L’Américaine Courtney Dauwalter a remporté le MIUT 2019 – Photo Mario Pereira / MIUT
Les grandes vedettes de l’ultra-marathon en sentier ont débuté leur saison en fanfare en remportant une ou deux courses de l’Ultra-Trail World Tour 2019. Distances+ vous propose un rapide tour d’horizon de ce qu’il s’est passé ces dernières semaines sur le circuit mondial, préfigurant la suite d’une saison riche et passionnante.
Pau Capell intraitable
À tout seigneur, tout honneur, le champion de l’UTWT en titre, l’Espagnol Pau Capell, que l’on avait quitté en février sur une victoire de prestige à la Transgrancanaria, aux îles Canaries, a remis ça en Argentine en remportant la Patagonia Run le mois dernier. Il a parcouru les 163 km et 8000 m de dénivelé en 19 h 09, record de l’épreuve en prime, et est arrivé avec plus de trois heures d’avance sur son premier poursuivant, Sergio Pereyra, pourtant deuxième meilleur ultra-traileur argentin selon le classement ITRA (8e de l’OCC à l’UTMB l’an dernier). Dans la foulée, le Catalan s’est rendu au Mexique où il a enchaîné avec une victoire et un nouveau record à l’Ultratrail Cerro Rojo México (87 km, 5100 m D+).
Capell est déjà bien installé en tête du classement général de l’UTWT 2019. Pau pow pow!
Courtney Dauwalter sur une autre planète
L’autre très grande championne des sentiers internationaux ces derniers mois, c’est l’Américaine Courtney Dauwalter, victorieuse de la plus récente Western States Endurance Run. Depuis septembre 2017, elle a remporté 12 des 13 courses dont elle a pris le départ. Son seul « accroc » est une deuxième place au 100 km du Black Canyon Ultras en Arizona début 2018. Pour la petite histoire, elle avait été battue par la Canadienne Alisa Macdonalds. L’athlète de 34 ans se classe la plupart du temps dans le top 10 au classement général. Elle a même gagné plusieurs ultras devant des hommes, notamment le 50 miles de Behind the Rock, en mars.
Courtney a remporté les deux courses de l’UTWT auxquelles elle a participé en ce début d’année, à savoir le Tarawera Marathon (101 km, 3800 m D+), en Nouvelle-Zélande, en février, et l’Ultra-Trail de l’île de Madère, le célèbre MIUT (117 km, 7300 m D+), au Portugal, le week-end dernier. Elle est devancée au classement général de l’Ultra-Trail World Tour par l’Américaine Kaytlyn Gerbin, arrivée « seulement » 6e du MIUT. Elle est parvenue à cumuler plus de points que sa compatriote en raison de sa 2e place à la Transgrancanaria, qui fait désormais partie de la catégorie Bonus Series (1300 points la victoire contre 1000 points pour le MIUT).
François D’Haene enchaîne
Pour la deuxième fois en deux participations, c’est le champion français François D’Haene, qui s’est adjugé le MIUT après 13 h 50 de course. Il est resté en tête du début à la fin, résistant notamment à l’Américain Tim Tollefson, troisième de la course derrière le Suisse Diego Pazos. Durant l’hiver, D’Haene a avalé un dénivelé monumental en ski alpinisme et il a prouvé sur un parcours au ratio km/D+ monstrueux (les 7500 m de D+ se concentrent sur les 90 premiers kilomètres) qu’il a déjà les cuisses pour tenir le monde entier à distance. Il sera à la fin du mois sur le 115 km de la Maxi-Race à Annecy, dans les Alpes françaises avant de se concentrer sur l’un de ses gros objectifs de la saison : la Hardrock 100.
