Blaise Dubois encadré par deux ambassadeurs de La Clinique du Coureur, David Jeker et Jean-François Cauchon – Photo : courtoisie
DISTANCES+ À LA TRANSGRANCANARIA – Les champions québécois Jean-François Cauchon et David Jeker seront ce vendredi soir (18 h, heure du Québec) sur la ligne de départ du 128 km de la Transgrancanaria, dans les îles Canaries, au large de l’Afrique du Nord. Cette troisième étape de l’Ultra-Trail World Tour (UTWT) permet de les soustraire quelques jours à l’hiver québécois, et de se tester sur un parcours hyper technique avec du gros dénivelé (7500 m de D+) dans la perspective de leur objectif numéro 1 : le Grand Raid de La Réunion en octobre.
La vingtième édition de cette première grosse course de la saison accueille plusieurs des meilleurs coureurs au monde : Pau Capell, Hayden Hawks, Cristofer Clemente, Pablo Villa, Andris Ronimoiss, Vaidas Zlaby, Timothy Olson, ou encore Sangé Sherpa et Julien Chorier chez les hommes pour ne citer qu’eux, et Miao Yao, Magda Laczak, Fernanda Maciel et Kaytlyn Gerbin et les deux Canadiennes Raquel Rivero et Sandra Moreno chez les femmes.
Jean-François Cauchon serein
Jean-François Cauchon est arrivé lundi sur l’île de Grande Canarie pour s’acclimater aux conditions. À 48 heures de la course, il semblait confiant, comme à son habitude.
« On a beaucoup exploré l’île, David Jeker et moi », a-t-il raconté à Distances+, en précisant qu’ils avaient fait une courte sortie à leur arrivée avant d’enchaîner 37 km mardi et presque 20 km mercredi. « Disons que le repos (d’avant-course) va faire du bien, mais les sensations étaient bonnes. J’ai bien hâte! »
« Jeff » espère parcourir la distance en 15 heures. Si c’est le cas, il se classera parmi les meilleurs, mais assez loin de la tête. L’an dernier, l’Espagnol Pau Capell avait en effet franchi la ligne d’arrivée en 12 h 42. Le champion 2018 de l’UTWT sera au départ cette fois encore pour tenter de gagner la Transgrancanaria pour la troisième fois consécutive.
Ce qui plaît à Jean-François sur cet ultra volcanique, c’est le « grand ratio de dénivelé par kilomètres et le fait de découvrir une île en la traversant du nord au sud », résume celui qui, une fois n’est pas coutume, n’a pas fait le déplacement avec sa soeur Elisabeth.
Quant aux conditions météo, qui l’ont fait passer des froides journées d’hiver à Québec à une vingtaine de degrés en pleine journée à Gran Canaria, elles ne semblent pas le déstabiliser du tout. « Il fait maximum 20 degrés, et dans les montagnes c’est beaucoup plus frais, donc c’est facile de s’adapter, affirme-t-il. Il n’y a presque pas d’adaptation à comparer à la Martinique. » Rappelons que Jean-François Cauchon a remporté la TransMartinique en décembre dernier.
David Jeker en quête de repères
Après plusieurs DNF, David Jeker, vainqueur de la première édition du 125 km de l’Ultra-Trail Harricana en 2015, nous avait confié qu’il n’était peut-être pas fait pour les longs ultras. Il estimait être bien plus performant sur les formats plus courts.
Mais David aime les défis, et il a embarqué dans le projet de Blaise Dubois et de la Clinique du coureur qui ont constitué une équipe d’élites (entre autres) pour aller courir d’un même coeur la Diagonale des fous. David doit donc se préparer en conséquence. « Je vais faire de la longue distance au moins jusqu’au Grand Raid, a-t-il confié à Distances+. La Transgrancanaria, c’est justement pour voir où j’en suis dans ma préparation pour la Diagonale, le gros objectif de ma saison. »
« Je suis en forme. J’ai fait de bonnes séances sur tapis roulant, dont un marathon, raconte-t-il. On verra si mes jambes supportent les descentes. On a fait deux bonnes sorties sur le parcours (avec Jean-François Cauchon) et les sensations sont bonnes. »
David Jeker a un avantage non négligeable pour gérer cet ultra réputé difficile : il le connaît très bien, puisqu’il prendra le départ ce soir pour la quatrième fois. « Le nouveau parcours est différent, mais ça reste une fin très roulante après beaucoup de dénivelé, dit-il. Ce n’est pas facile à gérer, mais je n’ai pas l’intention d’être conservateur en début de course pour autant. »
«Si ça se passe bien, je vais peut-être m’abstenir de courir des ultras cet été », pour faire des chronos sur des courses plus courtes, a conclu David.
