Beth Pascall à son arrivée du 100 km – Photo : Ultra-Trail Cape Town
DISTANCES+ AU CAP – L’athlète de Grande-Bretagne Beth Pascall a réalisé tout un exploit, ce samedi, en Afrique du Sud, en explosant de 25 minutes le record du parcours sur le 100 km de l’Ultra-Trail Cape Town, avec un temps impressionnant de 10 h 55 minutes. Ce record était détenu depuis 2017 par l’Australienne Lucy Bartholomew.
Chez les hommes, l’Américain Cody Reed a fait une progression inattendue sur la deuxième moitié du parcours, rattrapant un à un ses adversaires. Il a passé la ligne d’arrivée en vainqueur après 10 h et 4 minutes de courses. C’est ainsi que Cody a devancé celui qui s’annonçait comme le favori de la course, le Français François D’Haene, finalement arrivé deuxième. C’est un autre Français, Nicolas Martin, qui a complété le podium. Il a mené la course pendant les 70 premiers kilomètres avant de ressentir de violentes douleurs qui l’ont forcé à lever le pied.
La lutte s’annonçait serrée, avec la présence de plusieurs athlètes de haut calibre international à la fois chez les hommes et chez les femmes, avec des coureurs tels que le Suédois Johan Lantz, troisième l’an dernier sur le même parcours, l’Irlandais Patrick ˝Paddy˝ O’Leary, l’Américaine Amanda Bascham (2e de la CCC 2019) et la Zimbabwéenne Emily Hawgood, arrivée finalement deuxième en 12 h 03 min. Cette dernière avait remporté l’épreuve en 2018.
L’Américaine Courtney Dauwalter et l’Australienne Lucy Bartholomew ont toutes deux déclaré forfait dans les jours qui ont précédé. Elles n’étaient pas en mesure de batailler, mais elles étaient tout de même présentes au Cap pour encourager leurs adversaires.
Beth Pascall a dominé la majorité du parcours
« Je savais que j’avais des chances de gagner, mais pas de cette façon, a confié Beth Pascall. Je me suis sentie bien tout au long de l’épreuve. Je savais que c’était une possibilité, mais je n’ai pas pris le départ avec cette attente. »
« J’ai vraiment eu une belle journée, une de ces courses où tout va comme prévu, a-t-elle ajouté. Je n’ai pas eu de mauvaises sensations. J’ai pris le lead assez rapidement, après les 25 premiers kilomètres environ. Je me suis questionnée un certain temps si je n’allais pas trop vite, mais je me sentais bien et j’ai réussi à conserver ma position jusqu’à la fin », a expliqué la pédiatre de profession.
Cody Reed était dans le même état d’esprit au lendemain de sa victoire. « La course s’est déroulée comme je le souhaitais. Je suis arrivé assez longtemps en avance à Cape Town pour me familiariser avec les sentiers et le territoire qui ressemblent d’une certaine façon à ceux où je m’entraîne au Grand Canyon. Je savais à quoi m’attendre. J’avais prévu prendre les quarante premiers kilomètres un peu plus tranquillement pour garder mon énergie pour la deuxième partie », a raconté Cody.
D’Haene et Martin terminent avec une certaine déception
François D’Haene a vécu pour sa part une journée difficile. « Dès le début, je ne me sentais pas à mon meilleur. Je me doutais que ce serait une longue journée », a reconnu l’athlète qui a l’habitude de remporter les grandes courses internationales ces dernières années. « C’était ma première expérience ici et je pense que je vais revenir, mais je vais devoir prévoir davantage mon entraînement en conséquence », a-t-il indiqué.
Le Français Nicolas Martin a regretté la tournure des événements. « Ma course a très bien été pendant 80 kilomètres, où j’étais en tête, avec une avance assez confortable, en gagnant du temps un peu tout au long de la course, mais après, j’ai commencé à avoir des grosses douleurs aux quadriceps qui m’ont gêné aussitôt que c’était plat et que ça descendait », a raconté Nicolas Martin, qui s’est fait dépasser par François D’Haene et Cody Reed dans les derniers 20 kilomètres.
