Pour certains, être pigé à la loterie de la Western States Endurance Run ou de la Hardrock est le rêve d’une vie, tant les chances sont minces d’être parmi les heureux élus. Mais voilà que Nathaniel Couture, du Nouveau-Brunswick, vient d’obtenir son entrée pour les deux compétitions la même année! Et les deux courses de 100 miles auront lieu à trois semaines d’intervalle seulement, en juin et juillet prochains.
« Le plan est de faire les deux. Je ne vois pas pourquoi pas je ne le ferais pas. Ça fait tellement longtemps que j’essaie! » répond sans hésiter Nathaniel à la grande question qui vient aussitôt à l’esprit à la lumière des résultats des deux loteries.
Sept ans d’attente
C’est le samedi 30 novembre dernier que les tirages avaient lieu. Nathaniel attendait les résultats avec sa famille et ses amis, comme on attend les résultats d’une élection, dans une ambiance de fête. Cela fait sept ans qu’il tentait sa chance pour la Western States et six ans pour la Hardrock.
« Je savais que j’avais quelque chose comme 8% des chances d’être pigé, ce qui est minime. On se disait chaque année, à la blague et sans y croire vraiment, que ce serait fou que je sois pigé pour les deux en même temps! Quand je suis arrivé au bureau lundi matin, j’étais fou de joie comme si j’avais gagné à la vraie loterie », raconte-t-il.
Or non seulement faut-il être pigé, mais encore faut-il se qualifier pour ces événements prestigieux, ce que les athlètes peuvent faire en réalisant l’une des courses identifiées comme étant «qualificatives» pour chacune des compétitions.
La Hardrock a une liste particulièrement réduite de courses qualificatives avec une seule course canadienne à son court répertoire, soit la Fatdog 120. Pour la Western States, quatre courses sont qualificatives au Canada, dont l’Ultra-Trail Harricana.
Pour obtenir ses billets de tirage cette année, Nathaniel a participé, en juillet dernier, au Vermont 100, qu’il réalisait pour la quatrième fois et où il a fait sa plus belle performance à ce jour. Pour la Hardrock, comme les qualifications sont valides pour deux ans, il a pu de nouveau soumettre sa participation à la Grindstone 100, en Virginie, qu’il a accomplie en 2017.
Deux 100 miles en trois semaines
Est-ce que le court délai entre les deux épreuves lui fait peur? Au contraire, le coureur d’expérience compte le tourner à son avantage. « Je vais m’entraîner pour Hardrock comme objectif principal et la Western States va me permettre de m’y préparer », répond celui qui a déjà enfilé deux 160 km en moins de deux semaines, en 2016.
À l’époque, il dit avoir réussi l’exploit du fait que la première course, la Eastern States, avait vraiment mal été. « Je n’ai jamais eu autant le goût de lâcher qu’à cette course », confie Nathaniel. « Il faisait vraiment vraiment chaud et j’avais décollé agressif. Mon corps commençait à cramper et j’ai trébuché sur une racine. J’étais complètement magané. J’ai finalement pris mon temps, j’ai marché et j’ai trouvé un autre coureur à ma vitesse. On a fini l’épreuve en 30 heures, soit près de sept heures de plus que prévu! »
L’heureux avantage aura cependant été qu’il aura plus marché que couru, préservant ses jambes pour la course Gaspesia 100, deux semaines plus tard, qu’il a gagnée ex aequo avec Florent Bouguin.
Des objectifs stratégiques
Nathaniel a déjà commencé à penser aux objectifs qu’il souhaite se fixer pour ces deux épreuves. « Comme beaucoup de coureurs, j’essaie d’abord de faire de mon mieux. Je vise de faire en bas de 24 heures pour Western States, mais si j’avais juste cette course-là à faire cette année, j’aurais essayé de la courir en bas de 20 heures », estime-t-il au sujet de cette course où il a déjà eu la chance d’aller comme coureur accompagnateur de son ami Bernie Doucet sur les 60 derniers kilomètres, en 2015. « C’est incroyable, l’ambiance là-bas. Tous les coureurs de haut niveau viennent là. C’est très compétitif! Les ravitos sont super organisés, c’est impressionnant. »
Le coureur, qui aura 39 ans lors de ces compétitions, a des objectifs plus ambitieux pour la Hardrock, souhaitant essayer de bien se placer, peut-être même dans le top dix. Comme la course se déroule en altitude, au Colorado, Nathaniel prévoit arriver une semaine à l’avance dans la région de Silverton pour s’acclimater. Il profitera d’ailleurs du fait que les deux courses sont toutes deux dans l’Ouest des États-Unis pour passer plusieurs semaines de vacances avec sa famille dans les environs avant les compétitions.
Après les rêves, le repos
Qu’est-ce qui attendra l’athlète néo-brunswickois après la réalisation de son rêve? Pour l’instant, il n’a pas de plan précis, mais il est certain qu’il s’accordera du repos pendant quelques mois. « Je prends toujours ça plus relax une partie de l’année pour prendre le temps de guérir », explique-t-il.
En 2020, on pourrait peut-être le voir sur l’Ultra-Trail Harricana, le Québec Méga Trail ou le Bear 100. L’informaticien de profession prévoit aussi continuer de s’impliquer pour initier les jeunes enfants de son coin à la course en sentier, via un club plus ou moins formel qu’il a fondé pour ses enfants aujourd’hui âgés de six et huit ans.
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