Les raids multisports ou varier les plaisirs en pleine nature

vélo tout-terrain
Épreuve de vélo tout-terrain lors d'un raid multisports - Photo : Jean-Jacques Raynal

Le raid multisports séduirait de plus en plus de sportifs amoureux de la nature, désireux d’aborder les grands espaces autrement que par le trail, en partageant une expérience en équipe. Distances+ vous propose une découverte de cette discipline en développement, notamment avec ceux qui la pratiquent avec passion.

Le raid multisports de nature est « composé d’au moins trois sports de nature enchaînés ou, au minimum, de deux activités linéaires et un atelier en terrain naturel varié, le tout non motorisé, en équipe », selon la définition de la Fédération française de triathlon (FFTri), qui est en charge de la discipline depuis 2017 (auparavant elle était sous l’égide de la Fédération des raids multisports en nature).

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On trouve une trace de certaines épreuves dès 1970, principalement en Nouvelle-Zélande, mais les raids multisports ont connu un premier intérêt médiatique en France au début des années 1990. Proche de Thierry Sabine, le créateur du rallye Paris-Dakar, le journaliste à Europe 1 Gérard Fusil a imaginé le Raid Gauloises (première édition en 1989). Très vite, l’épreuve est présentée comme le summum de l’aventure sportive.

Ces nouveaux aventuriers installent leur terrain de jeu un peu partout dans le monde, Costa Rica, Nouvelle-Calédonie, Argentine, Oman, Équateur, Vietnam, Himalaya… Et pour corser un peu plus l’expérience, ils privilégient des endroits jugés hostiles, tant par la nature du terrain à traverser (jungle, désert, montagnes, etc.) que par les conditions extrêmes à affronter.

Summum de l’aventure sportive

canoe raid
Photo : Jean-Jacques Raynal

Après différentes péripéties au niveau de l’équipe d’organisation, le raid va évoluer et surtout faire des « petits ». Aujourd’hui, l’Adventure Racing World Series, créée en 2001, est considéré comme le circuit référence. Des équipes mixtes de quatre membres s’affrontent pendant plusieurs jours sur des distances supérieures à 500 km. Pour les meilleurs, parfois près de cinq jours à enchaîner en haute montagne le vélo tout-terrain, l’escalade, le trail, le canoë, le rafting, la spéléologie, et de multiples autres réjouissances comme parfois l’équitation.

Une saison normale propose une quinzaine de courses avec des voyages au Paraguay, aux États-Unis, en Colombie, en Australie, au Lesotho ou encore en Croatie ou en Malaisie, avec en point final, le championnat du monde, qui devrait avoir lieu en 2021 du 2 au 12 octobre en Espagne. 

Le Raid in France, une vitrine grandeur nature

Raid in France
Sur le parcours du Raid in France 2016 – Photo : Jean-Jacques Raynal

Réputé pour être une des étapes les plus exigeantes du circuit, le Raid in France accueillera du 25 juin au 3 juillet les meilleures équipes mondiales dans le massif du Mont-Blanc. Au programme : environ 500 km et près de 20 000 m de dénivelé positif en continu et en autonomie complète, GPS interdit (orientation sur des cartes à l’échelle 1:50000), parcours secret jusqu’au départ, etc. Pas de quoi affoler les candidats à l’aventure. La preuve, les inscriptions ouvertes le 1er octobre 2020 étaient closes au bout d’une semaine avec 70 équipes dont plus de 20 en provenance de l’étranger.

« On ne s’attendait pas à ce que ça aille aussi vite, a reconnu Pascal Bahuaud, organisateur du Raid in France, ancien rameur (finaliste en aviron aux Jeux olympiques de Séoul en 1988) et depuis longtemps spécialiste des raids (10 raids Gauloises, cinq fois deuxième, deux fois troisième). On avait imaginé partir avec 50 équipes, mais on a finalement décidé d’en prendre 70. » La demande traduit l’engouement pour cette discipline.