« Globalement, je suis plutôt déçu de ne pas avoir gagné la course parce que j’avais une belle avance. Ce n’était pas comme si on avait mené une belle lutte à trois tout le long. Après, je suis quand même content d’avoir vu la ligne d’arrivée parce que mon état à quinze kilomètres avant la fin, ce n’était pas gagné ».
L’épreuve est beaucoup plus difficile et exigeante que ce qu’on peut imaginer en regardant le profil, a souligné le champion français qui participait à sa dixième course de l’année. « Il y a beaucoup de cailloux et, avec de la fatigue, ça devient vite pénible, même quand c’est plat. »
Dominika Stelmach : la surprise de la fin de semaine
Si certains n’ont pas eu la course de rêve, Dominika Stelmach, de Pologne, a de son côté pris tout le monde par surprise, avec une excellente troisième position chez les femmes et un temps de 12 h 15 min. Rencontrée tout juste après les podiums du 100 km, elle a raconté à Distances+ combien la course a été difficile pour elle, mais tout de même magnifique.
« Je suis une coureuse de route, donc pour moi ça a été la course la plus difficile que j’ai jamais faite. La plus technique. J’ai fait ce que j’ai pu donc je suis vraiment contente », a expliqué celle qui était arrivée cinquième du Comrades Marathon, qui est en fait un ultramarathon d’environ 89 kilomètres (56 miles), organisé chaque année en Afrique du Sud, entre les villes de Durban et Pietermaritzburg. Pour la petite histoire, elle se revendique comme la plus ancienne course d’ultramarathon au monde.
Le Québécois Francis Boutin dans le top 30
Deux des Québécois sur place, Élisabeth Petit et Francis Boutin, ont pour leur part vécu une expérience inoubliable. Francis avait été invité à prendre place parmi les 30 coureurs élites sur la ligne de départ du 100 km, et il a maintenu le rythme tout au long de la course, se classant 27e chez les hommes avec un temps de 12 h 59 min.
Il a notamment eu la chance de courir une partie du parcours avec des athlètes de renom tels que Amanda Basham et le Sud-Africain Ryan Sandes, qui s’était inscrit la veille de la course mais qui n’a finalement pas réussi à performer sur l’épreuve cette fois-ci, se classant 22e (12 h 48 min).
Élisabeth, inscrite au 65 km, a gardé, de son côté, une vitesse constante et confortable, terminant en pleine forme l’épreuve, qu’elle dit avoir adorée.
L’UTCT atteint de nouveaux sommets
Le directeur de course, Nic Bornman, interviewé alors que l’événement se terminait, s’est dit vraiment satisfait de cette édition de l’Ultra-Trail Cape Town, qui s’est tenue dans des conditions météorologiques exceptionnelles, brumeux sur les sommets et ensoleillé, mais pas trop chaud, au niveau de la mer.
« Nous ne dirons pas que c’était parfait, parce que dans la vie, rien n’est parfait, mais on peut certainement dire que ça a été notre meilleure édition à ce jour en six ans », s’est-il félicité.
L’événement, a rappelé Nic, n’avait que quelques 300 coureurs en 2014. « Pour cette première édition, nous avions eu une température extrêmement mauvaise. On était complètement débordés », se souvient-il, satisfait de cette progression rapide de l’Ultra-Trail Cape Town, qui accueille plus de 2000 athlètes des quatre coins du monde et qui peut maintenant compter sur l’appui de partenaires majeurs et sur un important soutien de la ville de Cape Town.
S’il ne souhaite pas nécessairement continuer à développer l’événement en accueillant un plus grand nombre de coureurs, Nic Borman souhaite consolider encore davantage le plateau d’élites de haut calibre qui prennent part à l’épreuve, de même que son rayonnement et sa notoriété.
Rappelons que l’Ultra-Trail Cape Town est la dernière épreuve de l’Ultra-Trail World Tour. Les grands gagnants du circuit annuel, Courtney Dauwalter et Pau Capell, seront consacrés lors de la cérémonie de clôture du circuit annuel le 12 décembre, à Paris.
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