L’athlète franco-montréalais Mathieu Blanchard a réalisé un nouveau défi personnel ce dimanche 30 mai, en complétant 100 fois une montée et une descente très abrupte sur le mont Royal, à Montréal, afin de cumuler plus de 10 000 mètres de dénivelé positif et négatif. Il s’est écroulé au sol après 15 h 45 d’efforts.
« L’UTMB a été annulé la semaine dernière, alors c’est un clin d’oeil », a expliqué Mathieu lors d’une courte entrevue au pied de la pente dite des « Éboulis », très connue des amateurs de trail montréalais, puisqu’il s’agit d’un mur presque vertical de roches que l’on peut grimper pour travailler ses quadriceps.
« Je suis fatigué, j’ai mal partout, je ne réalise pas trop ce que je viens de faire », a-t-il confié tard dimanche soir, après être rentré à la maison.
Mathieu Blanchard avait nommé ce nouveau défi « Du mont Royal au mont Blanc », puisque cette course mythique, à laquelle il devait prendre part pour une deuxième fois fin août totalise 10 000 m de D+ sur ses 170 km de parcours. Il a parcouru ce dénivelé en seulement 68 km.
C’est aussi ce week-end qu’il devait participer à la XTerra Tupuna Trail à Tahiti, une course abrupte de 45 km qu’il avait remportée l’an dernier.
Les événements auxquels Mathieu devait prendre part cette saison étant tous annulés, pour cause de pandémie de coronavirus, c’est à la maison qu’il teste ses entraînements pour ne perdre ni la forme ni la motivation. En avril, il avait réalisé le tour complet de l’île de Montréal à la course, un 125 km de route complété en 10 h 29, en substitution de la Penyagolosa Trail à laquelle il devait prendre part en Espagne.
Au moment de le rencontrer en journée, Mathieu était tout sourire, malgré les quelque 5200 m de D+ déjà dans les jambes après 7 h 30 d’effort – il avait démarré à 4 h du matin. « Kipchoge dit qu’il court plus vite quand il sourit », a-t-il lancé, avant de poursuivre la montée, accompagné du traileur élite Elliot Cardin, et du Doc Simon Benoit, venus le soutenir pendant plusieurs montées et descentes.
D’autres amis de Mathieu sont venus l’encourager et ont fait un bon nombre de montées avec lui, notamment Olivier Gagnon, Geoffrey Lonca, Charles Benoit ou encore William Walcker. Certains ont amené des brownies, d’autres de la crème glacée… des petites attentions « qui ont aidé sur le mental », assure Mathieu. D’autant que « les muscles étaient un peu figés dans le dernier tiers, surtout que je n’avais pas assez de temps ou pas assez de plat pour les reposer entre deux montées-descentes ».
Le coureur Nicolas Danne, qui a lui-même couru un ultra de 160 km dans Villeray en avril, a assuré la gestion technique de tout le projet du début à la fin.
En raison de la pandémie, Mathieu n’avait pas voulu faire connaître son projet avant de l’entamer, ni inviter trop d’amis, afin de respecter les règles.
Un défi qui se prépare
Après le tour de Montréal, Mathieu avait pris une semaine d’arrêt complet, avant de se lancer dans la préparation de son défi D+.
« Les Éboulis, je les connais par coeur, dit-il. J’en fais même des cauchemars la nuit. Je fais juste voir des roches qui défilent sous mes yeux! »
C’est que Mathieu est allé s’entraîner presque tous les jours sur la fameuse pente, afin de bien se muscler les jambes. Il est aussi aller s’entraîner au mont Tremblant et à Lac-Beauport, près de Québec. « Un défi comme ça, ça se prépare, ça ne s’improvise pas », affirme-t-il.
Même chose pour les bâtons, qu’il a utilisés tout au long de sa course, afin de se stabiliser. Il s’est d’ailleurs entraîné à la maison avec des élastiques pour renforcer les muscles du haut du corps, « parce que si tu n’es pas prêt pour les bâtons, ils ne servent à rien », assure Mathieu. Il a fait au moins 30 minutes par jour de ce type d’entraînement musculaire au cours des dernières semaines.
Malgré la préparation, il était inquiet avant de se lancer. « Je n’étais pas confiant d’être capable de faire les 10 000 m de D+. Les Éboulis, ce n’était peut-être pas une bonne idée. Je sais ce que c’est 10 000 m de dénivelé, mais là, il n’y avait pas de répit. Sur l’UTMB, il y a des parties où tu cours à plat, tu ne fais pas juste monter et descendre. »
Un défi dangereux
Dès l’aube, le défi a failli prendre un mauvais tournant, a révélé Mathieu, parce qu’il s’est viré une cheville après seulement deux heures de course.
« Pendant une heure et demie, ça m’a vraiment fait mal, a-t-il expliqué, mais la douleur est partie. Il faut être très vigilant, parce que tu perds ta proprioception quand tu te tournes une cheville. Je cours un peu plus sur la jambe droite. »
De plus, il avait très mal dormi au cours des deux ou trois nuits précédentes. « La nervosité, le stress, le doute… je ne sais pas pourquoi. Je voyais qu’il y avait une possibilité que je ne réussisse pas. Je prends ça très à coeur. »
« Dans les Éboulis, si tu fais une erreur, tu te fracasses, insiste Mathieu, sourire en coin. Tu n’as pas le droit à l’erreur. Si tu tombes et que tu roules dans les pierres… », dit-il sans finir sa phrase.
« Pour monter, il ne faut pas regarder en haut, il faut juste regarder ses pieds, parce que sinon ça décourage. En descente, il faut être super concentré, et c’est dur quand la fatigue s’installe et que la lucidité est moins grande. »
Les prochaines semaines seront consacrées à la préparation de nouveaux défis, promet Mathieu. Il entend compléter un Ironman en mode solo à Tremblant, alors qu’il n’a jamais fait de triathlon de sa vie, et réaliser une course de type « Every Single Street » (parcourir toutes les rues ou tous les chemins d’une zone prédéterminée en courant) dans un endroit encore secret.
Mathieu Blanchard avait débuté très tôt sa saison de courses avant qu’elle ne soit interrompue par la pandémie de coronavirus partout sur la planète. Il avait terminé deuxième du Tarawera Marathon et avait remporté le 83 km de l’Ultra-Trace de Guadeloupe en février.
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