« La notion de raid multisports c’est un peu l’auberge espagnole, estime toutefois Pascal Bahuaud. Il y a de multiples déclinaisons, de l’épreuve familiale jusqu’aux épreuves expédition, du type Raid in France. Chacun peut trouver ce dont il a envie. En ce qui concerne le Raid in France, je préfère le terme anglais Adventure Racing. Les formats courts, en revanche, se rapprochent davantage d’un triathlon nature version Xterra (triathlon où la course à pied est typée trail et le vélo se fait en VTT), avec tout de même la spécificité de l’orientation. Les Anglo-saxons ont pas mal développé les courses de 24 ou 36 heures. Si l’on veut donner une définition générale, le raid c’est un itinéraire à parcourir en autonomie et en équipe, avec de multiples sports. La notion de mixité est également importante. C’est aussi une immersion complète dans la nature. Notre [ligne de base est d’ailleurs le retour à la nature]. L’aventure se vit par la découverte. Quand nous traçons un parcours, nous ne recherchons pas l’aventure à tout prix, mais ce que l’on va pouvoir rencontrer et faire découvrir. » 

Avancer en équipe, une des clés de la réussite

escalade raid
Photo : Jean-Jacques Raynal

La notion d’équipe est une valeur partagée par tous les adeptes du raid multisports et l’un des fondements de la discipline. « Tout être humain qui se confronte à ses limites physiques en milieu naturel fait l’expérience que bienveillance et confiance en l’autre sont les moteurs les plus puissants pour surmonter les difficultés, confiait Stéphanie Blocks de l’équipe Arverne Outdoor sur la ligne d’arrivée du Raid in France en 2017. Se mesurer en équipe à la force de la nature, tenter de l’apprivoiser un peu, goûter sa beauté cachée, trouver des solutions pour continuer à avancer : tout cela est une extraordinaire école de vie. »

« La notion d’équipe est primordiale, confirme Pascal Bahuaud. Des équipes venues pleines d’ambitions constituées de quatre “Terminator”, on en a vu sur le circuit. Comme l’armée américaine par exemple. Généralement, ça tient deux jours et ça explose gentiment. La gestion en équipe est essentielle et passe par une grande empathie. Par exemple, le poids que l’on transporte doit être considéré comme un poids d’équipe et non comme l’addition de quatre poids individuels. Il y en a toujours un qui est moins bien que les autres et en fonction des variations de forme, on va décharger le coéquipier le moins bien. Et souvent quelques kilomètres plus tard, les rôles s’inversent, explique l’organisateur du Raid in France. Sur quatre ou cinq jours, c’est quand même rare qu’il n’y ait pas d’erreurs d’orientation. Quand l’orienteur se rend compte de son erreur et avertit les autres qu’il s’est trompé, qu’il faut faire demi-tour et se retaper 300 m de D+, si l’équipe n’est pas soudée, ça peut compliquer les choses. » 

Les femmes et les hommes font jeu égal

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Sur le parcours du Raid in France – Photo : Jean-Jacques Raynal

« Ce sont des émotions très intenses dans les deux sens, s’enthousiasme Fanny Fréchinet, membre de l’équipe Lozère Team2Raid, une des meilleures équipes mondiales de raid multisports. Tu peux vivre des moments incroyables dans l’euphorie, mais aussi, à l’inverse, dans les périodes très dures. Tu dois toujours penser à avancer ENSEMBLE. Si dans une course individuelle, tu es au fond du trou, ça devient très compliqué. Quand tu es en équipe, tu as toujours à l’esprit que tu ne cours pas que pour toi et ta propre satisfaction, mais pour les autres aussi. C’est un formidable moteur. Je garde toujours ça à l’esprit. Même si j’ai déjà été très mal, je ne me souviens pas avoir imaginé abandonner et tout arrêter (si un seul membre renonce, toute l’équipe est éliminée, NDLR). Quand c’est un autre qui est dans la difficulté, tu dois toujours rester positif. Dans notre équipe, on essaie de rester sur le thème de la déconnade. C’est notre passion, nous avons choisi d’être là et cette activité représente une grande partie de notre vie. Ok on est dans le dur, mais c’est aussi parce qu’on aime ça. »

