Pourquoi courir passé 50 ans?

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Photo : Peter Mooney

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Sur les lignes de départ de plusieurs courses nous pouvons observer une augmentation de la présence de coureurs vétérans. Véritables modèles de vieillissement réussi, les athlètes de 50 ans et plus présentent peu ou pas de modifications corporelles et de pathologies classiquement associées au vieillissement. En outre, leur performance, leur détermination et leur plaisir de courir deviennent une source d’inspiration. Ceci nous amène à nous questionner sur ce qui motive ces coureurs à poursuivre leur passion de la course malgré les effets du temps.

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« Il ne suffit pas de donner des années à la vie, il faut donner de la vie aux années »

Nous assistons actuellement dans la société à une augmentation constante du nombre de personnes âgées, un phénomène lié à une augmentation de l’espérance de vie dans les pays développés. De plus en plus de personnes ne limitent pas seulement leur pratique d’activité physique quotidienne à des exercices de faible intensité, mais refusent d’abandonner leur sport de compétition ou se tournent même vers de nouveaux défis sportifs à un âge plus avancé.

Dans les sports d’endurance tels que la course à pied, le cyclisme ou le triathlon, les plus fortes augmentations de participants enregistrées au cours des dernières années concernaient les catégories d’âge avancé.

Le déclin de la performance physique est inévitable avec l’âge. Néanmoins, certaines personnes continuent à s’entraîner autant que leurs homologues plus jeunes. L’activité physique régulière leur permet de limiter l’altération des capacités physiologiques nécessaires à une bonne qualité de vie. Par exemple, faire de l’exercice régulièrement à 50 ans et plus protégerait les fonctions cérébrales contre le déclin cognitif, révèle une étude de la réputée Clinique Mayo.

« Fais du bien à ton corps pour que ton âme ait envie d’y rester »

D’autres études se sont intéressées aux sources de motivation qui poussent certaines personnes d’âges plus avancés à pratiquer régulièrement une activité physique et sportive. La majorité des travaux indiquent que ces athlètes pratiquent régulièrement pour le plaisir, le goût de la compétition, la santé physique, les contacts sociaux, les voyages, lutter contre le stress, pouvoir assouvir des défis personnels ainsi que pour le développement et le maintien de l’adresse. Par ailleurs, les hommes semblent plus centrés sur un but d’accomplissement, alors que les femmes seraient davantage centrées sur des facteurs alliant la santé, les contacts sociaux et la recherche de plaisir.

La motivation en loisir peut être intrinsèque (provenir de la personne même), extrinsèque (être associée à des influences externes) ou absente. Il semble qu’une motivation intrinsèque procure plus de bienfaits aux personnes.

La motivation intrinsèque réfère à une action accomplie pour la satisfaction inhérente à l’activité elle-même, le plaisir ressenti, le défi qu’elle représente : l’action permet d’expérimenter les sentiments positifs liés à l’exercice et à l’extension de ses capacités personnelles. Ce n’est pas la tâche elle-même qui est « motivante », mais la valeur motivationnelle que l’individu lui confère.

Les contraintes de la vie adulte, sociale et professionnelle, imposent des limites par les rôles et les responsabilités de l’individu. Peu d’actions posées quotidiennement sont déclenchées par la satisfaction d’accomplir la tâche en elle-même. Les actions de la plupart des individus sont majoritairement motivées extrinsèquement, dans le sens où elles ont pour but un résultat extérieur.

« Transformer l’expérience en arme redoutable »

En regard de ce qui précède, nous pouvons constater qu’on ne court pas pour les mêmes motifs à 20 ans, à 30 ans et à 50 ans. La recherche de l’excellence, d’être le premier et de battre les autres laisse place à l’expérience, au plaisir, à la connaissance de soi et le sentiment d’accomplissement. L’essentiel est de cheminer comme personne, d’apprendre sur soi, d’apprendre à se fixer des objectifs réalistes et de garder une perspective positive qui permet un développement sain.

Les coureurs d’expérience savent exactement quel entraînement leur convient. Ils maîtrisent leur vitesse et savent tirer le meilleur parti de leurs forces. S’il y a un élément qu’il ne faut pas sous-estimer, c’est la connaissance de soi.


Bianca Laliberté est psychologue depuis 14 ans au Centre régional de santé et de services sociaux de la Baie-James à Chibougamau. Elle détient un baccalauréat de l’Université du Québec à Chicoutimi et une maîtrise de l’Université Laval. Elle travaille auprès de la clientèle adulte au programme de santé mentale et est également superviseure de stage à l’UQAC. Elle anime depuis quelques années un groupe de thérapie pour les personnes souffrant d’anxiété. Adepte de course à pieds depuis trois ans, elle arpente les sentiers du nord du Québec. Elle a participé au demi-marathon de la Côte de Beaupré en 2015.