Mathieu Blanchard déclare forfait
Mathieu Blanchard aurait dû être au départ du 128 km lui aussi, mais il ne s’estimait pas prêt.
« Je me suis laissé un peu de temps de repos après le Hong Kong 100, puis j’ai repris, mais c’était trop court (pour être prêt et performant). » Il a préféré être raisonnable en misant sur le long terme. « Je veux que l’aventure dure longtemps, dit-il, assurant avoir « un moral au top ». « J’ai justement repris fort l’entraînement. J’ai de super sensations, qui seront mises à profit plus tard. »
Mathieu sera en revanche dans deux semaines en Guadeloupe où il prendra part pour la deuxième année consécutive aux Traces du Nord Basse-Terre. Par contre, il ne défendra pas son titre sur la plus longue distance, la course de 154 km à laquelle prendra part Florent Bouguin.
« En ce moment, je remets tout mon focus sur la vitesse. J’en ai perdu énormément à force de ne faire que des ultras. Donc, en ce moment, je suis sur un programme comme si je préparais un marathon. Je vais me refaire la main et reprendre des sensations de vitesse progressivement sur des trails de 50 km et 80 km, demi-marathon sur route et peut-être même que je regarderai pour un trip complètement fou comme un marathon en Corée du Nord. Je retournerai sur les longues courses à partir de juin, probablement sur le Québec Méga Trail (110 km, 4800 m D+).
À noter que Marianne Hogan était également inscrite de longue date à la Transgrancanaria, mais elle s’est cassée la jambe à la fin de l’été dernier et elle n’est pas encore remise. « Je ne suis pas encore capable de courir, mais mon rétablissement se déroule quand même bien », a-t-elle confié à Distances+.
Blaise Dubois en vacances aux îles Canaries
Le patron de la Clinique du Coureur avait décidé de venir se reposer quelques jours aux Canaries et de prendre part à l’épreuve du 128 km. Mais les choses ne se sont pas vraiment passées comme prévu.
« Je ne me sens pas du tout dans le mood de faire une course dans 48 heures, et surtout pas une très longue comme ça, a-t-il commenté, sans aucun stress apparent. Je me suis inscrit à cette course il y a bien longtemps. L’idée était de faire ma plus course longue à vie. J’ai modifié en conséquence mon entraînement cet hiver, mais voilà, je ne suis pas prêt. Je me suis blessé cet automne et je ne suis pas prêt à faire une distance aussi importante. J’ai un désir intellectuel, cognitif, de faire très long mais je ne sais pas si mon corps va vouloir, explique-t-il. Donc je prolonge les distances tranquillement. Mon objectif final, c’est de courir l’une des courses de la Diagonale des fous et d’être suffisamment bien préparé pour avoir du plaisir à la courir. »
« Moi, je suis un physio, pas vraiment un coureur, ajoute-t-il. Je cours pour le plaisir. Il n’y a pas de performance à travers tout ça, c’est plus de la réalisation de soi. Ce que je veux, c’est d’être en santé, pouvoir m’entraîner tous les jours, et me fixer des objectifs qui me permettent d’être plus sérieux dans ma planification. »
Jeudi, Blaise Dubois est finalement parvenu à changer son dossard pour faire la course de 65 km, qui aura lieu samedi.
Josée Prévost fête son anniversaire
Également sur l’île de Grande Canarie, la propriétaire de la Maison de la course, Josée Prévost, et son bras droit, Frédérick Viens. Ce dernier s’élancera sur le 128 km et Josée sur le 65 km.
« Je me sens super bien. J’ai surtout très hâte de découvrir l’île, s’enthousiasme Frédérick. C’est ce qui m’attire le plus. Les paysages sont complètement différents de tout ce que j’ai vu. C’est très sec et très découvert. »
Pas question pour lui de courir aux avant-postes. Comme Blaise, Fred vient là pour profiter en se dépassant. « Mon objectif principal est de bien le finir. J’aimerais rester constant tout au long de la course, dit-il. La première fois que j’ai fait une course si longue, les cinq-six dernières heures avaient été plus difficiles et j’aimerais pouvoir finir en contrôle. Pour ce qui est du nombre d’heures, je n’ai pas trop de repères. C’est difficile à évaluer avec tout le dénivelé qu’il y a. Dans mon cas, c’est le plus grand inconnu. 7000 m c’est beaucoup sur 128 km! »
Mais Frédérick Viens et Josée Prévost ne sont pas venus seuls. « On vient ici avec une belle gang, dit-il, heureux. Il y a ma copine Diana, Lionel le mari de Josée, mes parents et deux amis. C’est donc vraiment une célébration. C’est comme ça qu’il faut prendre ces belles courses. Work hard, play hard! En plus, c’est l’anniversaire de Josée (ce vendredi). Donc double célébration!