La saison de Maxime Leboeuf débute toujours très tôt du côté de Gatineau. Dès qu’il neige en fait. L’ancien biathlète élite a remporté le 10 km du championnat provincial de course en raquettes et il a été le grand favori du triathlon des neiges et du défi longue distance du Pentathlon des neiges (vélo, course, ski de fond, raquette et patin). Il est aussi très compétitif en course à pied, sur route comme sur sentiers où il a commencé à s’exprimer dignement ces dernières années, pour afficher progressivement, et tout particulièrement en 2019, de grandes ambitions en ultra-trail.
Il a l’intention, d’ici les cinq prochaines années, de « participer aux grandes courses de trail en Europe et de terminer régulièrement dans les dix premiers ».
Dans cette perspective, le principal objectif cette saison sera de s’imposer sur plusieurs courses majeures au Québec, en tenant la dragée haute à des athlètes comme Mathieu Blanchard, avec lequel il a commencé à batailler l’an dernier. Les deux hommes s’étaient livré un duel amical épique lors de la première édition du 50 km du Trail de la Clinique du coureur. C’est Blanchard qui avait eu le dernier mot, mais il faut s’attendre à revoir ces deux-là aux avant-postes dans les prochains mois.
La saison dernière, Max avait coché la dernière épreuve de la série The North Face Endurance Challenge à San Francisco, mais l’épreuve de 80 km avait dû être annulée en raison des gigantesques incendies qui ont ravagé une partie de la Californie en novembre. « J’étais très déçu, parce que j’étais très bien entraîné, se souvient-il. Alors il n’a pas pris de pause. « J’ai tout de suite enchaîné sur ma saison de ski de fond dans le Parc de la Gatineau. »
Champion polyvalent
« Je suis très actif l’hiver », résume le champion de 32 ans au palmarès étourdissant. Il a entre autres gagné les trois dernières éditions de la Coupe du monde de triathlon d’hiver et la version longue du Pentathlon des neiges en solo en 2015, 2017 et 2018. Il a également été champion du monde de course en raquettes en 2015, champion nord-américain en 2017 et champion canadien en 2018.
La course en sentier, dans laquelle cet athlète polyvalent a commencé à s’investir en 2016, était finalement jusqu’à présent, pour lui, une activité sportive parmi les autres, mais ça va changer. « Mon objectif est d’augmenter les courses de trail », affirme celui qui a déjà gagné le 30 km du Trail de la Clinique du coureur en 2017 et le Trans Vallée en 2015 et 2016.
« J’ai la volonté d’entrer dans le monde des ultras progressivement, insiste l’économiste senior à la Banque du Canada. L’an dernier, j’avais donné tout ce que j’avais dans le 50 km du Trail de Clinique du coureur, puis j’étais allé chercher de l’expérience au Québec Méga Trail. » Il s’était arrêté après 75 km. « Je n’étais pas blessé, mais je sentais que j’avais accompli ce que je voulais cette journée-là, j’en avais assez, raconte-t-il. Je n’y allais pas pour avoir mon nom au palmarès. Trop pousser aurait été trop ambitieux et risqué. »
Il a ainsi jeté les bases de son apprentissage des ultramarathons en sentier pour vite progresser et devenir compétitif. »
Maxime Leboeuf va se concentrer sur deux courses qu’il a testées en 2018, le Trail de la Clinique du coureur (50 km, 1850 m D+) et le Québec Méga Trail (110 km, 4800 m D+).
« J’ai de gros objectifs, c’est assez clair que je veux avoir une bonne lutte et gagner, assume-t-il. Il va y avoir de la concurrence, j’ai vraiment hâte! »
Son talon d’Achille : la chaleur
S’il sait qu’il est capable d’être performant athlétiquement parlant, il devra composer avec ce qu’il identifie comme son principal défi : la chaleur. « Je prends des coups de chaleur très facilement, déplore-t-il, impuissant. L’an dernier, sur le QMT, c’est pour ça que je restais longtemps aux ravitos. J’ai un corps complètement adapté aux conditions hivernales, mais ça ne fonctionne pas l’été dès qu’il fait trop chaud. J’ai moins de plaisir et je souffre. »
C’est donc en juillet et en août qu’il freine pour prendre une pause.
