Audrey Tanguy : « À vos fourneaux, à vos abdos et au dodo! »

La championne française Audrey Tanguy lors de la TDS 2019 qu'elle a remportée
La championne française Audrey Tanguy lors de la TDS 2019 qu'elle a remportée - Photo Franck Oddoux / UTMB

Le confinement obligatoire instauré en France pour endiguer le coronavirus ainsi que l’annulation ou le report de toutes les compétitions, a mis la saison de tous les athlètes européens, souvent avant même qu’elle ne débute, sur pause. Mais comment vivent-ils cette période complètement inédite? Distances+ a posé la question à plusieurs des meilleurs traileurs français actuels au nom de l’ensemble de la communauté de coureurs. Ces entrevues ont été réalisées en avril 2020.

La première à nous raconter son confinement est Audrey Tanguy, double vainqueure de la TDS à l’Ultra-Trail du Mont-Blanc.

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L'ultra-traileuse Audrey Tanguy, confinée chez elle en Haute-Savoie
L’ultra-traileuse Audrey Tanguy, confinée chez elle en Haute-Savoie – Photo : courtoisie

Voici les grandes lignes du palmarès de cette championne savoyarde de 32 ans de l’équipe Hoka (cote ITRA 759) :

  • Double victoire à la TDS et au Trail de la Galinette (2018 et 2019)
  • Deuxième à la Diagonale des fous, à l’Ultra-Trail de l’île de Madère (MIUT) et au 90 km du Marathon du Mont-Blanc 2018 et au Lavaredo 2019
  • Troisième au MIUT 2019
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Distances+ : Comment vis-tu la période de confinement actuelle?

Audrey Tanguy : Je n’ai, dans un premier temps et comme beaucoup de monde, pas du tout mesuré la gravité de la situation. Quand le confinement a démarré, j’ai pensé que nous en avions pour deux semaines maximum et qu’ensuite tout reviendrait « comme avant ». Puis, les choses ont évolué. J’ai eu peur, une peur largement alimentée par les informations à la télévision et sur les réseaux sociaux. Et pour finir, j’ai décidé d’arrêter de m’inquiéter, de simplement prendre du recul sur ce qui nous arrive et d’essayer de tirer tout le positif qu’il y a à prendre de cette crise sanitaire.

Parle-nous de l’impact que cela a eu sur ta motivation.

Ça n’a eu aucun impact sur ma motivation. Je n’ai jamais couru ou ne me suis jamais entraînée en vue d’un objectif précis. J’aime courir, m’entraîner, être en montagne, donc que les courses soient annulées ou non, cela ne m’impacte pas en termes de motivation. Néanmoins, certains beaux projets qui me tenaient à cœur, comme par exemple la Western States, sont repoussés d’un an.

As-tu fait une croix sur ta saison? Sur quoi te concentres-tu désormais?

Mon principal objectif en 2020 est, et demeure, l’UTMB. J’espère qu’il pourra être maintenu. La Transgrancanaria et la Western States Endurance Run (WSER) faisaient aussi partie de mes objectifs de l’année. J’ai eu la chance de courir la Transgrancanaria (4e) juste avant le confinement, et la WSER sera pour l’an prochain. J’ai encore un an pour m’y préparer.

La saison reprendra quand elle reprendra, je ne m’inquiète pas pour ça. Encore une fois, je ne cours pas pour pouvoir faire des courses. Je cours et je m’entraîne, donc j’ai une condition physique qui me permet de faire de belles courses, des voyages et de magnifiques rencontres. Mais le plaisir, je l’ai au quotidien, pas besoin d’attendre les courses pour cela.

Audrey Tanguy a pris la 2e place du 90 km du Marathon du Mont-Blanc 2018
Audrey Tanguy a pris la 2e place du 90 km du Marathon du Mont-Blanc 2018 -,Photo : Cyrille Quintard

Quel enseignement tires-tu de ce que nous sommes en train de vivre?

Cette crise sanitaire est avant tout une crise écologique, or étant une grande amoureuse de la nature et également tout à fait consciente que, de par mes nombreux voyages, je ne suis pas un modèle sur le plan de l’écologie, j’ai décidé de modifier mes habitudes d’achat pour n’aller que chez des producteurs locaux. J’ai fait une croix notamment sur l’avocat, l’un de mes fruits préférés, car j’ai appris que sa culture nécessitait un apport considérable en eau, souvent au détriment des populations locales, sans parler de la pollution liée à son acheminement. J’essaie de revenir au « bon sens ». Il est logique de consommer ce que nous avons « chez nous » sans aller le chercher à l’autre bout de la planète. 

Quel message ou quel conseil souhaites-tu faire passer à la communauté de traileurs et aux sportifs en règle générale en cette période difficile?

L’entraînement n’est qu’un des trois leviers sur lesquels un sportif peut agir afin d’être au maximum de ses capacités. La nutrition et le sommeil sont les deux autres.

Durant cette période, nous ne pouvons pas vraiment agir au mieux en ce qui concerne l’entraînement, mais le fait de nous adapter et de faire des tâches inhabituelles (préparation physique générale, stretching, préparation mentale) sera, j’en suis sûre, bénéfique.

Il nous reste cependant les deux autres leviers à approfondir. Concentrons-nous sur ce que nous pouvons maîtriser. Avoir un sommeil suffisant et réparateur nous permettra peut-être de récupérer de longs mois durant lesquels nous étions en dette. Préparer de nouvelles recettes, faire attention à consommer des produits frais, des fruits et des légumes de saison, créer de nouvelles recettes de barres pour les prochaines courses, tout cela nous pouvons le faire. Alors à vos fourneaux, à vos abdos et au dodo!

Audrey Tanguy lors de sa deuxième victoire d'affilée à la TDS
Audrey Tanguy lors de sa deuxième victoire d’affilée à la TDS – Photo : UTMB

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