Bien connu des pratiquants de triathlon nature, le promoteur de courses Xterra inaugure cette année un circuit de trail running avec des courses au format marathon (42 km) : le Xterra Trail Marathon. Composé de 10 étapes à travers le monde, ce nouveau championnat international propose des compétitions à Taïwan, Tahiti, Malte ou encore au Pays de Galles, en Alabama aux États-Unis, en Italie et en Allemagne. Le Trail des Balcons d’Azur accueillera la seule étape en France métropolitaine.
Distances+ s’est entretenu avec Philippe Cordero, organisateur depuis une vingtaine d’années d’événements sportifs en pleine nature, qui sera le maître d’œuvre de cette dernière étape de la saison, en octobre, à Mandelieu-la-Napoule, dans les Alpes-Maritimes.
À noter qu’en raison de la pandémie, il n’y aura ni classement final, ni vainqueur officiel en 2021. Un système de points et de primes d’argent sera instauré lors des éditions à venir.
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Un changement de date bénéfique?
Philippe Cordero a mis sur pied le Trail des Balcons d’Azur (TBA) en 2007 avec son ami Laurent Gourmaud. L’événement propose un 25, un 47 et un 80 km. « À l’avenir, il nous faudra modifier le parcours de 47 km pour qu’il se rapproche de la distance marathon, à plus ou moins 2 km près », souligne l’organisateur.
Habituellement programmé à la fin du mois d’avril, le « TBA », annulé en 2020, a été décalé cette année au 31 octobre. Cette modification dans le calendrier pourrait lui permettre d’être maintenu malgré la crise sanitaire. « On croise les doigts, dit Philippe. Espérons que d’ici là, tout le monde sera vacciné, qu’on aura l’immunité collective, et qu’il n’y aura pas de nouveaux variants. »
Même s’il est maintenu, le comité Xterra ne devrait toutefois pas être présent lors de l’épreuve puisqu’elle se déroulera en même temps que la finale du circuit cross triathlon Xterra à Hawaï.
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Augmenter la notoriété du TBA
Limité à 1000 participants répartis sur deux journées, le Trail des Balcons d’Azur affiche complet tous les ans. Ce n’est donc pas la quête de popularité qui motive Philippe Cordero et son équipe à intégrer le circuit Xterra. « Le but, c’est la renommée de notre course, pas d’augmenter le nombre de coureurs. La notoriété est un plus indéniable pour les partenaires, pour la ville, pour le territoire, etc. » explique-t-il.
L’autre objectif affiché est « d’internationaliser le panel de coureurs, d’attirer des traileurs aux capacités supérieures pour augmenter le niveau de la compétition ». Philippe Cordero espère par exemple pouvoir faire venir « des triathlètes de la région qui font du Xterra comme (le champion) Christophe Maury ».
Le Trail des Balcons d’Azur, qui emprunte les sentiers enchanteurs du massif de l’Esterel, sur le bord de la mer Méditerranée, a été en partie retenu grâce à la réputation et au réseau de Philippe Cordero et à sa bonne entente avec Nicolas Lebrun, le responsable Europe Xterra, en charge de dénicher de nouvelles épreuves sur le continent. Les deux hommes se connaissaient par l’intermédiaire de la compagne de Nicolas, Alexandra Borrelly, qui avait participé au raid multisports « Boliviania » en Bolivie ainsi qu’au TBA, deux événements organisés par Philippe Cordero.
Le positionnement géographique et géologique de la course a aussi favorisé son intégration au circuit. La compétition du Sud de la France a d’ailleurs été préférée à des courses alpines, les Alpes étant déjà bien représentées sur les étapes suisse et italienne du circuit. De plus, la destination bénéficie d’un fort ensoleillement, elle est proche de l’aéroport de Nice, et les rhyolites rouges, des roches volcaniques qui jalonnent son parcours, confèrent à l’épreuve une identité unique.
Mais la traversée du parc de l’Estérel oblige également les organisateurs à limiter le nombre de concurrents puisque les autorités départementales veillent scrupuleusement à réguler la fréquentation du site, ce qui n’est pas pour déplaire à Philippe Cordero. « La course garde ainsi une dimension humaine. Il vaut mieux augmenter en qualité qu’en quantité », philosophe-t-il.
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Un habitué des organisations d’événements sportifs
Quand il parle de qualité, Philippe Cordero sait de quoi il parle. Ce pompier de métier, père de deux enfants, a déjà été aux commandes d’événements sportifs d’ampleur comme le Raid Boliviana, le Raid Transtica, la Free Ride Classic Mandelieu ou encore le Swimrun Estérel Agathos.
Il est également à l’origine du Swimrun Cannes qui fait partie de l’Ötillö Swimrun World Series.
Dès la fin de première édition de cette compétition associant la natation et le trail, le service des sports de la ville de Cannes, qui avait trouvé l’événement novateur, a demandé à Philippe de lui donner une envergure mondiale, à l’image de son célèbre festival de films et de son triathlon, raconte ce dernier. L’intéressé a alors contacté les promoteurs du circuit mondial pour les convaincre d’intégrer la jeune compétition cannoise. Il a mis en avant le fait que la Côte d’Azur pourrait intéresser les participants des pays nordiques, particulièrement adeptes du swimrun, et qu’elle disposait d’un aéroport international.
Mais le meilleur argument, c’est qu’il y a deux îles juste en face de Cannes, explique Philippe Cordero, estimant que « c’est unique dans le monde ». « Et Ötillö, en suédois, signifie d’île en île », ajoute-t-il, affirmant que le directeur d’Ötillö, Michael Lemmelil, était instantanément tombé amoureux de l’épreuve. Car même si elle se déroule en partie en milieu urbain, elle comporte son lot de nature avec le parc de la Croix-des-Gardes, le quartier de la Californie, et un « paysage digne d’une jungle » du côté de l’ancien funiculaire.
Malgré sa récente apparition en France, le swimrun y rencontre un succès qui ne se dément pas, se félicite Philippe Cordero. « La France est la nation où il y a le plus de courses dans le monde, fait remarquer l’organisateur. On a dépassé la Suède, ça a explosé, et ça ne va faire qu’augmenter! » D’autant qu’en 2020 s’est déroulée la première épreuve majeure, sous le label Ötillö, de ce sport aux États-Unis. Avec l’arrivée de cette discipline là-bas, Philippe croit qu’elle va se développer.
Et ce, malgré les contraintes d’organisation, qui sont supérieures à celles d’un trail ou d’un triathlon. « C’est d’autant plus compliqué à mettre en place qu’il y a une multitude de portions maritimes, précise Philippe. Contrairement à un « tri » où la natation se concentre sur une seule zone, là, c’est découpé en une multitude de parties aquatiques, qui nécessitent à chaque fois une logistique importante de sécurité. »
Également pratiquant de kitesurf, Philippe a pendant un temps eu un projet dans le domaine. Mais « il y a trop d’aléas avec le vent, déplore-t-il. On est trop tributaire des conditions climatiques, et on n’a pas la région pour ça. Il y a des lieux plus adaptés comme le golfe du Lion. »
Il s’était également lancé sur une réflexion concernant un éventuel raid aventure itinérant en kitesurf à l’étranger. « J’avais une idée, mais ça n’a jamais germé. Le kite, c’est moins la compétition. Il y en a, mais c’est moins l’esprit de la discipline », justifie-t-il.
Avec deux compétitions internationales à préparer d’ici l’automne – le Xterra Trail des Balcons d’Azur et le Ötillö Swimrun Cannes -, Philippe Cordero devrait quoi qu’il arrive une saison sportive bien chargée.