Les 5 conseils essentiels pour bien gérer l’eau lors d’une longue randonnée

lac foret
Savoir repérer les sources d'eau est indispensable en forêt - Photo : courtoisie

Lors d’une longue randonnée en nature impliquant des nuitées en forêt, on estime qu’il faut en moyenne de 3 à 4 litres d’eau potable par jour. Cela inclut l’eau à boire en marchant, l’eau pour les boissons chaudes ou froides, et bien sûr l’eau pour préparer les repas à base d’aliments déshydratés ou lyophilisés. Sachant qu’un litre d’eau pèse un kilo, il est indispensable de savoir où trouver de l’eau dans la nature et surtout… comment la rendre propre à la consommation.

Prévoir

carte topographique
Il est bon d’apprendre à lire une carte topographique – Photo : courtoisie

Bien sûr, nous commençons la randonnée avec une certaine quantité d’eau, de 1 à 3 litres en moyenne. Plus il fait chaud, plus l’effort demandé est important, et plus vite s’épuise la réserve.

En ayant pris soin de vérifier à l’avance sur une carte du sentier les points d’eau disséminés sur le parcours, on peut gérer sa consommation en fonction des besoins et des possibilités de réapprovisionnement.

Les cartes topographiques indiquent en bleu la présence d’eau sur le terrain, sous forme de ligne pointillée pour les cours d’eau intermittents et de ligne continue pour ceux qui coulent toute l’année. Un lac, une rivière, un étang de dimension intéressante, un ruisseau plus ou moins important : tous seront indiqués sur la carte. 

Dans la planification des étapes d’une longue randonnée, ces informations déterminent souvent le site pour la pause du midi et pour le bivouac du soir. Au besoin, on peut aussi s’arrêter en chemin pour remplir ses gourdes ou sacs d’hydratation à un point d’eau.

Transporter

materiel de transport d'eau
Le matériel pour transporter l’eau est varié – Photo : courtoisie

Une bouteille en plastique sans PBA, une gourde en inox pouvant aller au feu, une poche à eau souple se logeant dans un compartiment du sac à dos, une bouteille compressible… voilà autant d’options qui permettent de transporter de l’eau potable.

Mais il ne faut pas attendre de manquer d’eau pour refaire le plein. Cela implique donc de disposer d’au moins un contenant spécifique pour y stocker de l’eau en attendant de pouvoir la purifier. Cela peut être une bouteille légère ou tout autre contenant bien identifié, réservé à l’eau « sale ».

En choisissant un lieu de bivouac à proximité d’un point d’eau, on s’épargne le transport de tout ce liquide nécessaire aux repas du soir et du matin, et on dispose de tout son temps pour la puiser, la filtrer et la purifier. Il ne restera dans le sac que le poids de l’eau dont on aura besoin dans la journée.

Trouver

Savoir lire une carte est la première compétence à développer pour la gestion de l’eau. En l’absence d’une carte appropriée, il faut observer la nature et apprendre à reconnaître les indices indiquant la présence d’un point d’eau.

D’abord, en écoutant attentivement, on pourra entendre le chant d’un torrent ou d’une source qui coule entre les roches. L’expert peut repérer un lac en remarquant un changement dans le son du vent : il souffle plus fort et sans bruissement de feuilles d’arbres au-dessus d’un espace découvert, tel un lac.

L’eau coule vers le bas. Elle sera donc pratiquement introuvable sur le haut d’une colline ou le sommet d’une montagne. En revanche, il y a de fortes chances d’en trouver dans une vallée.

Les points d’ombre, entre de grosses roches, permettent parfois à l’eau de pluie de rester en surface. Au printemps, une entaille dans un érable ou un bouleau permettra de recueillir une sève légèrement sucrée. Bien entendu, ces deux méthodes constituent une dernière ressource : il vaut toujours mieux s’approvisionner régulièrement à un cours d’eau claire et accessible.

Il est bon de savoir que la pluie fournit une eau qui n’a pas besoin d’être filtrée ni purifiée, pourvu qu’elle soit recueillie dans un contenant propre. De quoi se consoler des intempéries en randonnée! À long terme, cette eau déminéralisée pourrait nuire à la santé : on y ajoutera alors des sels minéraux.

Puiser

Une personne puise de l'eau.
La technique de puisage est importante pour ne pas recueillir d’impuretés – Photo : courtoisie

Pour puiser une eau la plus claire possible, deux gestes simples peuvent faire une différence : remplir le contenant en le tenant dos au courant, car moins de saletés s’y logeront. Et veiller à ne pas toucher le lit du point d’eau, ce qui ferait remonter les matières qui s’y déposent naturellement.

