COVID 19, nous sommes unis contre toi!

La chronique du Doc Benoit

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Photo : Simon Benoit

Le Docteur Simon Benoit partage son temps entre ses responsabilités de médecin au service d’urgence de l’hôpital de Verdun et de médecin-chef au GMF-R de la Clinique médicale du Sud-Ouest à Montréal. Une réorganisation complète du système de soins de santé québécois a été effectuée au cours des deux dernières semaines pour tout mettre en place afin d’aplatir la courbe des nouveaux cas positifs et se préparer à absorber le sommet de l’épidémie prévu à la mi-avril.

La pandémie de coronavirus affecte tout le monde. Certaines personnes se savent fragiles et à risque, alors que d’autres croient, à tort, qu’elles sont à l’abri d’être frappées sévèrement par ce damné virus parce qu’elles s’estiment en bonne santé. Ne soyez pas dupes! Tout le monde est à risque et tout le monde a la responsabilité de protéger notre société des impacts destructeurs d’une propagation à grande échelle. Les impacts sociétaires sont omniprésents, impacts sur les vies humaines, impacts économiques, impacts sur nos projets et nos rêves.

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Je tiens à attirer tout particulièrement votre attention sur nos jeunes, que l’on a de la difficulté à confiner. Ils sont certes considérés à plus faible risque et sont généralement atteints moins sévèrement par le coronavirus, mais ils doivent impérativement comprendre qu’ils sont un important facteur de transmission du virus et qu’ils multiplient considérablement les risques de propagation s’ils ne restent pas confinés chez eux, sans leurs amis.

Ne sous-estimez pas cette recommandation! Moi-même, j’ai décidé de m’isoler de ma famille et de m’installer à côté de l’hôpital le temps que l’on vienne à bout de cette crise sanitaire.

C’est notre défi

Notre défi actuel est d’aplanir la courbe d’apparition des nouveaux cas afin de protéger notre système de soins de santé contre un raz-de-marée de citoyens infectés par le COVID 19 nécessitant des soins critiques.

Ici au Québec, le gouvernement et la Direction de la santé publique émettent des recommandations quotidiennement. Il est de votre devoir de citoyens de prendre connaissance de ces sorties publiques et d’appliquer rigoureusement ces injonctions.

Nos deux plus grands défis sont de :

1. Respecter le principe de distanciation sociale

Nous nous devons d’être unis chacun chez soi. Si votre présence physique n’est pas requise en termes de « besoins essentiels » à la population, vous devez rester à la maison. 

2. Contrer le phénomène d’anxiété sociale 

Il faut continuer de nous creuser la tête et de faire aller notre imagination pour se bâtir des projets et se fixer des objectifs concrets. Il est indispensable de se nourrir l’esprit et de continuer à grandir comme individus, même si nous sommes confinés. Il faut rendre notre temps utile et maximiser nos stratégies de gestion du stress.

Et la course à pied, on en fait quoi?

Il n’est pas si simple de répondre à cette question qui confronte les deux grands défis que je viens de décrire. 

Il est facile de dire que courir est l’activité extérieure la moins à risque, selon le principe : plus on court vite, plus on passe rapidement à côté des autres, plus c’est sécuritaire. Ce n’est pas complètement faux, mais c’est plus compliqué que ça en a l’air.

Pour un bon nombre de coureurs récréatifs, une sortie d’entraînement est un événement social rassembleur. Il ne fait aucun doute qu’il est complètement irresponsable actuellement de participer à une telle activité de groupe. En course à pied, surtout l’hiver, on tousse et on se mouche. Bref, il y a de la gouttelette qui se promène en masse. 

Vous comprendrez qu’il est risqué de tomber dans un phénomène « d’interprétation souple » de la recommandation de distanciation sociale en prétendant « faire attention » et « garder ses distances ». C’est pourquoi certaines régions et certains pays ont imposé le confinement, interdisant ou limitant les sorties du domicile que ce soit pour un jogging ou pour toute autre activité.

Lorsque vous faites une sortie en course à pied, vous prenez toujours un risque, même faible, de vous blesser. Dans la période que nous vivons, il faut prendre conscience que notre système de soins de santé est surchargé et qu’il n’y a pas de places pour traiter des bobos mineurs de course. Les cliniques « sans rendez-vous » offrent des télé-consultations et ne vous feront vous déplacer pour un examen physique et/ou radiologique qu’en cas d’absolue nécessité.

Il est de plus fortement déconseillé d’envisager une consultation à l’hôpital à moins que vous jugiez votre état critique. Les milieux de dispensation de soins de santé sont tous considérés à haut risque. Pensez-y amis coureurs! Si vous décidez de poursuivre vos entraînements, ce n’est pas le temps d’augmenter votre volume, d’ajouter de nouvelles routines spécifiques auxquelles vous n’êtes pas adaptés ou de tenter d’effectuer un PR en descente sur glace en sentiers. Soyez conservateurs!

Inspirons la responsabilité citoyenne

Nous sommes, en cette fin du mois de mars, au début de la propagation communautaire du coronavirus au Québec. Nos instances gouvernementales nous permettent encore de sortir de nos domiciles en faisant appel à notre jugement pour respecter les consignes claires de mise en application de la distanciation sociale, mais je vous implore d’être suffisamment intelligents pour ne pas répéter les erreurs commises chez nos amis en Europe et en Asie. Ne tombons pas dans le laxisme et « l’interprétation souple ». Si vous voulez courir pour lutter contre votre anxiété, faire le plein de vitamine D et conserver un corps et un esprit sains, assurez-vous de le faire seul dans un coin isolé. 

Nous n’aurons jamais été aussi unis et distancés à la fois. Soyons rigoureux et solidaires. Les adeptes de course à pied ont toujours été la figure de proue de notre société pour promouvoir les saines habitudes de vie. Continuons de prêcher par l’exemple dans ce combat qui nous concerne tous. Inspirons la responsabilité citoyenne et la pensée collective.

Et aux plus récalcitrants : vous devez changer votre façon de réfléchir! Je le dis et le répète : nous sommes tous des vecteurs potentiels de transmission et c’est à chacun de nous de se responsabiliser, de s’auto-critiquer et de s’autodiscipliner plutôt que de se lamenter ou de se croire au-dessus des décisions ministérielles. Il est temps de faire la démonstration que nous sommes une société évoluée et mature.


Simon Benoit est médecin de soins critiques en urgence, en plus de tenir une pratique de bureau axée sur la médecine sportive. Il est membre de l’Association québécoise des médecins du sport. Il est également diplômé en physiothérapie et en chiropratique et est ambassadeur de La Clinique du Coureur.

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