L’explosion de popularité des ultras est maintenant prouvée par les chiffres

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Au départ de l'Ultra-Trail Harricana - Photo : Vincent Champagne

Les ultramarathons ont la cote, et les chiffres le prouvent. Une nouvelle étude statistique révèle que la participation à des courses de longue distance a cru de 1696 % en près de 25 ans!

En janvier dernier, Paul Ronto, directeur de contenu chez RunRepeat, en collaboration avec Vania Nikolova, experte en analyses mathématiques, et l’International Association of Ultrarunners, publiait une étude sur l’état des ultramarathons. Ils ont analysé ce type de courses au cours des 23 dernières années.

Plus de 5 millions de résultats, issus de plus de 15 000 événements organisés entre 1996 et 2018 ont été intégrés dans une vaste base de données.


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Conclusion : si l’ultra était réservée aux coureurs les plus aguerris dans les années 90, il s’est ouvert à des coureurs de tous les niveaux dorénavant. En 1996, on comptait 34 401 participants sur une distance supérieure au marathon, alors qu’on en dénombrait plus de 611 098 participants en 2018.

Nombre de participants à des ultramarathons chaque année entre 1996 et 2018

Alors que la participation aux épreuves de 5 km a chuté depuis 2016 et que la participation aux épreuves de marathon stagne, la participation aux ultramarathons, elle, augmente à un rythme de plus en plus rapide.

Plus nombreux, mais plus lents… mais pas toujours!

Il n’est donc pas surprenant de constater que la vitesse moyenne dans les ultramarathons a diminué drastiquement dans les dernières années, passant de 11 m 35 s par mile en moyenne en 1996 à 13 m 16 s par mile en 2018. 

Cela suggère que l’ultramarathon attire des coureurs de moins en moins préparés. Ainsi, les coureurs d’ultramarathons n’ont jamais été aussi nombreux, mais n’ont jamais été aussi lents, en moyenne. 

Cette popularité grandissante de l’ultramarathon, et principalement dans les épreuves les plus courtes (moins de 50 miles), a un autre effet surprenant : la vitesse moyenne des coureurs augmente avec la longueur de l’épreuve. 

Ainsi, en moyenne, les épreuves de 100 km et de 100 miles sont courues à une vitesse plus rapide que les épreuves de 50 km ou 50 miles. C’est également dans les épreuves les plus courtes (50 kilomètres) que la diminution de la vitesse moyenne est la plus marquée dans les 23 dernières années.

Vitesse moyenne par mile par distance entre 1996 et 2018

On court au même rythme à tous les âges!

Un autre résultat étonnant est que la vitesse moyenne des coureurs est maintenant comparable pour tous les groupes d’âge. En effet, dans les 23 dernières années, la vitesse moyenne de tous les groupes d’âge a diminué, jusqu’à converger autour de 14 m 40 s par mile.

C’est d’autant plus surprenant que sur aucune autre distance on ne voit une telle tendance. Au marathon, ce sont les coureurs entre 30 et 50 ans qui sont les plus rapides et les coureurs de plus de 60 ans sont significativement plus lents que les coureurs plus jeunes.

Vitesse moyenne par mile des participants entre 1996 et 2018 par groupe d’âge
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Des coureurs qui évoluent d’un ultra à l’autre

L’équipe de Paulo Ronto a également voulu suivre l’évolution des coureurs dans le temps. Leurs analyses montrent que les coureurs débutent généralement par des ultramarathons plus courts, puis augmentent progressivement leur distance de course jusqu’à leur 15e course, après quoi ils reviennent généralement vers des distances plus courtes. 

La performance des coureurs d’ultramarathons évolue également au fil des courses. Leur vitesse moyenne augmente constamment jusqu’à leur 20e course, puis se stabilise. 

Ainsi, l’étude de Paulo Ronto fait le portrait d’un sport qui se démocratise, qui attire de plus en plus de coureurs de tous les niveaux et qui, contrairement aux courses sur route de 5 km au marathon, n’est pas encore en perte de popularité. 

Références :

Ronto, P. The State of Ultra Running 2020, 12 février 2020.


Myriam est kinésiologue et doctorante en physiologie de l’exercice. Comme physiologiste de l’exercice à l’Institut national du sport du Québec, elle conseille notamment les équipes nationales de paranatation, de canoë-kayak et de paracyclisme. Elle est aussi formatrice pour le diplôme avancé en entraînement, chargée de cours à l’Université Laval et, bien sûr, skieuse de fond et coureuse en sentiers dans ses temps libres! On peut la rejoindre sur sa page Facebook.

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