead, une pionnière dans le yoga pour coureurs au Canada. Mireille est également l’auteure du livre Yoga pour sportifs. Vous pouvez visiter son site web.
Vincent Champagne est co-rédacteur en chef de Distances+.
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