Max Leboeuf estime par ailleurs qu’il lui reste encore beaucoup à apprendre.
« J’ai une liste de choses à explorer à l’entraînement, dit-il. J’aime m’entraîner, mais je ne suis pas un grand planificateur. Les gens sérieux dans ce sport-là ne laissent rien au hasard, le moindre arrêt aux ravitos est pensé. Moi, je traîne plus de poids que les autres, j’arrive là, je n’ai pas d’assistance… je vois Mathieu (Blanchard) faire, et je sais bien que je ne pourrais jamais fonctionner avec si peu de bouffe et si peu d’eau. Mais il faudra que je sois aussi bon que les meilleurs dans les transitions. Tout ça, c’est la face cachée du trail, et c’est ce que je dois apprendre, tout en apprenant aussi à mieux me connaître sur ces nouveaux aspects de la compétition. Sur une course de 30 minutes, il ne peut pas se passer grand-chose, et je suis capable de prédire mon temps presque à la seconde près, mais sur 15 ou 20 h, en trail, ce n’est pas pareil. »
L’assiduité et la régularité, la formule gagnante
Ceci dit, il ne craint pas l’endurance de l’épreuve. « L’été dernier, sur le QMT, il n’y a pas un moment où j’ai faibli, assure-t-il. Je suis habitué à l’endurance. Ça fait 15 ans que je m’entraîne énormément. Même si la course à pied n’est pas mon sport de prédilection, le corps ne fait pas la différence si je fais de la raquette ou du ski de fond. Dans mon cas, l’assiduité et la régularité priment. »
Il assure aussi que sa polyvalence et le fait de varier ses pratiques sportives le préservent des blessures. « Je ne me blesse jamais, se félicite-t-il. Et je fais très attention. J’aime courir et je veux continuer, donc si j’ai un bobo, je ne cours pas dessus. Ça ne me dérange pas du tout d’arrêter une course. »
Il compte d’ailleurs rester vigilant pour ne pas se blesser en allant explorer les très longues distances. « Mon objectif sur le long terme, c’est de mesurer ma capacité à tenir de l’intensité sur la durée. Combien de temps est-ce que je peux la maintenir, sans me rendre à l’hôpital? » se questionne-t-il. C’est ce qu’il va bientôt découvrir, en restant prudent puisqu’il compte cibler un ou deux gros événements par année seulement. « Je ne ferai jamais dix ultras par an, affirme-t-il. Je veux me mesurer face aux meilleurs, mais un objectif à la fois. »
Après les sports d’hiver, la course sur route, puis la saison de trail
Dès la fonte des neiges, il lance sa saison de course sur l’asphalte.
« Je commence toujours par une course sur route pour viser un temps en début de saison, autour du mois de mai, explique Max Leboeuf. L’an dernier, j’avais réussi à briser mon record sur 10 km (30’26). Cette année, je pense faire le demi-marathon de Montréal (Banque Scotia 21k de Montréal) en avril. Je vise 1 h 07, ce qui me permettrait sûrement de faire un top 5, mais pour la victoire ce sera trop difficile. Je vais surtout me concentrer sur mon temps et mes sensations. »
Max participera aussi cette année à plusieurs courses organisées par les boutiques MEC, comme le Marathon du mont Royal à l’automne. Il pourrait aussi, en fonction de ses projets familiaux (il est papa d’un garçon de 1 an et 4 mois), s’envoler pour l’île de La Réunion en octobre et se joindre aux Guerriers du Grand Raid, le groupe de coureurs constitué par la Clinique du Coureur pour participer à l’une des épreuves de la Diagonale des fous.
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