Pour remplir un sac ou une bouteille dans un lac, la tenir horizontalement « entre deux eaux ». Si on a une bouteille de grand diamètre et que le point d’eau n’a que quelques centimètres de profondeur, on se servira d’une écuelle ou même d’un sac de type ziploc pour la remplir peu à peu.

Au pied d’une chute ou cascade plutôt qu’à sa tête, l’aération provoquée par la descente rapide débarrasse l’eau d’une foule de particules en suspension.

On privilégiera toujours une eau courante plutôt que stagnante.

Filtrer

la filtration de l'eau
Différentes méthodes de filtration de l’eau – Photo : courtoisie

Avant de purifier l’eau, il faut penser à la filtrer afin de supprimer un maximum de particules en suspension.

Il existe une grande variété de filtres de bonne qualité sur le marché, plus ou moins légers, performants, pratiques et dispendieux. Certains sont de simples pailles permettant de boire en aspirant directement l’eau qui deviendra potable grâce à la combinaison d’un cartouche filtrante associé à de la résine d’iode. D’autres, munis d’une pompe à levier ou à pression, font circuler l’eau à travers une cartouche de porcelaine ou une membrane à pores creux. Certains hybrides permettent à la fois de boire par succion et de remplir une gourde par pompage. Enfin, des modèles performants filtrent l’eau par gravité, laissant celle-ci s’écouler du contenant d’eau sale à celui d’eau propre pendant que vous vaquez à d’autres occupations.

Quel que soit le filtre utilisé, il faut le protéger des chutes et des coups, veiller à son entretien, et savoir que sa durée de vie n’est pas illimitée. Les performances annoncées dans les notices du fabricant seront rarement atteintes sur le terrain, et il pourra arriver qu’un filtre encrassé ne remplisse plus sa fonction alors que la randonnée doit se poursuivre encore quelques jours. 

Dans ce cas, il existe une façon simple de fabriquer un filtre « maison » : une bouteille de plastique dont on taille le fond, tournée à l’envers et suspendue par une ficelle à une branche. Près du goulot, on entasse un morceau de coton (un bandana par exemple) puis on y dépose une bonne couche de charbon de bois (les tisons du feu de la veille rempliront l’office), ensuite du sable, et enfin des cailloux. On remet le bouchon en place, percé d’un trou. On verse doucement l’eau sale dans ce filtre, et une eau sans matières en suspension en sortira, qu’il ne restera plus qu’à purifier pour plus de sécurité.

Purifier

bouilloire
Faire bouillir l’eau permet d’éliminer les bactéries – Photo : courtoisie

Une source qui sort de terre n’est pas garante d’une eau potable, pas plus qu’un ruisseau chantant entre les galets. Des déjections, voire des cadavres d’animaux, peuvent la souiller en amont. La présence très répandue de castors, porteurs de parasites, une pollution possible par des engrais ou autres produits chimiques, une contamination par agents pathogènes toujours à craindre exigent que nous purifiions l’eau avant de la boire. 

Même si les virus dangereux se font rares dans nos régions, des bactéries de petite taille abondent, et une bonne petite diarrhée facilement contractée par l’absorption d’eau d’apparence pure n’augmente en rien le plaisir de la randonnée en région sauvage.

Pour rendre l’eau potable, il faut la débarrasser des protozoaires, virus et bactéries.

La méthode la plus simple est de la porter à ébullition. En général, dès que l’eau bout à gros bouillons, elle est propre à la consommation. En altitude (au-delà de 2000 mètres) on préconise un temps d’ébullition de 3 minutes.

Dans les régions où la présence du soleil est constante, on peut utiliser la méthode SODIS (SOlar water DISinfection). Elle consiste à remplir d’eau filtrée une bouteille en plastique transparente, de la placer sur une surface réfléchissante, par exemple le côté brillant d’une couverture de survie et de l’exposer aux rayons bien radieux du soleil pendant 6 heures. Aussi bien oublier cette méthode lors de randonnée en forêt! En revanche, elle a inspiré les fabricants de stérilisateurs par rayons UV, disponibles dans les magasins spécialisés.

Il reste donc la purification chimique. On trouve dans toutes les boutiques de plein air des pastilles de purification de différents fabricants. Une pastille purifiera un litre d’eau, en 30 minutes à température normale. Pour éliminer le goût de javel, après le temps requis pour laisser agir le désinfectant, on laissera le contenant ouvert une quinzaine de minutes.

Certains préfèrent les désinfectants liquides, contenus dans deux bouteilles, à combiner sur place pour obtenir un dioxyde de chlore. Moins pratiques, ils permettent cependant d’ajuster facilement la dose à la quantité d’eau à traiter.


Vous pouvez suivre Suzanne Bleau Desmarais sur sa chaîne YouTube.


Ce texte a été produit par Rando Québec et publié initialement dans sa revue ou sur son site Web. Il est reproduit sur Distances+ dans le cadre d’un partenariat.

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