Maude Mathys, la meilleure coureuse de trail au monde, vise maintenant les olympiques

Maude Mathys
Maude Mathys en compétition - Photo : courtoisie

La coureuse suisse Maude Mathys trône au sommet du palmarès des femmes selon l’International Trail Running Association (ITRA), avec deux petits points devant la célèbre Courtney Dauwalter. C’est sur des courses plus petites qu’elle a cumulé les victoires en 2019, telles que la Pikes Peak et la Sierre-Zinal. Distances+ s’est entretenu avec celle qui vise maintenant les Jeux olympiques… en course sur route.

Note de la rédaction : cet article a été publié avant le déclenchement de la pandémie et le report des Jeux olympiques à 2021.

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Maude Mathys court et fracasse des records. L’été dernier, elle a établi une nouvelle marque sur la Sierre-Zinal, dans sa Suisse natale, en complétant la course de 31 km (2100 m D+) en 2 h 49, cinq minutes plus vite que le meilleur temps d’alors, signé 11 ans plus tôt.

Deux semaines plus tard, elle répète l’exploit en remportant la Pikes Peak Marathon, au Colorado, en complétant les 42 km (2380 m D+) en 4 h 02. Elle grignote 12 min 30 au précédent record, établi l’année d’avant par Megan Kimmel.

Ajoutons une belle troisième place à la Dolomyths Run dans le même été, c’est beaucoup de course en peu de temps, mais beaucoup de points au classement mondial de l’ITRA.

Les fondements

Comment l’infirmière de profession, âgée de 32 ans en est-elle arrivée là? Retour en arrière. Pendant un certain temps, Maude a évolué dans le ski alpinisme tout en compétitionnant en course à pied. « J’ai senti que ça faisait trop. Je devais tout le temps être prête », dit-elle.

Après l’accouchement de son deuxième enfant en 2016, elle renonce à la compétition de ski alpinisme et fait le choix de se consacrer à la course en montagne, dont elle est aujourd’hui triple championne d’Europe et quintuple championne de Suisse.

« La course à pied, c’était mon premier sport, là où j’ai commencé à m’entraîner sérieusement. Et puis je trouve cela plus facile; en une heure, on a fait un entraînement. Je peux partir depuis la maison. Je peux courir avec la poussette.  C’est beaucoup plus facile quant à la contrainte matérielle, en termes d’équipement, si on compare au ski alpinisme ».

Conciliation course et famille

Maude Mathys – Photo : courtoisie

Maude, qui s’entraîne maintenant à temps plein, est soutenue par une équipe ainsi que par son mari et ses enfants. Elle pense avoir trouvé le bon équilibre. « J’arrive à m’entraîner presque comme je le souhaite, et je suis présente pour ma famille », dit-elle. 

Pendant que sa fille aînée est à l’école, Maude s’entraîne, soit en transportant à la course son fils dans la poussette, en le portant sur ses épaules lors d’une marche ou encore en courant sur le tapis roulant pendant qu’il joue.

« Je ne changerais rien. J’ai vraiment ce bon mélange où je peux jouer avec les enfants et où je peux m’entraîner comme je veux. C’est super. »

Objectif Tokyo

Au cours de la prochaine année, l’objectif demeure sans conteste sa participation aux Jeux olympiques de Tokyo, où elle souhaite prendre part au marathon.  

« Si je suis qualifiée, je vais faire quand même pas mal de course sur route cette année, mais conserver un petit peu de course de montagne avec les compétitions de la Golden Trail Serie, confie-t-elle. Je ne vais pas participer à toutes les courses, bien sûr, mais peut-être en faire une ou deux, comme Zegama, qui est assez tôt dans la saison. Après, le focus sera vraiment Tokyo, en août ».  

Là-bas, elle vise de faire un bon chrono d’abord pour elle-même, soit sous la barre des 2 h 30. Elle ne mise pas tant sur le classement que sur l’expérience.  

Qu’en est-il du plan B? « Si je ne suis pas qualifiée, je vais faire trois courses des Golden Trail Series, soit Zegama, le Marathon du Mont-Blanc et Sierre-Zinal ».  

Courir vite et moins longtemps

Maude a été tentée par les courses de longue distance, mais au final, elle a fait le choix de se développer autrement que dans l’ultra.  

« J’ai décidé de faire du plus court parce que ça prend moins de temps et parce que j’avais envie de faire plus de compétitions par année, explique-t-elle. J’ai de nouveau envie de me relancer sur du long, mais pas pour l’instant. Je dirais plutôt dans trois ou quatre ans, en fin de carrière. Mais pas du très, très long. Pas plus de cent kilomètres ».

Apprendre et avancer

L’année 2019 a été riche en apprentissages. Victime d’une entorse à la cheville, au mois de juillet, Maude mentionne qu’il ne faut pas avoir peur de manquer certains entraînements et de ne pas suivre le plan exactement comme il est. 

« Parfois, il ne faut pas avoir peur de changer de sport ou même de prendre une pause. Ça peut vouloir dire de faire plutôt du vélo, du ski de fond ou autre chose que de courir. Et les résultats sont quand même là », constate-t-elle.

Elle en a d’ailleurs été impressionnée d’avoir pu exploser le record de parcours à Sierre-Zinal alors qu’elle ne pensait pas du tout faire une performance et que ses entraînements s’étaient plus ou moins bien déroulés en raison de sa blessure. 

La sagesse vient avec l’expérience. En tant que sportive élite, elle compose avec le corps comme outil de travail. « Maintenant, avec les années et le recul, je me dis ˝prends une pause, fais autre chose ou abandonne ces objectifs parce que tu t’en vas droit dans le mur˝. J’accepte plus les blessures ».

Un texte écrit en collaboration avec Vincent Champagne.