Pour ou contre les « super-aliments »?

spiruline
Photo : Foodism 360

Les « super-aliments » ont-ils une haute valeur nutritionnelle réelle ou sont-ils de la poudre de perlimpinpin? Consommer de la spiruline, du gingembre, du Klamath, du pollen, du ginseng, de l’acérola, des baies de Goji, du miel de Manuka ou encore du curcuma répond-il à un effet de mode ou participe-t-il aux saines habitudes de vie? Et, dans le cadre d’un entraînement sportif, n’est-ce pas un produit dopant? Distances+ répond à ces questions qui sont régulièrement posées en consultation de naturopathie.

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Les super-pouvoirs des « super-aliments »

D’abord, il est important de souligner que le terme « super-aliment » est abusif. C’est avant tout un argument marketing en soi. D’ailleurs, dans les boutiques de produits sportifs ou de nutrition sportive, les vendeurs ont tendance à promettre que, grâce à eux, on se sent mieux, et à faire croire qu’ils sont indispensables pour progresser et performer.

Ce qu’on appelle des super-aliments sont en fait des aliments que l’on consomme en petite quantité, mais qui ont de grandes vertus nutritionnelles et physiologiques, proportionnellement à leur poids.

Ce ne sont ni de « simples » aliments, dont la fonction première est de nous nourrir, ni ce que l’on appelle des compléments alimentaires, dans le sens où il ne s’agit pas de nutriments, de vitamines ou encore de minéraux qui ont été préalablement extraits de plantes médicinales par exemple. Donc contrairement aux populaires BCAA (des acides aminés particulièrement efficaces pour la récupération), à la créatine, à la « whey » (protéine du « petit lait » que l’on retrouve au-dessus des yaourts) ou encore à la L-glutamine, les super-aliments ne sont pas, pour caricaturer, des molécules isolées, et ils n’ont pas subi de transformation industrielle. Même lorsqu’ils sont réduits en poudre, ils sont consommés dans leur entièreté. Et ça, c’est très positif!

Un super-aliment ne remplace aucun aliment traditionnel, ne remplit pas le ventre et ne comble pas la faim. L’avantage, c’est qu’il n’est pas nécessaire d’ingérer 200 g de super-aliments pour avoir un apport intéressant en micro-nutriments. Quelques grammes suffisent. On parle ici uniquement de qualité et non de quantité. Pour avoir la quantité (mais aussi la qualité), mieux vaut manger des carottes râpées ou des épinards.

Qu’apportent réellement les « super-aliments »?

La plupart des études scientifiques avancent que les super-aliments sont riches en micro-nutriments aux vertus spécifiques. Ils peuvent être antioxydants, revitalisants, riches en vitamines, minéraux et oligo-éléments, anti-inflammatoires, etc.

Certaines vont plus loin encore en affirmant qu’ils sont anti-cancer, anti-vieillissement, anti-toutes-choses-négatives! Mais il faut garder la tête froide. S’il est certain qu’un super-aliment peut apporter un vrai plus et contribuer à la récupération ou à la performance sportive, tout comme d’ailleurs une bonne hygiène alimentaire de base ou un plan de nutrition adapté à un objectif, ce ne sera jamais LE facteur de l’exploit. Un super-aliment, même s’il se présente sous la forme d’une pilule, n’aura rien de magique et ne vous fera pas, à lui seul, exploser des records. Il ne s’agit pas d’un produit dopant, autrement dit d’une substance qui est « de nature à modifier artificiellement [vos] capacités », pour reprendre les termes de l’Agence mondiale anti-dopage.

Les « super-aliments » populaires ne sont pas super écolos

Avec leur nom exotique, ils nous font voyager et rêver de pays lointains. C’est poétique, mais pas forcément éthique.

La spiruline du Tchad, l’acérola d’Amérique latine, le ginseng de Chine, le maca du Pérou, le moringa d’Amazonie, le curcuma d’Inde, les baies de Goji des hauts plateaux tibétains, le miel de Manuka de Nouvelle-Zélande, le klamath des États-Unis, la noix du Brésil… En les égrainant, on se rend compte que l’impact carbone d’un smoothie aux super-aliments peut être impressionnant.

Par ailleurs, ils sont souvent estampillés « bio » par les pays où ils sont récoltés (puisqu’il existe rarement des filières de production des super-aliments cités précédemment en France ou au Canada), mais le cahier des charges des labels bio divergent d’un pays à l’autre. De même, certains reportages journalistiques ont montré que les conditions de travail des ouvriers agricoles dans certains pays étaient catastrophiques, notamment dans les productions de noix du Brésil ou de noix de cajou en Inde.

Privilégier des super-aliments locaux

Pourquoi acheter des produits qui font le tour de la terre pour notre bien-être? Ouvrez les yeux lorsque vous courez, car les sentiers que nous parcourons sont potentiellement des réserves de super-aliments. En voici quelques exemples :

  • Le cynorhodon (ou églantier) peut remplacer l’acérola grâce à sa richesse exceptionnelle en vitamine C.
  • Les myrtilles et le cassis remplacent aisément les baies de Goji avec leur concentration en antioxydants et en minéraux.
  • Les miels de thym ou de lavande détrônent le miel de Manuka avec leurs propriétés anti-bactériennes et cicatrisantes.
  • La canneberge supplante les baies d’açaï avec l’abondance d’anti-oxydants qu’elle renferme.

D’une manière générale, misons sur la production locale, même si tous les super-aliments ne sont pas remplaçables à l’identique.

De petites structures de production ont vu le jour ces dernières années en France, de nombreuses fermes à spiruline notamment. Certains agriculteurs ont même fait le pari de cultiver des baies de Goji ou du ginseng.

Ces plantes n’auront pas les mêmes compositions que si elles avaient été cultivées dans leur pays d’origine, chaque sol possédant des nutriments qui lui sont propres. Origine géographique, climat, ensoleillement, altitude, richesse du sol, etc. ont des répercussions sur le produit final. Exactement comme le vin. Un même cépage ne donnera pas le même vin selon que le raisin est produit dans le Sud de la France ou en Californie.

Mais, finalement, ces super-aliments à la sauce locale répondent sans doute plus à nos besoins réels. Avons-nous les mêmes besoins alimentaires qu’un Tibétain qui passe sa vie à 4000 mètres d’altitude? Ou d’un Brésilien qui vit dans une ambiance chaude et humide toute l’année? Probablement pas.

Pour ou contre?

Tout est toujours une question d’équilibre et de nuances. Les « super-aliments » n’en sont pas, mais ils sont assurément vertueux. Ils ne sont pas indispensables, mais ils sont intéressants à saupoudrer dans notre alimentation. En tout cas, ils ne peuvent pas nuire.

Se faire plaisir, découvrir de nouvelles saveurs tout en faisant des choix en conscience permettra d’être en forme tout en préservant la planète.

Si vous aviez à n’en sélectionner que trois, je vous recommanderais :

  • la spiruline (à coupler avec un fruit riche en vitamine C par exemple), dont la concentration en chlorophylle favorise l’oxygénation de notre organisme;
  • le pollen, riche en vitamine B, utile à notre système immunitaire et à notre système nerveux;
  • les graines de chanvre, riches en protéines végétales, en oméga-3 et oméga-6.

Et une chose est sûre : l’aliment miracle n’existe pas!


Safia-Lise Saighi est naturopathe, spécialisée dans l’accompagnement de sportifs. Elle est également formée en nutrition sportive. Toulousaine, elle pratique la course à pied en montagne, le ski de randonnée et le cyclisme sur route. Vous pouvez la suivre sur Instagram, Facebook ou sur son blogue.

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