S’intéresser à sa foulée, mais pas trop

Deuxième partie du dossier « Pour en finir avec la quête de la cadence et de la foulée parfaite »

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L'athlète et entraîneur Maxime Leboeuf sur le parcours du Québec Méga Trail - Photo : Vincent Champagne

Faut-il attaquer le sol avec l’avant du pied lorsque l’on court? Est-ce que « l’attaque talon » est à démoniser? Quelle foulée permet de réduire les risques de blessures? Les réponses sont nuancées, comme l’expliquent plusieurs spécialistes interviewés par Distances+ dans le cadre de ce dossier spécial sur les « mythes de la foulée et de la cadence parfaite ».


Lire la 1e partie de ce dossier spécial : La cadence


Bien définir les termes

Selon Daniel Riou, kinésiologue et fondateur du groupe Défis, la foulée se rapporte « au mouvement des jambes lors d’un cycle complet » et peut « signifier par extension la technique de course » appelée également « patron de course ». Elle est fréquemment réduite au type d’attaque d’un coureur (talon, avant-pied…)

La foulée comporte habituellement une phase de suspension, lorsqu’il y a absence de contact avec le sol, ainsi qu’une phase d’appui, lorsqu’il y a contact de l’un des pieds avec le sol.

Le type d’attaque, lui, fait référence à la partie du pied qui vient en contact avec le sol en premier lors de la phase d’appui. Les trois types d’attaques sont l’« attaque talon » (heal stride), la « pause-plat » (midfoot stride) et l’« attaque sur l’avant-pied » (forefoot stride).

Une attaque talon est-elle problématique?

Les publications démonisant une foulée ayant une « attaque talon » sont légion sur la toile depuis la publication du livre-phénomène Born to Run. Poussés par toutes ces critiques, plusieurs coureurs ont d’ailleurs essayé de changer leur foulée afin de diminuer leur risque de blessures. 

Cependant, les opinions et les approches des spécialistes s’avèrent un peu moins catégoriques.

Daniel Riou aime bien dire, un peu à la blague, que la foulée idéale est simplement celle « qui permet d’aller le plus vite possible en dépensant moins d’énergie et en évitant les blessures ». 

Il ajoute par la suite, avec un peu plus de sérieux, qu’un coureur habitué à « une mise en charge verticale basse est à moins grand risque de blessure ». Un consensus existerait à ce sujet chez les experts. Situation assez rare dans le monde de la course.

Une « grosse attaque talon » n’est donc pas idéale selon lui, car elle accentue cette mise en charge verticale ainsi que le stress mécanique infligé au corps du coureur.

Il ne faut pas changer pour changer

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Photo : A. Soggetti

Ce qui ne veut pas dire pour autant que tous les coureurs devraient renier ce type de foulée.

Le kinésiologue précise ne pas vraiment voir de raison de modifier la foulée de « quelqu’un qui court déjà comme ça [avec une attaque talon] et qu’il n’est pas blessé ». On ne change pas une recette gagnante, comme le veut le dicton populaire. 

Il suggère même « de ne pas trop se soucier de son attaque ».

Jean-François Harvey, ostéopathe et auteur du livre Courir mieux, renchérit en confiant que l’appui du pied est la « dernière chose qu’il corrige dans un patron de course ».

Le mot-clé est encore une fois : progressivement

Maxime Lebœuf, champion canadien d’ultra-trail et fondateur d’Unis pour le sport, admet qu’un coureur « qui attaque beaucoup du talon va être, en moyenne, plus souvent blessé ». Il rappelle néanmoins, tout comme Daniel Riou, que le risque de blessure s’intensifie quand un coureur procède à des changements drastiques dans sa technique de course. 

Il faut donc essayer de limiter le stress mécanique subit par le corps tout en gardant en tête que tout changement comporte ses propres risques. Surtout si celui-ci n’est pas graduel.

Les liens entre la cadence et la foulée

Annie Jean, podiatre et coureuse multi-disciplinaire de haut calibre, insiste aussi sur les liens évidents entre la cadence et la foulée. « Les deux vont ensemble », avoue-t-elle le plus simplement du monde.

« Mes clients se sentent beaucoup plus légers quand ils ont une cadence rapide. Leur foulée change, leur corps se repositionne et leur attaque se fait plus près du corps » observe-t-elle.

La foulée lors d’un ultra

La réduction des bris musculaires est à prendre en considération lors de la course en sentier ou d’un ultra. « Durant un ultra, il se peut que ton corps sélectionne une cadence et une foulée qui soient moins efficaces, mais qui permettent davantage de diminuer les bris musculaires » précise Daniel Riou.

Sacrifier une certaine efficacité énergétique afin de réduire les bris musculaires pourrait permettre à plusieurs coureurs d’avoir une vitesse plus constante tout au long de leurs ultras.

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