Martine Marois n’a pas toujours eu la vie facile. Son parcours a été semé de défis, mais elle s’en est servi pour se bâtir une force mentale de guerrière. Si elle participe aujourd’hui à des ultras parmi les plus fous, tel que le Tor des géants, son expérience de la vie la pousse aussi à s’impliquer à titre de porte-parole de la SolidariCourse pour la Rive-Sud.
Le projet initié par le coureur de Rivière-du-Loup Yvan L’Heureux et plusieurs collègues à travers la province connaît un réel engouement au Québec, avec plus de 1100 participants officiels et plus de 51 000 $ amassés depuis avril.
Des coureurs se relaient 24 h sur 24, 7 jours sur 7 dans le but d’aider l’organisme Moisson. Le thème de la SolidariCourse a touché Martine et lui a donné envie d’offrir de son temps.
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Et pour cause : c’est un genre d’aide auquel elle a déjà eu recours, concède-t-elle sans pudeur. « C’était un instinct de survie. Je me demandais comment j’allais faire. Puis, venaient les solutions : les banques alimentaires, les fondations, les aides pour les sports des enfants ».
C’est qu’à l’âge encore tendre de 16 ans, en plein secondaire, Martine est devenue enceinte de sa première fille, Kassandra. Très jeune maman, elle a dû jongler avec ses nouvelles responsabilités tout en poursuivant ses études et en jouant au basketball au niveau collégial.
Elle a par la suite donné naissance à deux garçons, Xavier et Tommy. « J’ai vécu ma vingtaine en passant par bien des étapes, raconte Martine. Je suis devenue monoparentale. Mais j’avais le désir d’aller à l’université pour compléter mon baccalauréat en kinésiologie, et je l’ai fait. Ensuite, j’ai ajouté un diplôme de deuxième cycle en exercices thérapeutiques. »
Tout cela n’aurait peut-être pas été possible sans le support qu’elle a reçu. « Mes enfants ne se sont jamais sentis inférieurs aux autres, affirme Martine. Ils ont toujours été égaux. C’était important pour moi. »
Alors qu’elle se sentait gênée de courir sans un équipement de pointe, Martine est parvenue à relever des défis qui l’ont menée à voir plus loin et à inspirer d’autres personnes à en faire tout autant.
« L’important, c’est d’avancer, dit-elle. J’ai des projets audacieux. Je veux pouvoir les mener à bien. Si, en plus, des gens se reconnaissent et se sentent portés par ces expériences, c’est formidable. »
Celle qui aura été tantôt entraîneure pour des équipes de basketball, tantôt pour la Fondation Esprit de corps, où elle a coordonné plusieurs défis sportifs, puis promotrice de l’entreprise de plein air M2K2 Aventure, était jusqu’à tout récemment coordonnatrice des programmes sportifs à la Fondation des Sports adaptés.
Toujours vers l’avant
Dans l’univers de la course, Martine a fait comme la plupart des gens en commençant par la route, avec des demi-marathons, puis un marathon. Par la suite, « j’ai pris plaisir à passer par l’expérience de la montagne, dit-elle. La course en sentier s’est présentée comme une connexion permettant des retrouvailles instantanées avec la nature, sa beauté, sa complexité et ses défis ».
En 2014, elle s’inscrit avec son conjoint Danny Landry au 65 km de l’Ultra-Trail Harricana, mais a décidé de changer son dossard pour le 80 km lorsque celui-ci a été dévoilé. « C’est parce qu’on s’est lancé un défi, puisque l’écart entre un 65 km et un 80 km n’était pas bien grand. En plus, on pouvait faire ce choix gratuitement! Alors on s’est inscrits », raconte-t-elle.
Par la suite, elle a allongé les distances pour se rendre à l’Ultra-Trail du mont Albert, au Québec Méga Trail (QMT), puis au mythique Tor des Géants.
« Le QMT, c’était notre entraînement pour le Tor. On a aimé l’ambiance, le parcours et l’expérience. Mais le Tor, c’était notre objectif numéro un. On ne fait pas beaucoup de courses officielles dans l’année, alors on a choisi ces deux-là. »
Elle a été la première Québécoise à compléter le Tor des Géants, une épreuve de 330 km et 24 000 m D+ dans la Vallée d’Aoste, en Italie. Mais « c’était ma deuxième tentative », rappelle Martine. En 2018, sa course s’était soldée par un abandon au 192e kilomètre « parce que j’étais affamée et déshydratée », se souvient la coureuse.
Elle avait alors été retrouvée à demi consciente le long d’un sentier, et c’est une équipe médicale qui l’avait évacuée vers une base de vie. Il faut dire que, atteinte de la maladie coeliaque, Martine a dû apprendre au fil des années à gérer son alimentation en compétition se préparant soigneusement.
Elle compte retourner au Tor, mais la tenue de l’événement cette année est plus qu’incertaine, en raison de la crise du coronavirus. Pour l’instant, la course est maintenue, malgré la vague mondiale d’annulation des événements sportifs.
Son objectif? « Je veux réussir à le compléter sous la barre des 130 heures pour être admissible au Tor des Glaciers », lance-t-elle. Cette autre course de l’événement compte plus de 450 km et 32 000 m D+. Elle est réservée à des coureurs d’expérience.
Pour Martine, ce sont des occasions d’apprentissage. « C’est l’expérience qu’on va chercher. On est des gens de processus… plus que de performance. »
À l’image de la SolidariCourse, elle a fait de son parcours un relais qui n’en finit plus de toucher les gens. Celui-ci peut mener loin.
Veuillez prendre note que l’auteure est également impliquée dans l’organisation de la SolidariCourse.
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