Inflammation : prévenir avec des aliments plutôt que des médicaments

fruits fraises
Photo: Michael Stern

Plus de la moitié des coureurs prendraient des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) (ibuprofène (Advil), naproxène (Naprosyn), etc.) de façon préventive avant une course. L’ampleur de cette pratique rapportée par le Doc Benoit dans sa chronique m’a grandement surpris, tout comme le fait de savoir que les bénéfices associés ne sont que marginaux, voire absents. Au contraire, les AINS augmenteraient même jusqu’à cinq fois les risques d’effets indésirables gastro-intestinaux, rénaux ou cardiovasculaires.

Ainsi, une question se pose : est-ce que l’alimentation pourrait remplacer la consommation d’AINS? Déformation professionnelle, direz-vous, mais je suis convaincu que oui. Voici pourquoi :

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Les effets anti-inflammatoires de l’alimentation

Les acides gras oméga-3 d’origine marine sont parmi les nutriments dont l’effet anti-inflammatoire est le plus reconnu. Or, l’alimentation nord-américaine est la plupart du temps déficiente en ce nutriment. Certains experts avancent qu’une supplémentation de 1 à 2 g d’oméga-3 d’origine marine par jour pourrait avoir un effet anti-inflammatoire et diminuer les douleurs musculaires ainsi que la douleur liée à l’effort. Les études chez les humains n’ont pas permis de confirmer cette hypothèse jusqu’à présent. Cela dit, considérant l’effet bénéfique d’une telle supplémentation pour les gens atteints de maladies inflammatoires comme l’arthrite rhumatoïde, il est raisonnable de croire que les sportifs puissent aussi en tirer profit. À suivre.

Par ailleurs, il n’est pas nécessaire de consommer un quelconque supplément pour avoir une alimentation que l’on pourrait qualifier d’anti-inflammatoire. Manger des poissons gras (truite, saumon, hareng, etc.) régulièrement procure son lot d’oméga-3. En plus, les noix, les petits fruits et les légumes colorés, comme le chou kale et la tomate, sont tous riches en composés antioxydants et anti-inflammatoires. Les bénéfices pour la santé associés à une alimentation composée d’aliments frais et non transformés, et riche en fruits et légumes sont nombreux. Ils pourraient notamment inclure une diminution de l’inflammation induite par l’exercice.

Les effets indésirables de l’alimentation?

Les effets indésirables d’une saine alimentation sont les suivants…

(Non, ce n’est pas une erreur. Une saine alimentation n’a aucun effet indésirable!)

Cela étant dit, l’exclusion des produits laitiers ou du gluten de l’alimentation, pour leurs effets pro-inflammatoires supposés, sont des pratiques alimentaires répandues dans le monde sportif. Il est essentiel de préciser que les études cliniques sur les produits laitiers n’ont mesuré aucun effet sur l’inflammation. Pour le gluten, sauf en raison d’une indication médicale, son exclusion de l’alimentation ne procure pas plus de bénéfices que son inclusion.

Pilule ou diète?

C’est vrai, les données scientifiques qui prouvent les bienfaits d’une saine alimentation dans la prévention de la douleur ou de l’inflammation chez les coureurs ne sont pas concluantes. Mais on se rappelle que les bénéfices des AINS sont eux-mêmes marginaux ou inexistants.

Les AINS peuvent avoir des répercussions néfastes sur votre santé intestinale, rénale et cardiovasculaire. Une saine alimentation aura au contraire des effets bénéfiques. La saine alimentation ne vous apparaît-elle pas beaucoup plus prometteuse à vous aussi?

Une saine alimentation transcende la prévention des maladies chroniques et contribue à la performance sportive. Je me répète, mais lorsqu’il est question de sport, il est primordial d’accorder autant d’importance à l’alimentation qu’à l’entraînement, au repos, à la récupération et à la gestion du stress. Ces éléments forment un tout et si l’un est déficient, les bénéfices des autres seront sous-maximaux. Les pilules ne feront pas de miracle.

Si vous êtes blessé, je vous invite à suivre les conseils de notre bon Doc Benoît et à consulter un professionnel avant de vous tourner vers des médicaments… tout en continuant de bien manger.

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Jean-Philippe est nutritionniste, membre de l’Ordre professionnel des diététistes du Québec et assistant-professeur à l’Université Laval.