La course en sentier connaît un engouement mondial. Les fabricants ont entendu le message et l’offre de souliers de sentier a explosé au cours des dernières années. Il y a aujourd’hui une panoplie d’options, qui peuvent embrouiller le consommateur : gomme dure ou molle, chaussure maximaliste, minimaliste ou neutre, avec membrane, etc.
Pour s’y retrouver, Distances+ a consulté deux experts en la matière, soit
Jimmy Gobeil, coureur et propriétaire de la boutique Le coureur nordique, et
Michel Quesnel, coureur amateur qui se spécialise dans le marché de la chaussure depuis plus de 25 ans, tant chez Salomon que chez The North Face.
Le soulier de route et le soulier de sentier
Y a-t-il une différence entre une chaussure de route et une chaussure de sentier? Nos deux experts répondent que oui. La structure du soulier de sentier est différente, notamment à l’avant du pied. Le devant des orteils est habituellement protégé afin de minimiser les blessures dues aux impacts avec les roches ou les racines d’arbre. Les matériaux sont aussi plus résistants et plusieurs éléments de protection sont ajoutés. On trouve entre autres dans la grande majorité des souliers de sentier une plaque sous la semelle, ce qui permet de moins sentir les cailloux.
Une autre différence importante entre les chaussures de route et celles de sentiers se trouve dans la conception de la semelle. Celle des souliers de sentier est pourvue de crampons. La gomme, soit la couche de matière plastique qui recouvre la semelle, est aussi plus collante, ce qui procure une meilleure adhérence.
Au-delà de ces grandes différences, il faut savoir qu’il existe des chaussures et des semelles pour à peu près tous les types de terrains possibles. Michel fait le parallèle avec le ski : « Il y a des skis de poudreuse et des skis pour piste damée, dit-il. C’est un peu la même chose dans le soulier. Les conditions boueuses des sentiers techniques feront appel à des souliers différents de ceux conçus pour des parcours secs, durs et roulants ».
Jimmy catégorise pour sa part les souliers selon trois types : entraînement, entraînement léger et course. La sélection se fera en fonction du poids du coureur, de son volume de course et du terrain qu’il affronte.
Absorption, amortis et grosses semelles
Il est difficile de passer sous silence une tendance actuelle dans le milieu de la course. Les souliers maximalistes, qui sont munis d’une semelle épaisse de CAV/E (copolymère d’acétate de vinyle-éthylène), ou EVA copolymer en anglais, absorbent davantage les chocs induits par la course.
Il n’y a pas si longtemps, c’est plutôt la chaussure opposée qui était à la mode. Pour être un « vrai coureur », il fallait opter pour le minimalisme. S’agit-il d’un phénomène de marketing ou d’un retour du balancier? Jimmy et Michel sont d’avis que les extrêmes ne sont jamais souhaitables. Selon eux, on devait varier tant les surfaces d’entraînement et les distances que les types de chaussures!
Les semelles minces et peu absorbantes sont indiquées pour les coureurs qui ont une bonne foulée courte où l’impact est sur l’avant du pied. Les souliers maximalistes sont davantage indiqués pour les coureurs d’ultra ou, dans certaines circonstances, pour récupérer plus rapidement d’une blessure. Jimmy, quant à lui, prône davantage le « gros bon sens », soit d’écouter les signes de fatigue, d’y aller progressivement et de varier le terrain d’entraînement.
Disparités entre hommes et femmes
Selon les deux experts, il y a assurément une différence entre des chaussures pour homme et celles pour femmes, et cela va au-delà de l’esthétique.
Les modèles féminins sont généralement plus étroits. C’est surtout perceptible au niveau de la cage d’orteils et du talon. Dans certains cas, le patron de laçage est aussi différent.
Sur route, Jimmy précise que plusieurs manufacturiers proposent des largeurs différentes pour un même modèle de soulier. En sentier, seul New Balance offre cette option. Le volume de ventes étant beaucoup plus faible en sentier, il est prohibitif pour les manufacturiers et pour les boutiques d’offrir un éventail de largeurs.
Derniers conseils
Jimmy et Michel s’entendent sur l’importance d’être bien guidé. Il est important d’aller dans une boutique spécialisée, où les conseillers sauront aiguiller le consommateur selon ses besoins. Ils poseront les bonnes questions afin de proposer un éventail de chaussures qui répondent aux besoins.
Ensuite, il ne reste plus qu’à choisir la chaussure la plus confortable et ne pas faire son choix qu’en fonction du prix. On peut économiser 25 $, mais c’est un mauvais investissement si on se blesse au pied!
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