Dans le raid multisports, on retrouve souvent la formule « trois gars et une fille ». « Ce n’est pas toujours un choix, mais plus souvent une obligation puisqu’il y a moins de filles dans la discipline, analyse Fanny. J’ai toujours été dans des formations où je n’étais pas vue comme la fille, mais simplement comme un membre de l’équipe. Mais c’est vrai qu’il y a parfois des équipes où la fille est celle qu’il faut traîner. Une plaisanterie dans le milieu dit que “la fille fait partie du matos obligatoire à emporter”, mais c’est faux. Évidemment les capacités physiques d’une fille sont souvent moins grandes que celles des hommes, c’est comme ça, mais sur le long, ça s’équilibre. Sur l’endurance, il n’y a pas de différence. Et si on va sur le mental, c’est vrai qu’il y a parfois une différence… mais à l’avantage des filles. Dans une équipe, il faut juste que chacun trouve sa place. » 

Un discipline pour tous les niveaux

Photo : Jean-Jacques Raynal

Pas besoin d’être un golgoth donc et d’être capable d’endurer les efforts les plus intenses sans pratiquement dormir pendant plusieurs jours pour goûter aux joies du raid multisports. À l’instar du triathlon où l’Ironman n’est pas la règle ou du trail où l’ultra n’est pas un passage obligé, l’extrême n’est souvent qu’une vitrine.

« Ces images des raids expéditions font rêver, elles donnent envie d’essayer, se félicite Claire Grossoeuvre, conseillère technique nationale à la Fédération française de triathlon (FFTri), en charge des raids. Les gens commencent par un format court puis augmentent petit à petit les distances. Nous avons souhaité laisser une grande indépendance aux organisateurs. Il n’était pas question d’imposer des formats uniques. »

Fin octobre 2020, les championnats de France ont regroupé plus de 40 équipes de quatre coureurs pour un périple de 200 km à travers la Drôme et l’Ardèche, avec au programme VTT, trail, tir, kayak et bien évidemment orientation.

Le développement de la discipline du raid s’explique effectivement par la multiplication ces dernières années d’épreuves accessibles sans forcément beaucoup d’entraînement. « Il y a des formats adaptés pour tous, se réjouit Claire Grossoeuvre. Cela va d’épreuves disputées sur à peine plus d’une heure aux raids expéditions comme le Raid in France. Il y a même des formats découverte sans chrono. Nous avons aussi des formats pour les familles avec souvent un adulte et un ou deux enfants. Nous nous réjouissons surtout de l’essor du raid multisports chez les jeunes. Aujourd’hui, il y a une explosion au niveau des collèges et avec 80 000 élèves pratiquants cette activité, ce sport fait partie du top 10 pour les activités UNSS (union française du sport scolaire). Il regroupe les valeurs du sport nature avec également l’importance du groupe et de l’équipe. Il développe aussi la polyvalence et l’autonomie. »

Le raid multisports est aussi la promesse d’une expérience intense dans un milieu naturel où le « raideur » a souvent le bonheur de découvrir des splendeurs cachées loin des sentiers. « Ce qui est magique dans le raid, c’est la perpétuelle découverte, s’enflamme Fanny Fréchinet. Chaque course a son lot de nouvelles sensations et de nouvelles expériences. On ne vit jamais deux fois la même émotion. Et on prend un plaisir fou à se laisser surprendre par des moments que l’on n’avait jamais vécus avant. » Découverte, sensations, émotions, autant d’éléments qui font du raid multisports une discipline pleinement dans l’ère du temps. 

canyoning raid
Photo : Jean-Jacques Raynal



 

 

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