Simon Benoit – Photo : Julie Émond
Le médecin-urgentologue Simon Benoit rayonne. Au coeur de Chamonix, qui bat au rythme de l’UTMB toute la semaine, il a le grand sourire aux lèvres dans l’attente du départ de sa course. Demain, mercredi, aux petites heures du matin (6 h, heure française), il battra les sentiers de la TDS, l’une des cinq épreuves que compte l’UTMB.
« C’est un peu la suite des choses pour moi », dit-il, après qu’il se soit confronté à lui-même sur des distances de plus en plus longues au fil des années. « Ça fait longtemps que je rêve d’aller courir dans un paysage qui est complètement différent de ce qu’on connaît au Québec. D’aller courir dans la grosse montagne, dans la roche, et moins dans les racines et la boue, comme on a dans la forêt boréale. »
En 2016, Simon Benoit a complété le 125 km de l’Ultra-Trail Harricana, ce qui est assez similaire à la distance de la TDS (119 km). Toutefois, il n’a jamais confronté un dénivelé aussi intense que celui qui l’attend demain.
« Sur les traces des Ducs de Savoie », le nom complet de cette course, compte en effet un D+ de 7200 m. Ce qui fait bien l’affaire du Doc. « Moi, il faut que le parcours soit accidenté, raconte-t-il. Si le parcours n’est pas accidenté, je me tanne, je deviens engourdi dans la tête et j’ai moins envie. Quand ça grimpe, j’aime ca. »
La course, qui décolle de Courmayeur, en Italie, est complétée par les meilleurs en un peu plus de 14 h. Simon Benoit, lui, aimerait « vraiment la faire en moins de 24 heures. » Il assure ne pas avoir envie de faire une performance, et de ne pas être dans une démarche d’athlète. Ce que cherche Simon, c’est de vivre une aventure.
« C’est quand même pas évident. Il faut prévoir tous les scénarios possibles. Il peut faire de moins 10 degrés à plus 35, dit-il. Je redoute un peu la nuit ».
Une démarche personnelle
Peu importe le résultat, ce qui compte pour Simon Benoit, c’est le chemin parcouru. À ce chapitre, il en a long à partager.
Il y a cinq ans, celui qui est aujourd’hui filiforme et qui prône l’adoption de saines habitudes de vie sur toutes les tribunes, dont Distances+, était sédentaire et pesait plus de 200 livres. Il a pris conscience de sa mauvaise forme et s’est mis au vélo.
Aujourd’hui, il ne peut passer une semaine sans courir et, bien entendu, monter des côtes. C’est au mont Royal qu’il fait des allers-retours dans la fameuse piste de ski à l’arrière du CEPSUM. « Je fais la grande majorité de mes entraînements tout seul », dit celui qui pratique depuis un bon moment le transport actif à la course pour aller au travail, mais qui aime aussi retrouver les coureurs du Club de trail de Montréal, où il est entraîneur.
Sans prétention, Simon assure que le sport fait partie d’une démarche personnelle, qui lui permet de repousser les limites. « Je représente le coureur récréatif qui utilise le temps qu’il a pour essayer de faire le mieux possible, dit-il.
Un plan de match pour finir la course
« Je pense que je peux bien faire, assure Simon. Je me sens particulièrement en forme. »
Dans le but de terminer la TDS, il entend partir conservateur et se garder de l’énergie pour la fin, en accélérant selon les sensations. « Ce n’est pas un festival de la souffrance que je veux faire, dit Simon. Je veux aller chercher un état de contact avec la nature, dans un nouveau milieu, à travers une recherche de symbiose, avec mes capacités physiques et mentales, dans des conditions qui me sont inconnues. Je veux aller chercher un état d’équilibre là-dedans, sur une longue période. »
« Mon idée, c’est de passer à travers tout ça sans finir en difficulté », dit-il, assurant qu’il va traîner dans ses bagages tout ce qu’il a besoin, et tout ce qui est obligatoire.
C’est aux petites heures vendredi matin que Simon Benoit va traverser l’arche d’arrivée, en plein coeur de Chamonix. Son aventure aura alors pris tout son sens.
Regardant vers l’avenir, il envisage déjà la course consécration, l’UTMB. « Pourquoi pas? », répond-il, énigmatique, avec, toujours, ce sourire joyeux aux lèvres.