En janvier dernier, le Montréalais Martin Ledoux a participé à un camp de trail organisé par le célèbre athlète Gediminas Grinius sur l’île de la Grande Canarie. Pendant cinq jours, il a côtoyé l’ancien champion de l’Ultra-Trail World Tour sur le circuit emprunté par les coureurs de la Transgrancanaria. Il raconte à Distances+ ses meilleurs moments.
C’est un ami qui a eu l’idée, et comme le prix et l’horaire concordaient, Martin a sauté sur l’occasion, ayant déjà vécu une expérience similaire au Mexique.
Il a donc enchaîné les entraînements pendant l’hiver pour améliorer son endurance à l’effort et sa capacité à encaisser le kilométrage.
Excité à l’idée de rencontrer le grand Grinius, Martin nourrissait aussi une certaine inquiétude quant à l’effort requis pour passer à travers le séjour. « Une semaine avant le départ, j’avais de sérieux doutes. Je savais que je ne pouvais plus faire machine arrière, mais je me demandais si j’allais prendre du plaisir ou réellement souffrir. »
Malgré tout, « j’avais hâte de rencontrer Gediminas, d’en apprendre plus sur le trail et d’avoir ses conseils de pro », dit Martin.
Une aventure hors du commun
Le camp se déroulait sur cinq jours, avec un départ le lundi, les pieds dans l’eau, au nord de l’île située au large de l’Afrique, dans l’océan Atlantique, pour redescendre vers le sud.
Les sept participants ont réalisé une partie du parcours de l’édition 2017 de la Transgrancanaria, pour ensuite poursuivre sur celui, modifié, de l’édition 2019. Le tout représentait presque 6000 m de D+. Les journées débutaient entre 9 h et 10 h et se terminaient le soir, à la lampe frontale.
Le groupe était assez étalé sur le trajet. Gediminas accompagnait les participants sur le chemin et passait de l’un à l’autre pour leur donner des conseils et filmer l’aventure.
« C’était incroyable, il est tellement chaleureux et simple, que souvent je perdais l’idée que c’est un champion du monde », raconte Martin.
« Je ne comprends pas comment on peut aller si vite en montées, c’était comme de la magie », ajoute-t-il, impressionné par les performances de l’ancien militaire lituanien.
De dures journées
Le mardi était la « grosse » journée du séjour. Les corps subissaient encore le décalage horaire et ils avaient déjà quelques kilomètres parcourus la veille.
Martin avait hâte à cette journée, mais il la craignait aussi, car il n’avait jamais parcouru 2200 mètres de D+. La difficulté est vite oubliée avec la récompense des paysages, qui sont grandioses, dit-il.
De plus, comme les participants étaient étalés sur le parcours, ils se retrouvaient seuls, sans voir les autres. Vers 16 h, au fond d’un canyon, la lumière commençait à être rare et on voyait moins bien entre les roches.
« J’étais dans une zone d’ombre physiquement, seul, au milieu de nulle part et je commençais à me demander si c’était possible de se perdre, dit Martin. Je sentais mon énergie baisser en même temps que le soleil ».
La journée du vendredi a aussi été particulièrement éprouvante pour les participants, puisqu’il fallait descendre les montagnes du sud.
Sur 14 kilomètres, le chemin alternait entre montées et descentes. Il fallait parfois gravir 300 mètres et descendre d’un coup 1200 mètres. Tout ceci en moins de deux heures.
« C’est quelque chose que je n’avais jamais connu auparavant et c’était vraiment difficile », raconte Martin.
Ajoutons que cette semaine-là a été anormalement chaude, ce qui a accentué la difficulté de l’expérience. Certaines personnes, dont Martin, souffraient de nausées lors des transferts en voiture.
Entre plaisir et formation
Deux séances de formations ont été données pendant le camp sur l’utilisation correcte des bâtons de course, car ils sont impératifs dans ce type d’environnement, escarpé et aride.
Les conseils de pro de Grinius ont été un réel atout pour les participants, puisque le dénivelé se rapproche de 10 % d’inclinaison en moyenne, sur l’ensemble du parcours. « Nous montions tout le long, mais le paysage rendait l’expérience plus facile », se rappelle Martin.
Il prenait d’ailleurs tellement de plaisir à utiliser les bâtons en descente, qu’il en a presque oublié la dangerosité de certains passages. « Je me propulsais avec mes bâtons, parce que j’adore descendre vite. Mais là, je descendais beaucoup trop rapidement, j’ai trébuché et je suis tombé juste au bord du vide. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que je devais me calmer », raconte Martin.
Des moments inoubliables
La Grande Canarie est un lieu particulièrement important pour Gediminas et sa femme, car c’est là qu’ils ont fait leur voyage de noces. Le champion lituanien a également remporté la Transgrancanaria en 2015 et finit deuxième en 2016. Il était de retour sur la compétition cette année (il a fini 7e).
Ce stage a en quelque sorte permis au coureur de faire une petite reconnaissance du terrain, avant le grand départ de l’épreuve quelques semaines plus tard.
Parmi les bonus de l’expérience, Martin souligne que Gediminas a fait ouvrir un restaurant, qui était fermé, pour accueillir les participants. « On se sentait comme à la maison », dit-il.
Martin dit qu’il serait prêt à refaire ce séjour, car il était très enrichissant. Les conseils ont été utiles, tout comme le simple fait de côtoyer Gediminas Grinius et son équipe durant ces cinq jours.
« Cette expérience a été importante pour moi, dit Martin, parce que c’est un grand coureur. J’ai pu observer toute son humanité et le travail qu’il a accompli pour en arriver là. »
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