Courses CRYO : un défi unique en son genre

Trois anciens participants témoignent

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La traversée du lac Saint-Jean en plein hiver dans le cadre des courses CRYO est une « course que tous les traileurs au Québec devraient essayer un jour », assure Yannick Vézina, l’un des 28 coureurs (sur 85 inscrits) à avoir franchi la ligne d’arrivée au Village sur glace de Roberval en 2022. Pour comprendre ce défi unique en son genre, Distances+ s’est entretenu avec Yannick, mais aussi Michael Pilote, vainqueur l’an dernier, et Stéphane Grandgirard, qui a abandonné comme la majorité des participants, mais qui a bien l’intention de retenter sa chance, sans doute en 2024, pour cette fois se rendre au bout.

Créée en 2019, la course CRYO propose à des athlètes motivés et courageux de braver l’hiver et de traverser le lac Saint-Jean en plein mois de février, alors que les températures sont généralement extrêmement froides. Plusieurs options sont offertes aux participants : ils peuvent effectuer la traversée en raquettes de course (ou juste à la course), à vélo (fat bike) ou en ski de fond. L’épreuve reine, à savoir la traversée à la course à pied, part à 16 h du Centre touristique Vauvert, à Dolbeau-Mistassini jusqu’au site de Chalets et Spa Lac-Saint-Jean à Chambord. Elle aura lieu le 18 février prochain.

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Les organisateurs ont modifié le parcours afin d’éviter aux participants de subir un vent de face, ce qui a entraîné une augmentation de la distance totale de 4 km. L’un des changements majeurs est que l’arrivée ne sera plus au Village sur glace, qui devient un haut lieu de ravitaillement, 12 km avant la fin.

Le parcours peut paraître assez facile pour certains traileurs ou ultra-traileurs aguerris habitués aux parcours techniques à fort dénivelé du Québec. Cependant, les données techniques de la traversée — 37 kilomètres sans dénivelé — ne traduisent pas la difficulté de cet événement puisque le mélange du froid, du vent, de la surface enneigée et le fait de courir dans le noir rendent la course très exigeante.

Bien qu’ayant couru plusieurs ultras renommés de 100 kilomètres et plus (dont le Bromont Ultra 160, le 125 km de l’Ultra-Trail Harricana ou plus récemment la CCC à l’UTMB), Yannick Vézina, 3e l’an dernier, raconte que la course CRYO est l’une des courses les plus difficiles à laquelle il ait participé lors de sa carrière sportive.

Un défi mental

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Départ de la course CRYO 2022 – Photo : courtoisie

Michael Pilote, gagnant en 3 h 46 de l’édition particulièrement froide de 2022, insiste sur le fait que le plus grand défi de la course est de rester fort mentalement. Lui et les autres coureurs ont dû gérer des températures qui frôlaient les -35 degrés Celsius et affronter un vent de face vicieux tout au long du trajet.

« La course CRYO a testé mes limites mentales », se souvient-il, avouant qu’il s’est demandé à plusieurs reprises où était le plaisir alors qu’il était en tête. Il a tout de même persévéré jusqu’à Roberval, où il a ressenti un énorme sentiment d’accomplissement après avoir vaincu cette traversée d’une grande difficulté mentalement. « J’avais souvent l’impression de ne pas avancer dans la neige et l’absence d’environnement autour de moi me donnait l’impression de courir sur un tapis roulant qui ne menait nulle part, image Michael. C’était réellement une expérience spéciale, mais j’aimerais quand même revenir en 2023. »

L’énergie de la communauté du trail québécois

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Le 33 km des Courses CRYO 2022 – Photo : courtoisie

Même si ce n’est pas, techniquement, une course en trail, l’ambiance à l’arrivée y ressemble beaucoup. Les traileurs du Québec s’y retrouvent comme lors des autres grands événements de la province et c’est très festif dans le village de glace. 

Yannick Vézina, connu également pour son podcast Pas sorti du bois, dans lequel il partage son fort attachement à la communauté, parle d’une « ambiance de malade » à son arrivée. « Tous les coureurs se sont entraidés et encouragés tout au long de la course », s’enthousiasme-t-il.

Il semblerait d’ailleurs qu’une mini-communauté, propre aux courses CRYO, se soit créée au fil des éditions, à l’image de ce qu’a vécu Stéphane Grandgirard bien avant l’événement. Il a rencontré deux amis via les réseaux sociaux dans les mois précédant la course avec lesquels il s’est entraîné et a partagé des trucs pour être prêt à affronter les conditions hivernales parfois extrêmes du lac Saint-Jean.

