Une épreuve de skimo difficile, mais excitante!

Faire trois ascensions sur les pistes presque verticales du Massif, sur pas moins de 17 km avec 1700 mètres de dénivelés positifs, ce n’est pas de la petite bière. La troisième épreuve de ski de montagne organisée par SkimoEast a mis à rude épreuve mes aptitudes de coureur et de skieur. 

Le jour de la compétition, à laquelle participaient environ 70 coureurs prenant le départ à ski, à pied ou en raquettes, je rencontre Jeff Rivest, l’un des quatre organisateurs de l’événement. Il me prête, ainsi qu’à plusieurs autres personnes, un équipement de course ultraléger de la marque Dynafit. C’est une sorte d’hybride entre des skis alpins et des skis de fond. Il me faut une bonne trentaine de minutes pour me familiariser avec tout le matériel, car tout est nouveau pour moi. Il faut apprendre à mettre et à enlever sous les skis les peaux de remontées, surnommées « peaux de phoque », et à ajuster mes bottes sur le ski selon que je monte ou descend les pentes.

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Au départ, les participants apprennent qu’il y a un temps limite pour compléter le parcours. Les retardataires (c’est-à-dire les gens « normaux ») ne pourront pas repartir pour la 2e ou la 3e boucle d’ascension s’ils ne passent pas le fil d’arrivée-départ dans les temps. Au final, plus du deux tiers des coureurs ne compléteront pas plus de deux boucles!

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Une première montée pour se réchauffer

Le départ est donné. Tout le monde s’élance dans un certain chaos. Les premiers 500 m sont plats et nous poussons comme des damnés sur nos skis munis de leurs peaux de phoque. On a l’impression de faire du ski de fond avec de la colle sous les pieds. Heureusement, le parcours entre rapidement dans les bois, où l’on se suit à la queue leu leu.

Cette première montée reste somme toute assez facile et presque bucolique. Les sous-bois sont magnifiques. Nous longeons un ruisseau. Au sommet, après avoir gravi 450 mètres de dénivelé, j’attaque à toute vitesse ma première transition. Il faut en effet enlever les peaux de phoques et installer ses bottes en mode descente. Les conditions de neige sont difficiles. La descente entre les arbres est hasardeuse. Nous débouchons enfin sur une piste damée où tous se laissent descendre à toute vitesse. Après la montée à la course, la sensation de glisse est une vraie récompense.

Cette descente valide mon judicieux choix vestimentaire. J’ai la chance d’être ambassadeur de la marque The North Face, ce qui me permet de tester ses vêtements. Afin de contrer l’effet du vent dans les descentes, j’ai opté pour un pantalon et un manteau Isoterm. Leur membrane Windstopper protège efficacement du froid glacial lors des descentes, mais permet tout de même une bonne évaporation de la sudation lors des montées.

Une deuxième boucle infernale

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Une heure après le départ, me revoilà au pied de la montagne où je remets mes peaux avant d’affronter la « bête », soit l’ascension de la piste Charlevoix et ses 650 mètres de dénivelé positif sur 3 km. Un regard vers le sommet suffit à me persuader que l’expérience risque d’être souffrante.

Je ne me trompe pas. Les conditions glacées rendent l’ascension ardue. Après 30 minutes de montée, j’enlève les skis pour une section de « boot pack », comme cela se dit dans le jargon du skimo. Il faut enlever ses skis et se les mettre sur le dos, accrochés à un sac spécialement conçu pour cela.

Devant moi se dresse un véritable mur. Cette section ressemble davantage à de l’escalade alpine qu’à de la marche. Les coureurs avancent un pas à la fois. Plus nous approchons du sommet, plus le vent glacial se fait sentir. Un coup d’œil derrière moi me laisse pantois : le majestueux fleuve Saint-Laurent, recouvert de glaces disparates, brille sous un ciel bleu lumineux. J’atteins enfin le sommet, où je dois changer de gants, car mes mains sont complètement gelées. Je ne sens plus mes doigts!

Une descente qui n’est guère plus facile

On aurait cru qu’après une telle épreuve de montée, la descente serait agréable. Mais non, les organisateurs envoient le parcours dans une piste à bosses. Je m’y engage en toute confiance, mais je me fais rapidement remettre à l’ordre. Je ne suis pas habitué à ces skis. Je dois ralentir. Mes cuisses sonnent la fin de la récréation et je sens des crampes.

Au bas de la montagne, on m’informe que je ne peux pas partir pour la 3e boucle, ayant dépassé le temps requis. Je prends cette nouvelle avec un grand soulagement! Jeff Rivest me demande comment j’ai trouvé l’expérience. « Non, mais, c’est donc ben dur! », lui dis-je, presque incrédule d’en avoir seulement complété les deux tiers.

Toutes les courses sont différentes, épuisantes et nous vident de notre énergie. Chaque fois, on est quand même satisfait d’avoir tout donné. On oublie la souffrance.

Quelques jours plus tard, je me suis mis à regarder où et quand serait la prochaine épreuve…

–> Toutes les photos de l’événement par David Moore

Photo de la une : Stéphanie Côté
Photo du centre : David Moore
Photo du bas : Vincent Champagne