On peut dire que Scott Jurek est un ultramarathonien champion et végétalien, mais est-ce qu’on peut dire qu’il est champion parce qu’il est végétalien? Bonne question!
Je n’ai pas discuté de végétalisme avec Scott, mais plutôt avec Éloïse Rochefort, marathonienne et collaboratrice de Distances+. Il y a un an, elle devenait végétalienne. Au départ, elle était attirée par la simplicité de cette façon de manger. Elle se considère aujourd’hui privilégiée d’avoir une alimentation si près de ses valeurs et qui l’aide à se sentir bien.
Être végétalien, en quoi ça consiste?
L’alimentation végétalienne est centrée sur les aliments d’origine végétale. Noix, graines, légumineuses, tofu et tempeh constituent les principales sources de protéines. Les céréales (principalement à grains entiers), les fruits et les légumes viennent compléter l’assiette, comme c’est le cas – ou ça devrait l’être – chez les omnivores.
L’alimentation végétalienne peut sembler très éloignée de l’alimentation occidentale typique, et avec raison. Ça ne l’empêche pas, si elle est équilibrée, de combler les besoins en énergie et en nutriments tout autant que l’alimentation omnivore, et ce, même chez les coureurs d’endurance. « équilibre » est le mot clé. Ainsi, si vous êtes tentés par le végétalisme, il est prudent de rencontrer un ou une nutritionniste qui vous aidera à assurer cet équilibre dans votre alimentation.
Les raisons qui justifient l’adoption d’une alimentation végétalienne sont nombreuses et fondamentalement personnelles. Éloïse est devenue végétalienne pour son bien-être et par souci environnemental. Ce n’est pas le cas de tous les athlètes. Dans une récente enquête réalisée chez des coureurs, l’amélioration des performances sportives était l’une des motivations principales. Mais qu’en est-il vraiment?
Le végétalisme et la performance sportive
La popularité de l’alimentation végétalienne grandit auprès des athlètes d’endurance et d’ultraendurance. Ce phénomène est possiblement attribuable au fait que des champions d’ultra, comme Scott ou Rich Roll, ont adopté cette alimentation et n’hésitent pas à en vanter les bienfaits qu’ils y perçoivent.
Les données scientifiques sur les effets de l’alimentation végétalienne sur la performance en course à pied proviennent de cas isolés et sont donc presque inexistantes. Autrement dit, bien que plusieurs athlètes professionnels en vantent les bienfaits, le tout demeure au stade d’anecdotes.
Cependant, la situation va bientôt changer. En 2015, afin de comparer les performances d’athlètes végétariens, végétaliens et omnivores, un groupe de chercheurs suisses a interrogé plus de 3 000 coureurs d’endurance. De ce nombre, 33 % étaient végétaliens, ce qui témoigne que l’engouement pour cette alimentation chez les coureurs d’endurance est bien réel.
Ainsi, la publication prochaine des résultats de cette étude, baptisée NURMI, pour Nutrition and Running High Mileage, documentera pour la première fois les associations entre plusieurs courants alimentaires répandus dans le monde de l’ultra et de la performance.
Cela n’est aujourd’hui qu’une hypothèse, mais il demeure probable que l’alimentation végétalienne soit un facteur contribuant aux performances des coureurs d’ultramarathon. En effet, une alimentation riche en végétaux est associée à différents paramètres de santé susceptibles d’améliorer la performance, tels que les suivants :
- un poids corporel plus faible;
- une pression artérielle plus faible;
- un statut en antioxydants plus élevé;
- un meilleur équilibre du microbiote intestinal, aussi appelé la flore intestinale.
Éloïse, pour sa part, dit avoir observé que sa capacité de récupération s’est améliorée depuis qu’elle est végétalienne.
Est-ce qu’une alimentation végétalienne vous fera courir dans les traces de Scott Jurek?
Considérant les nombreuses associations favorables entre le végétalisme et la santé, il est raisonnable de penser que cette alimentation puisse contribuer aux performances des coureurs d’ultramarathon.
Cependant, il est important de garder en tête que les effets d’une alimentation de qualité, peu importe le type, ne pourront être ressentis que si l’entraînement, la récupération, le sommeil, la gestion du stress, et j’en passe, sont eux aussi de qualité.
Jean-Philippe est nutritionniste, membre de l’Ordre professionnel des diététistes du Québec et doctorant en médecine expérimentale à l’Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels. Il combine ses intérêts pour la science, la nutrition et la course à pied en collaborant avec Distances+.
À lire aussi :
- Comment votre microbiote fera de vous un meilleur coureur
- Le gluten est-il un ami ou un ennemi du coureur?
- L’intérêt de la caféine pour les coureurs