Malgré l’annulation de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc, le champion en titre Pau Capell va tenter de battre le record en solitaire sur le parcours officiel de l’UTMB (170 km, 10 000 m D+). Et il ne sera pas le seul à parcourir les sentiers du « Sommet mondial du trail » en « off ».
Un défi de taille dans une saison surchargée
Pau Capell avait encore de grandes ambitions sur le plan international cette année. Connu pour son tempérament de compétiteur, le coureur espagnol de 28 ans, meilleur ultra-traileur au monde sur le format 160 km au classement ITRA, champion de l’Ultra-Trail World Tour 2018 et 2019 et vainqueur notamment des quatre dernières éditions de la Transgrancanaria, a adapté son calendrier aux conséquences de la pandémie. Le 10 juillet dernier, il a annoncé un programme démentiel et ultra condensé de dix courses, dont 6 ultras, de juillet à décembre (5 finalement suite à l’annulation de l’Ultra Trail Atlas Toubkal au Maroc).
Il a choisi des défis très différents, comme d’un côté la technique Patagonia Run (162km, 8000 m D+) et de l’autre une course de cyclotourisme en Andorre (La Purito), et même la rapide et boueuse Saintélyon en décembre. Mais le point d’orgue, son objectif absolu, c’est le off de l’UTMB.
Projet « Breaking20 »
Pau Capell a donné un nom à son projet : « Breaking20 » parce qu’il veut descendre sous la barre des 20 h de course. Il détient déjà, depuis l’année dernière, le temps de référence du parcours actuel, en 20 h 19 (François D’Haene avait terminé en 19 h 01 en 2017, mais l’itinéraire avait été légèrement modifié). Capell a fait un calcul tout simple. Il a récemment expliqué sur ses réseaux sociaux, non sans une pointe d’ironie, qu’à peine plus d’une minute de temps gagnée sur chaque heure de course lui permettrait de passer sous la barre symbolique des 20 heures de course.
Pour autant, l’Espagnol est conscient qu’il devra composer avec des paramètres qu’il ne maîtrise pas, à commencer par la météo. D’ailleurs, son départ, initialement prévu ce vendredi à la date et l’heure de l’UTMB, a été avancé d’une journée au dernier moment en raison d’orages annoncés en montagne ce week-end, qui hypothéqueraient sérieusement le suivi du tracé initial et mettraient à mal cette périlleuse tentative de record.
Une préparation bien encadrée
Arrivé lundi à Chamonix en compagnie de ses proches, de son entraîneur Andres Arroyo et de l’équipe de son principal partenaire, The North Face, Pau Capell n’a pas perdu une seconde. À peine a-t-il posé le pied en terre chamoniarde que l’athlète est parti s’entraîner. Il a couru lundi et mardi et a fait une reconnaissance poussée dans la descente de la Flégère, la toute dernière du parcours, qu’il juge « très importante » pour mener à bien sa mission.
Ces derniers réglages et cette fin de préparation méticuleuse se sont déroulés dans la bonne humeur, sans nervosité apparente. Souriant et détendu en direct devant l’écran de son téléphone dimanche dernier, l’athlète espagnol s’est dit « bien entraîné et prêt » à réaliser son objectif.
Durant le confinement, il avait réduit son entraînement à 20 heures hebdomadaires au lieu de 25 à 35 heures en temps normal. Il a orienté qualitativement sa préparation, composée essentiellement de vélo stationnaire, de renforcement musculaire et de course sur tapis, tous trois pratiqués dans un lieu qu’il surnomme lui-même « la salle des souffrances », chez lui, à Barcelone.
Ce jeudi soir, Pau Capell s’élancera seul et l’affirme : « je n’aurai pas de lièvre ». Son entourage sera limité à une poignée d’athlètes présents pour le suivre, filmer et animer en direct ses réseaux sociaux, et à sa famille, venue le soutenir sur l’ensemble du parcours.
Les points de ravitaillement seront assurés selon la cadence du parcours officiel. L’équipe se prépare également à croiser beaucoup de monde sur les sentiers en fin de semaine. L’athlète a prévenu la communauté de coureurs de ne pas tenter de le suivre sur le parcours pendant son défi pour des raisons sportives, personnelles et sanitaires.
Pau Capell est attendu vendredi après-midi à Chamonix, aux alentours de 14 heures si tout va bien.
Beaucoup de monde sur les sentiers du TRM ce week-end
L’annulation de la plus prestigieuse des compétitions de trail a bousculé les plans de bien des traileurs. Consciente de la situation, l’organisation a proposé un « rendez-vous digital et solidaire ». Des courses virtuelles sont ainsi organisées depuis le 20 juillet. Elles sont réalisables par tous à l’international et sur les sentiers du Mont-Blanc (TRM). L’organisation a également annoncé une mobilisation symbolique en cette semaine dans la vallée de Chamonix pour accueillir la vague de coureur présagée.
Le cofondateur de l’UTMB Michel Poletti a d’ailleurs choisi d’être de la partie. Il prendra le départ en off du parcours lui aussi ce jeudi avec son fils et des membres de l’organisation. Ils veulent boucler les 170 km et 10 000 m de dénivelé en moins de 44 h.
Comme chaque à cette période, les sentiers du TRM devraient être très fréquentés ce week-end par des randonneurs, des athlètes de haut niveau et des amateurs de trail. La discipline pourrait bien être fêtée un peu comme elle l’était aux origines de l’UTMB et sa première édition en 2003, où 700 férus de course en montagne s’étaient donné rendez-vous place du Triangle de l’Amitié pour en découdre sur les superbes sentiers prestigieux du massif du Mont-Blanc.
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