Anne Bouchard : la saison de la pleine confiance

Anne Bouchard a vécu une expérience qui l’a transformée lors du 24h de Tremblant – Photo : Marie-Ève Jalbert

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En prenant le départ du 24h de Tremblant, au début décembre, Anne Bouchard ne s’attendait pas à ce que cet événement se révèle aussi significatif dans son cheminement. Encore profondément émue par ce qu’elle a vécu, la coureuse montréalaise est prête à amorcer sa saison 2019 avec une confiance en elle décuplée.

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« Ça a été une expérience émotive, vraiment intense pour moi. Ça m’a pris trois semaines pour arrêter de pleurer après l’événement tellement ça m’a touchée », raconte l’athlète de 44 ans.

Pour des raisons logistiques, Anne a passé huit heures à courir sans eau ni nourriture, par un froid glacial et alors que les conditions du sol avaient déjà mis ses muscles à rude épreuve. Elle a dû puiser au plus profond d’elle-même pour continuer à mettre un pied devant l’autre.

« J’avais promis à des enfants malades que je courrais 24 heures pour eux. Je n’arrêtais pas de penser à la volonté de leurs parents qui se lèvent le matin. Ils n’en peuvent plus. Ils sont fatigués. Ils doivent aller travailler. Ils passent des heures par semaine à l’hôpital et ont dix millions de rendez-vous, mais ils n’ont pas le droit de dire que ça ne leur tente pas. Pour eux, je n’avais pas le droit d’arrêter d’avancer. » Elle a finalement cumulé 135 kilomètres en 21 heures.

Cette expérience physique, mentale et humaine lui a permis de toucher à la « pureté de la volonté », évoque-t-elle. « Ça m’a permis de construire beaucoup de confiance en moi. Je sais maintenant que j’ai cette volonté-là. Je n’ai qu’à y aller et à y croire. Il faut arrêter d’avoir peur d’avoir faim, soif ou de manquer de quelque chose. Ça ne prend pas grand-chose à ton corps pour pouvoir continuer d’avancer. »

De la Pandora -24 à l’Ultra Trail Académie

Ce gain de confiance lui servira assurément lorsqu’elle prendra part aux courses inscrites à son calendrier 2019, sur des distances qui devraient osciller entre 80 et 160 kilomètres.

Celle qui se surnomme « la grand-maman de la trail » fera d’abord équipe avec la jeune athlète prometteuse Anne Champagne lors de la Pandora -24, le 16 février. Elle devrait ensuite s’aligner au départ d’une course printanière qui reste à déterminer.

Le 100 miles de l’Ultra-Trail Gaspesia 100 pourrait également figurer dans ses plans, à la mi-juin, mais rien n’est encore confirmé. Anne Bouchard aimerait bien pouvoir terminer ce parcours gaspésien, car elle n’y était pas parvenue l’an dernier. Chose certaine, elle courra lors de l’Ultra Trail Académie, le 13 juillet, dans la région de Portneuf. Elle n’a pas encore choisi sur quelle distance.

Viendra ensuite le 80 km de La Chute du Diable, au début du mois de septembre, en Mauricie. À moins qu’elle ait la chance d’être sélectionnée pour une course à l’étranger dont elle préfère taire le nom pour le moment. Anne sera fixée en mars à ce sujet, précise-t-elle.

Jamais loin des podiums

anne 2 - largeAnne Bouchard a terminé 29e lors de l’UTMB 2018. – Photo : Maindru

Anne Bouchard n’avait jamais pratiqué de sport d’endurance avant de goûter à la course en sentier, en 2012. La course l’a profondément changée. Elle était auparavant très exigeante et axée sur la performance à tout vent, convient-elle. « Quand tu donnes autant pour franchir la ligne d’arrivée, tu es comme un oignon. Tu dois t’éplucher pour arriver au bulbe, l’essence même de toi-même. »

Cette meilleure connaissance d’elle-même l’a rendue beaucoup plus zen, dans toutes les sphères de sa vie, et cela se perçoit très bien lorsqu’on a la chance de discuter quelques minutes avec elle.

Malgré le fait qu’elle ne court jamais pour la performance ou les résultats, l’athlète a connu une impressionnante progression en augmentant graduellement les distances sans jamais s’éloigner des podiums. La fiscaliste du Cirque du Soleil a notamment terminé 22e de la CCC (101 km, 6100 m D+) en 2016, et 29e lors des 170 kilomètres de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc, en août dernier.

Cette progression, Anne veut la poursuivre au-delà des 100 miles. « Je veux voir ce qui se trouve plus loin, pas tant pour le nombre de kilomètres, mais plutôt pour l’aventure que cela représente », s’enthousiasme l’athlète commanditée par The North Face.

Anne Bouchard se garde bien de parler de ses performances à ses deux enfants, âgés de 6 et 10 ans. Elle veut plutôt leur inculquer la notion du plaisir de courir, du dépassement de soi et de l’aventure tout en les incitant à aller jouer dehors le plus souvent possible.

Entre les cours de gymnastique de sa fille, les parties de baseball de son garçon, les cours de natation et le ski en famille l’hiver, Anne trouve tout de même le moyen de courir entre 16 et 18 heures lors de ses grosses semaines de préparation.

Même si elle souhaite augmenter la distance, elle sait pertinemment qu’elle ne peut accroître le temps passé à l’entraînement. Fan incontestée de l’efficience, la Montréalaise compte donc miser sur la qualité plutôt que la quantité. Grâce aux conseils de deux entraîneurs, elle espère ainsi développer certains potentiels encore sous-exploités, dont sa vitesse.

La planification, un gage de succès

anne 3 - largeAnne Bouchard sait maintenant ce qui fonctionne pour elle – Photo : Nicolas Mithieux

L’expérience est également payante pour Anne Bouchard. Son calendrier annuel est désormais mieux planifié. Il n’est plus question d’y inscrire une course extrêmement longue en début d’année, alors que son métier l’oblige à travailler entre 50 et 60 heures par semaine à ce moment.

Par ailleurs, peu importe sa préparation physique, elle sait dorénavant qu’elle doit mieux planifier sa logistique familiale dans les jours précédant la course, sans quoi elle prendra le départ avec une trop grande fatigue accumulée.

« C’est ce qui m’est arrivé au Gaspesia 100 l’an dernier. J’étais prête physiquement, mais mentalement, j’étais fatiguée. » Ce fut tout le contraire lors de l’UTMB, quelques mois plus tard, ce qui lui a valu un top 30 lors de la plus grande course en sentier au monde.

Les jeunes coureurs ont grandement à apprendre de la « grand-maman de la trail ».

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