Un événement sécuritaire et rassurant malgré les conditions rudes

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Au ravito sur le lac Saint-Jean – Photo : courtoisie

Les conditions extrêmes de la traversée du lac en courant l’hiver nécessitent une équipe de sécurité de première classe, ce à quoi s’est astreinte l’organisation dès le départ. Stéphane Grandgirard, Yannick Vézina et Michael Pilote se sont tous sentis en sécurité tout au long des kilomètres parcourus en 2022. Une grande équipe de motoneigistes a patrouillé tout le long de l’étendue d’eau glacée pour surveiller l’état des coureurs et venir en aide à ceux qui en auraient besoin. Des ravitaillements étaient par ailleurs placés par intervalles de 5-10 kilomètres sur le parcours pour permettre aux athlètes de se ravitailler et recevoir de l’aide de l’équipe médicale.

Mais s’ils sont rassurants, voire réconfortants, ces ravitos peuvent se révéler un piège. « Si j’ai un conseil à donner aux futurs participants, c’est de ne pas rester longtemps aux ravitos, dit Stéphane Grandgirard. Plusieurs coureurs devenaient trop confortables et n’étaient pas capables de repartir par la suite. » C’est d’ailleurs en se laissant gagner par le froid qu’il a été poussé à s’arrêter. « Quand ça a commencé à aller mal, je n’étais plus capable de courir. Je me suis mis à marcher et j’ai rapidement pris froid. »

Comment se préparer pour un événement du genre?

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Sur le lac Saint-Jean – Photo : courtoisie

Les témoignages des anciens participants de la course disent tous la même chose : on ne prépare pas la course CRYO comme on prépare une course en sentier « normale ». C’est bien trop différent.

« Il est primordial de se pratiquer à courir lorsqu’il fait extrêmement froid pour ne pas être pris au dépourvu le jour de l’événement, selon Stéphane. Cela permet aux coureurs de s’habituer à utiliser leur équipement et à développer des stratégies pour réduire au minimum les inconvénients causés par le froid. »

Par exemple, Michael Pilote avait placé sa veste d’hydratation au milieu de plusieurs couches de vêtements chauds afin de s’assurer que le liquide ne gèle pas. Le vainqueur de la dernière édition conseille lui aussi de « ne pas rester trop longtemps dans les ravitaillements » pour éviter que le corps devienne trop humide sous l’effet de la chaleur et qu’il regèle instantanément en repartant en direction de Roberval.

Autre habileté nécessaire pour compléter la traversée : mieux vaut savoir courir en raquettes. Même si le port des raquettes de course n’est pas obligatoire pour la traversée, il est presque impératif d’en porter pour se rendre jusqu’à Roberval en raison de la faible traction sur la neige (à noter cependant que les conditions diffèrent beaucoup d’une année à l’autre et qu’une météo plus clémente pourrait potentiellement permettre une traversée sur de la neige dure).

Finalement, selon Yannick Vézina, il est crucial de s’habituer à courir dans un environnement sans distraction comme celui de la traversée, où les participants ne voient souvent que des petits drapeaux à chaque centaine de mètres leur indiquant qu’ils sont sur le bon chemin. Il conseille pour se préparer à cette particularité d’effectuer quelques entraînements à la noirceur sur un parcours répétitif avec plusieurs boucles afin d’imiter le plus possible le parcours de la traversée.

Et le jour de la course, il faut se laisser porter par la magie de cet événement pas comme les autres. « Le chrono n’est pas important à cause de la météo, conclut Yannick. L’objectif de presque tout le monde est simplement de compléter la traversée ». Et pour cause, chaque personne qui passe la ligne d’arrivée réalise un exploit.

Outre le 37 km (à la course sur un parcours entretenu et balisé), les courses CRYO proposent une « Micro-Cryo » d’environ 13 km de Roberval jusqu’au site de Chalets et Spa Lac-Saint-Jean à Chambord ainsi qu’un 24 km en ski de fond ou en fat bike de Saint-Gédéon à Chambord).

Un événement pour la bonne cause

Toutes les personnes inscrites aux courses CRYO contribuent à financer la fondation Sur la pointe des pieds, une organisation qui vient en aide aux jeunes atteints de cancer depuis 1996, en organisant des expéditions leur permettant de tisser des liens d’amitié entre eux et de vivre des expériences mémorables. Chaque coureur de la traversée doit amasser un minimum de 1000 $ en dons afin de participer. Ainsi près de 700 000 $ ont été amassés depuis la création des courses CRYO en 2019 (plus de 300 000 $ juste à l’occasion de l’édition 2022).

Grâce aux dons, depuis 1996, la fondation Sur la pointe des pieds a organisé plus d’une soixantaine d’expéditions d’aventure thérapeutique pour les jeunes atteints du cancer.

Les coureurs intéressés par cette épreuve unique peuvent s’inscrire sur le site des Courses CRYO et s’engager à récolter des fonds pour la fondation.

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