David Jeker, gagnant du 125 km de l’UTHC 2015, entouré de Florent Bouguin, Sébastien Côté et Sébastien Boivin – Photo : Pierre-Étienne Vachon
L’athlète Florent Bouguin participera pour la quatrième fois à l’Ultra-Trail Harricana (UTHC) ce weekend. L’épreuve de 125 km, qu’il avait abandonné en 2015, est la seule qu’il entame en sol québécois cette année. Et c’est la seule distance de l’UTHC qui manque à son tableau.
Face à lui, plusieurs athlètes de haut calibre voudront aussi bien faire dans les sentiers, notamment David Jeker, qui avait raflé la première médaille l’année où Florent avait abandonné. Quel scénario se jouera ce weekend? Le hasard a voulu qu’ils portent les dossards numéro 167 et 168. Finiront-ils côte à côte?
Un Florent tranquille
Florent assure que l’état d’esprit dans lequel il se trouve à quelques jours du départ a évolué dans les dernières années, tout comme la place que prend la course à pied dans sa vie.
Malgré sa première position au 65 km en 2013 et sa première position au 80 km en 2014, il n’a aucune prétention au départ du 125 cette année. Il sait qu’il vivra des émotions, et c’est ce qu’il recherche.
En entrevue à deux jours de s’élancer dans les sentiers de Charlevoix, Florent affirme qu’il court avec plaisir et que ce plaisir, il tient à le garder. S’il y a une chose qu’il veut transmettre par l’exemple aux autres coureurs, c’est l’importance d’un état d’esprit inclusif.
Par exemple, il parle d’un article écrit sur lui dans un journal européen, où le titre pompeux le mettait en compétition avec un autre coureur. « Ça me gonfle, ce genre de truc », dit-il avec une note d’impatience qu’on entend rarement chez lui. « Cette approche ne me motive pas du tout ».
Nous avons donc changé le titre de notre article en conséquence!
Trève de plaisanterie : ceux qui connaissent le sympathique barbu aux yeux doux et au sourire facile ne sont pas surpris. Modeste, réticent à parler de ses exploits, cachotier sur ses impressionnants podiums, c’est quand il parle de l’esprit de communauté au sein de la course en sentier qu’il se laisser aller à la volubilité.
Florent s’extasie en parlant de sa participation à un 100 miles dans un désert de l’Inde plus tôt cette année. Il s’agit d’une aventure humaine extraordinaire qui l’a fait grandir en tant qu’individu. Même chose pour un 80 km en Irlande du nord, où « il faisait un temps de merde, où il y avait des crottes de moutons partout », mais où il se trouvait avec d’autres « super coureurs », qui lui parlaient de Brexit et de frontières. Ce sont des expériences sociales qui vont au delà de la simple course, avoue Florent. « Ces gens ne s’entendent pas au niveau politique, dit-il, mais ils se retrouvent sur les sentiers. C’est ce sentiment que je cherche ».
Beaucoup savent que c’est la Diagonale des fous, cette mythique course dans son pays d’origine de La Réunion, qui l’a surtout motivé pendant les années de sa préparation. Cette course et ce voyage ont été planifiés en famille avec sa conjointe Catherine et leurs enfants. Après sa participation, ils ont continué à voyager ensemble pendant six mois, et depuis, il met un peu moins d’emphase sur la course à pied et beaucoup plus sur sa famille.
« C’est à la relève de jouer maintenant », dit Florent, et c’est aux organisations comme Harricana de les soutenir pour qu’ils puissent atteindre leurs objectifs, ajoute-t-il. « Il faut qu’ils prennent leur place les jeunes hommes et femmes qui n’ont pas encore trop d’obligations, qui ont le temps et l’énergie à consacrer à la préparation que requièrent de telles épreuves, dit-il.
« Je serais heureux de faire une belle course mais n’arriver que 15e derrière une telle relève » – Florent Bouguin
David Jeker la TDS dans les jambes
David Jeker revient tout juste de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc, où il a participé à la TDS, l’une des cinq courses de l’événement grandiose au coeur des Alpes. Il n’aura eu qu’une semaine et demi pour se remettre de sa course de 119 km et de 7200 m de D+.
Content et enthousiaste, il pense avoir les jambes assez solides pour s’attaquer au 125 km avec force. Sur le plan musculaire, il dit avoir bien récupéré.
Compétitif de nature, il sait à qui il a à faire. « Ce sera encore du yoyo », dit-il, en parlant des dépassements et rattrapages auquel les coureurs s’adonnent dans les sentiers.
Se référant à Bouguin ou encore à l’athlète Luis Thomas Lopez Villagran, il dit qu’ils « sont très forts sur le technique et le vertical, mais je les redépasserai en descente ». C’est qu’il s’entraîne beaucoup en descente en tentant de battre… la télécabine du Mont-Tremblant!
Ça porte fruit, de toute évidence. Mais il y a aussi David Savard-Gagnon. « Lui aussi me fait peur, dit David. Il a des qualités proches des miennes. Lui aussi va partir fort. »
Quand on lui demande qui il donnerait gagnant, Jeker avoue souhaiter que le podium soit composé entièrement de Québécois, mais admet que la compétition internationale sera féroce cette année. « Et on parle des favoris masculins, mais il y a des femmes dans le coup aussi, ça ne m’étonnerait pas de voir l’Américaine Sarah Keyes dans le top. »
Florent, lui, quand on lui demande qui remportera la course cette année, fait une moue. Ce n’est pas important mais… d’après lui, il faut plutôt regarder du côté européen, pas québécois. Vivien Laporte, par exemple, le vice-champion de France du 100 km, sera sur la ligne de départ, entre autres coureurs très forts.
Les 2e et 3e hommes de 125 km de l’an dernier, Luis Tomas Lopez Villagran et Marc Boulianne, seront notamment encore de la partie.
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