Xavier Thévenard inébranlable
Xavier Thévenard – le gars qui a remporté TOUTES les courses de l’UTMB, dont trois fois l’Ultra-Trail du Mont-Blanc, a dû affronter un temps de chien au pays du soleil levant le week-end dernier, mais il a fait le travail pour remporter relativement aisément l’Ultra-Trail du Mont-Fuji (166 km, 7625 m D+), l’étape japonaise de l’Ultra-Trail World Tour. C’est « une épreuve à la fois roulante pour les marathoniens avec des grands boulevards sur le macadam, mais aussi verticale pour les grimpeurs avec des passages techniques où il faut poser les mains », a-t-il résumé sur sa page Facebook. Après 27 heures de course, les conditions climatiques se sont tellement dégradées sur le parcours de l’UTMF, avec une chute des températures et d’importantes chutes de neige que l’organisation a mis un terme à la course pour des raisons de sécurité.
L’athlète jurassien a parfaitement réussi sa transition entre sa saison de ski de fond, un sport dans lequel il excelle – cet hiver, il a réussi à parcourir la Grande Traversée du Jura aller-retour, soit 378 kilomètres, en moins de 24 heures – et sa saison de course en sentier, qui passera elle aussi par une revanche à la Hardrock 100.
Les autres courses de l’UTWT en bref
Le Marathon des Sables, célèbre course par étapes dans le Sahara, a été remporté comme d’habitude (sixième fois) par le Marocain Rachid El-Morabity. À noter toutefois que le MDS a disparu cette année du calendrier de l’Ultra-Trail World Tour. Ni le MDS, ni l’UTWT n’a communiqué sur le sujet alors que la course était bien sur la vidéo officielle du circuit mondial diffusée fin 2018. L’an dernier, c’est la Diagonale des fous qui s’était retirée.
Rappelons que le Marathon des Sables, tout comme le Grand Raid de la Réunion, avait été déclassé il y a deux ans de la catégorie « Bonus Series » (Transgrancanaria et UTMB, rapportant 1300 points aux vainqueurs) à la catégorie « Series » (HK100, MIUT, Lavaredo, Western States et CCC, rapportant maximum 1000 points). L’Ultra-Trail Harricana, tout comme la Patagonia Run, fait partie de la quatrième catégorie, celle des Challengers, qui ne rapportent que 400 points aux premiers qui passent la ligne d’arrivée.
L’Istria 100 (170 km, 7100 m D+), en Croatie, a été remporté par le Japonais Kazufumi Ose et la Slovaque Katja Kegl Vencelj.
Le Penyagolosa Trail (85 km, 4900 m D+), en Espagne, a été remporté par Ernest Ausiro, de la principauté d’Andorre – devant le très en forme coureur des Canaries Cristofer Clemente (3e de la Transgrancanaria) -, et l’Espagnole Gemma Arenas.
L’Istria 100 et le Penyagolosa sont deux courses de la catégorie Pro (700 points aux vainqueurs).
La prochaine course au calendrier de l’Ultra-Trail World Tour sera l’Ultra-Trail Australia, dans deux semaines (16-19 mai 2019).
Que deviennent les champions Kilian Jornet et Jim Walmsley?
Kilian Jornet est encore les pieds dans la neige en Norvège, mais il retrouvera bientôt les sentiers. Le jeune papa a modifié sa structure d’entraînement en courant tout l’hiver l’après-midi après ses sorties matinales de ski alpinisme. L’idée était de faciliter sa transition vers le trail, mais surtout d’être encore en mesure de progresser. Il devait être lui aussi au début de l’été au départ de la Hardrock 100 aux États-Unis, face à François D’Haene et Xavier Thévenard, mais il a renoncé, préférant courir moins et se focaliser sur trois courses, à savoir Zegama, Sierre Zinal et le Marathon Pikes Peak du circuit Golden Trail Series de Salomon.
Quant à l’Américain Jim Walmsley, vainqueur et détenteur du record de la Western States, mais aussi meilleur ultra-traileur au monde selon le classement de l’ITRA, il a battu ce samedi 4 mai le record du monde du 50 miles sur route (4 h 50 min 08 sec) sous la chaleur californienne. Son principal objectif était le record sur 100 km, mais il a explosé en vol, rétrogradant à la quatrième place, à une heure du champion du monde du 100 km, le Japonais Hideaki Yamauchi. Le record de la distance demeure détenue par le Japonais Nao Kazami, qui avait couru sur ses terres l’an dernier en 6 h 09 min 14 sec.