Ça se passe en ce moment même à travers tout le Québec. La SolidariCourse a été imaginée par le fondateur du Défi Everest, Yvan L’Heureux, qui rêvait d’organiser un relais virtuel, à la course ou à la marche, pendant dix jours sans interruption. Il avait identifié quatre régions, à savoir l’île de Montréal, Québec-Lévis, Kamouraska et l’Outaouais. Mais cela a très vite pris beaucoup plus d’ampleur.
« On voulait créer autre chose (que ce qui existe déjà), quelque chose de particulier, mais on ne voulait pas que ce soit coûteux ni qu’il y ait des frais d’inscriptions », a-t-il expliqué à Distances+.
Pour sonder l’intérêt des coureurs, il a publié un message sur Facebook sans préciser les modalités du projet. Après quelques heures à peine, grâce notamment au coup de pouce de son ami l’ultra-traileur chevronné Richard Turgeon, il comptait plus de 100 réponses positives et enthousiastes.
« Un engouement incroyable »
Le défi, qui a débuté le 26 avril et qui devait initialement durer dix jours, va finalement s’étaler sur huit semaines et s’étendre à d’autres régions du Québec que sont l’Estrie, la Montérégie, le Saguenay–Lac-Saint-Jean et Charlevoix, en partie grâce au soutien de plusieurs personnalités du monde du trail comme l’athlète élite Anne Bouchard, la directrice de l’Ultra-Trail Harricana Marline Côté ou encore Stephan Perron, le co-propriétaire de la boutique Vo2 de Chicoutimi.
La machine était lancée. Les créneaux offerts ont été rapidement réservés, à tel point « qu’on en est à rouvrir des plages horaires pour faire en sorte qu’il y ait plus d’une personne à la fois qui court. C’est vraiment un engouement incroyable qui, je pense, vient en partie de la simplicité de l’événement », s’est réjoui Yvan.
Marline Côté, qui organise le défi dans la région de Québec-Lévis, est du même avis : « ça fonctionne vraiment bien, c’est surprenant pour un événement qui a été un peu improvisé. »
« Montréal semble un peu plus ardus, car il y a eu beaucoup d’événements et de levées de fonds, et puis Montréal est plus touchée par la pandémie », nuance Anne Bouchard, organisatrice pour l’île de Montréal. Ce qui n’empêche pas la région d’avoir au moins 70 % des plages horaires de réservées alors que l’événement n’avait pas encore débuté.
Mais il existe une solution de secours, « il y a des coureurs très expérimentés qui n’arrêtent pas de nous écrire pour courir plus qu’une heure », explique l’ultra-traileuse. Elle-même espère courir un peu plus. « J’ai pris un bloc d’une heure, mais j’espère combler tous les blocs qui ne seront pas pris » poursuit-elle.
Aider les banques alimentaires
Il suffit de réserver un créneau sur lequel l’athlète s’engage à courir ou à marcher pendant une heure. « Lorsque les participants ont terminé, on sent qu’il y a une véritable solidarité, on a l’impression que celui qui vient de terminer tape dans la main de celui qui va s’élancer comme pour lui transmettre le relais », s’enthousiasme l’initiateur du projet.
Les fonds récoltés tout au long du défi permettront de faire des dons aux banques alimentaires du Québec.
« Nos attentes n’ont jamais été très élevées », confie Marline Côté. « Au départ, on se disait que 5000 $ par endroit, ça serait vraiment super, sachant qu’il n’y avait que quatre régions qui devaient participer. À présent, on peut espérer dépasser les 30 000 $, voire plus encore », se félicitait Yvan L’Heureux au moment de l’entrevue, au 12e jour du défi.
A présent, après 48 jours de défi, SolidariCourse totalisait plus de 58 000 $ de dons.
L’humain au cœur du projet
Tous soulignent qu’il y a encore plus important que les fonds récoltés car « au-delà des sous, tu connectes l’humain, philosophe Yvan. SolidariCourse, c’est courir pour nourrir, à travers ce projet tu relies l’humain à la première nécessité qu’est l’alimentation. Chez nous, on a un organisme qui aide les gens en faisant trois repas avec 1 $ seulement. Cela permet de nourrir beaucoup de gens. »
La directrice de l’Ultra-Trail Harricana ajoute que « c’est une initiative qui invite les gens à aider les autres, mais aussi à ne pas oublier de prendre soin d’eux, de leur santé physique et de leur santé mentale par la pratique de l’activité physique. »
« En temps normal, on court pour soi, là ça nous permet de lâcher notre nombril. On ne court pas pour nous, on court pour les autres, on met notre coeur et nos jambes au profit des autres. Ca renouvelle un sentiment d’utilité », affirme de son côté Anne Bouchard.
Une initiative qui dure dans le temps
Si la Solidaricourse doit en principe durer huit semaines, les organisateurs n’écartent pas la possibilité de prolonger l’initiative. « On attend de voir comment tout ça va évoluer, avec le déconfinement, avec l’été et la reprise de certaines activités, dit Marline Côté. On va voir si le concept est toujours pertinent pour les gens au fil des semaines et s’il y a toujours une valeur ajoutée. »
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