Connue pour ses courses à obstacles, l’entreprise Spartan s’est mise depuis peu au trail. C’est d’ailleurs ce week-end que démarre son tout nouveau championnat mondial de trail, avec la tenue du Fjällmaraton, en Suède. Distances+ a rencontré le directeur général du circuit, Mariano Alvarez, ainsi que son collègue Josue Stephens et discuté de leurs ambitions, qui entrent en compétition avec d’autres circuits, et alors que sévit la Covid-19.
La pandémie a retardé le grand lancement de ce nouveau championnat mondial, qui entend faire les choses différemment de l’Ultra-Trail World Tour, le circuit qui réunit certaines des courses les plus prestigieuses de la planète. Le Spartan Trail World Championship (STWC) aurait dû démarrer en avril, mais la situation en a voulu autrement.
« J’ai lâché plusieurs gros mots méchants », dit en riant Mariano Alvarez, lorsqu’il a appris qu’il devait annuler ou reporter la course qu’il a fondée, la Patagonia Run, sur ordre du gouvernement argentin, dans le but de lutter contre la propagation du coronavirus.
Peu après, c’était au tour du Lavaredo Ultra-Trail d’être annulé, alors que la course italienne aurait dû constituer le deuxième arrêt du circuit. D’autres courses ont été reprogrammées plus tard dans l’année, et certaines ont été confinées à l’espace virtuel. C’est un départ quelque peu décevant, admet M. Alvarez, qui garde quand même son enthousiasme face à ce qui vient.
Car le Spartan Trail World Championship veut changer la donne dans le développement du trail à l’échelle internationale. D’abord, il y aura de grosses bourses en argent, explique M. Alvarez. Les gagnants de chaque course recevront un chèque de 2000 $ US ou 3500 $ US selon la distance, et les leaders du classement général à la fin de la saison seront aussi récompensés par des bourses importantes (5000 $ US pour les premiers). Plus de 140 000 $ sont en jeu pour la première saison.
« Une des clés pour la croissance du sport, c’est d’avoir une forte communauté d’athlètes élites », clame Mariano Alvarez. Pour être des athlètes professionnels, il faut qu’ils puissent vouer leur vie à l’entraînement et à la compétition. Des bourses, ça fait partie de notre façon d’envisager la croissance dont ce sport a besoin. »
Par ailleurs, les organisateurs n’ont pas à défrayer un coût d’admission au circuit de Spartan, comme c’est le cas pour l’Ultra-Trail World Tour. Au contraire, Spartan investit dans les événements en prenant une part de l’actionnariat.
Si les choses s’étaient déroulées normalement, il y aurait eu sept épreuves en 2020-2021, avec un départ à la Patagonia Run en avril, et une grande finale à la Transgrancanaria en mars prochain. Au passage, le circuit serait passé par le Lavaredo Ultra-Trail (Italie), la Suède (Fjällmaraton), les États-Unis (Kodiak Big Bear) et le Costa Rica (La Ruta Trail).
Annuler et reprendre en 2021 aurait été « la solution facile », croit Mariano Alvarez. « Tout n’est pas perdu, on peut voir les choses de façon positive. L’expérience ne sera pas la même, avec la distanciation sociale et les masques, mais nous pouvons avoir des belles courses qui vont amener de la joie aux coureurs », dit-il.
Pau Capell entre en scène
C’est donc en Suède, un pays où la stratégie de lutte à l’épidémie a été fort critiquée, que démarre le STWC, et ce, malgré le fait que les coureurs de plusieurs nationalités n’aient pas le droit de s’y rendre.
Parmi les coureurs élites sur place, notons l’Espagnol Pau Capell, champion en titre de l’UTMB et co-vainqueur de l’une des dernières grandes courses internationales à s’être tenue cette année, la Trangrancanaria.
Pau Capell a accepté d’agir à titre d’ambassadeur du Spartan Trail World Championship. À ce titre, il voyagera aussi au Costa Rica en novembre, même si l’événement n’est que virtuel, pour faire quelques sorties avec des participants locaux.
Ses compatriotes Azaria Garcia et Jordi Gamito seront aussi du départ du Fjällmaraton ce week-end, tout comme le roumain Robert Hajnal, un autre coureur élite.
Un nouveau circuit, une nouvelle vision
Que vient faire Spartan dans l’univers du trail, alors que la marque est si fortement associée à la course à obstacles?
L’entrée dans le trail a été une évolution de l’offre pour l’entreprise américaine, alors que certains de ses participants le réclamaient, explique Josue Stephens, directeur de produits chez Spartan. En 2018, des tests de course trail sans obstacle ont été réalisés sur deux événements, puis le concept a été développé sur plus de 15 compétitions en 2019.
C’est alors que Mariano Alvarez est entré en scène, contacté par Josue Stephens, qui cherchait des courses de qualité à intégrer dans l’aventure. Il a trouvé une oreille attentive.
« Dans les dernières années, il y a eu beaucoup d’insatisfaction dans la façon que les choses se sont développées au sein de l’Ultra-Trail World Tour », mentionne Mariano Alvarez, dont la course fait partie de ce circuit. « Plusieurs organisateurs sont à la recherche d’alternatives », même s’il souhaite rester dans l’Ultra-Trail World Tour.
« Je ne vois pas pourquoi une course ne pourrait pas faire partie de deux circuits internationaux », lance-t-il, avouant que le lancement de la série Spartan n’a pas été bien accueilli par les dirigeants de l’UTWT.
Soulignons que le Lavaredo Ultra-Trail et la Transgrancanaria font aussi partie de l’Ultra-Trail World Tour, et qu’elles ont accepté de se joindre au championnat Spartan.
L’expansion du circuit se poursuivra, affirment M. Alvarez et M. Stephens, qui continuent à discuter avec plusieurs organisateurs d’événements à travers le monde. Hong Kong est dans la mire, tout comme un arrêt en sol chinois. Une épreuve californienne dans la région de San Francisco pourrait voir le jour : des négociations sont en cours.
Le Canada est dans la mire de Spartan, assure Mariano Alvarez. Des discussions ont eu lieu, mais rien n’a encore été signé.
À lire aussi :
- Affronter la course à obstacles à 71 ans pour rester actif
- L’Ultra-Trail World Tour ajoute plusieurs courses à son calendrier
- Transgrancanaria : au royaume de Pau Capell et Magda Laczak