Le mythe de la diète alcaline : elle n’améliorera pas votre course

citron
Photo : Thomas Tolkien

Exposer les muscles à un environnement acide accentuerait la fatigue musculaire. À l’inverse, l’exposition à un environnement alcalin, ou basique, protégerait les muscles de la fatigue et améliorerait la performance.

Théoriquement.

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C’est l’idée derrière la diète alcaline, un courant alimentaire de plus en plus populaire chez les sportifs, notamment. Selon les fervents de l’alimentation alcaline, il y a des aliments qui acidifient le sang et d’autres qui l’alcalinisent. Les aliments acidifiants seraient, par exemple, la viande, les produits laitiers, les sucres simples et certains fruits, alors que les alcalins seraient les protéines végétales, les céréales à grains entiers et certains autres fruits.

Selon cette théorie, contrôler le pH du sang améliorerait les performances sportives. Sauf que la théorie tient difficilement la route.

Le pH sanguin

Le pH est l’unité utilisée pour mesurer si un liquide est acide (pH < 7) ou basique (pH > 7). Un pH de 7 reflète un liquide neutre, soit ni acide ni basique. Sauf peut-être le pH de notre piscine, qui peut nous donner quelques maux de tête durant l’été, il est rare que l’on se soucie du pH des liquides qui nous entourent, encore moins de celui de notre sang ! Et pour cause.

Le corps humain garde le pH sanguin de main de maître, entre 7,34 et 7,45. Le système respiratoire et nos reins sont deux joueurs très importants dans ce contrôle serré, qui s’orchestre à notre insu. Lorsque le pH sanguin sort de ces valeurs, ce n’est pas normal et ça prend une intervention médicale.

Le pH sanguin et l’exercice

L’exercice physique induit un stress aux muscles, qui, en réponse, libèrent des composés acides dans le sang. Pendant un exercice à intensité maximale de courte durée, une faible baisse du pH sanguin, ou une augmentation de l’acidité, peut être mesurée. Heureusement, le tout se rééquilibre en quelques minutes par la suite. Des efforts physiques de longue durée à intensité sous maximale, comme des ultras, n’ont pratiquement pas d’effet sur le pH sanguin. L’effort étant moins intense, les mécanismes compensatoires du corps suffisent à maintenir le pH stable.

Peut-on vraiment contrôler son pH sanguin par l’alimentation ?

Dans certains cas bien précis, c’est possible. En fait, pour des épreuves de courte durée et à haute intensité, avaler une petite dose de bicarbonate de soude (« la p’tite vache ») agirait comme tampon basique et retarderait la fatigue musculaire. Il semblerait que ça fonctionne. Mais attention, cette pratique n’est tolérée que par une poignée d’athlètes, alors que les autres expérimentent plutôt des effets gastro-intestinaux indésirables assez vite. Vite comme dans « va vite… » !

Une alimentation dite alcaline n’a pas d’effet sur le pH sanguin. Les effets bénéfiques ressentis par ceux qui l’adoptent découlent plutôt du fait que la consommation de viande et d’aliments transformés est réduite au profit de plus de fruits et de légumes. Cela n’a rien à voir avec le pH sanguin. L’alimentation est tout simplement de meilleure qualité.

Alors, si vous désirez améliorer votre santé et vos performances à la course à pied par l’alimentation, ne vous cassez pas la tête avec l’équilibre acido-basique des aliments que vous mangez. Adoptez une alimentation équilibrée, point !

Référence:

1. Applegate C., Mueller M. et Zuniga K. E. « Influence of Dietary Acid Load on Exercise Performance », International Journal of Sport Nutrition and Exercise Metabolism, no 27, 2017, p. 213-[219].


Jean-Philippe est diététiste, membre de l’Ordre professionnel des diététistes du Québec. Il est professeur adjoint à l’Université Laval, à Québec.

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