Courses CRYO : l’unique traversée du lac Saint-Jean à la course

course cryo
Le soleil se couche peu de temps après le départ de la course - Photo : Mélodie Descoubes

La traversée hivernale de l’emblématique lac Saint-Jean, qui se déroulera le 19 février prochain, est une course unique au pays, et peut-être unique au monde. Avec son parcours nocturne de 33 km sur une mer de glace, c’est un défi déstabilisant en plein désert blanc, tantôt enneigé, tantôt glacé. Plusieurs coureurs ont terminé l’épreuve éprouvés, mais tous l’ont fait dans un fort sentiment d’accomplissement de soi et de fierté.

Et doublement fiers, parce que grâce à leur collecte de fonds, des ados et de jeunes adultes atteints du cancer peuvent partir en expédition à des fins thérapeutiques avec la fondation Sur la pointe des pieds.

« Il ne faut pas prendre cette épreuve à la légère », préviennent les organisateurs qui insistent sur le fait qu’il s’agit d’une épreuve dédiée aux coureurs aguerris habitués de courir de longues distances et de fournir un effort physique important dans un contexte hivernal. Et pour cause, ils n’ont que cinq heures pour se rendre de l’autre bord de l’étendue d’eau gelée.

Inconfort volontaire

Sur le lac Saint-Jean gelé – Photo : courtoisie

C’est Éric Paquet, un bénévole de longue date à la fondation Sur la pointe des pieds, qui a eu l’idée de traverser le lac Saint-Jean à la course. Il discutait alors avec Jean-Charles Fortin, le directeur général de la fondation, qui songeait à attirer l’attention des coureurs sur la cause que ce dernier défend corps et âme.

« J’ai suggéré à Jean-Charles de faire une traversée en partant le soir pour enlever la visibilité et la notion de distance. On s’entend que, plus il fait noir, plus c’est difficile », raconte Éric. Le prof d’éducation physique avait en tête ces jeunes qui luttent contre le cancer, pour qui chaque jour est une épreuve de souffrance de plus, et trouvait que cela avait du sens de créer un événement qui plongerait les participants dans l’inconfort en leur hommage.

L’idée d’Éric Paquet a plu. Elle a été testée et validée en 2018 par une poignée de coureurs. Les Courses CRYO ont vu officiellement le jour l’année suivante.

Une expérience hivernale unique

Les coureurs s’élancent vers l’horizon blanc – Photo : Laura Ducharme

« Une traversée de lac, c’est différent de tout ce à quoi on est habitués, explique Éric. Ce n’est pas évident de s’y préparer, puisque les conditions sont très changeantes d’une année à l’autre, et même d’une heure à l’autre. Même des ultra-marathoniens se font surprendre. »

Xavier Aubut, qui est un bon coureur de trail, a participé à toutes les éditions. S’il militait pour que l’épreuve principale fasse symboliquement 42 km, « le 33, c’est bien assez tough », confirme-t-il. « J’aimais le concept, qui était nouveau pour moi. Je partais dans l’idée d’être performant, mais sur le lac, tu réalises vite que c’est plus un trip d’aventure. »

Le départ est donné en fin d’après-midi dans une ambiance de grande course. Puis, vient la nuit, avec l’isolement et le silence sur le lac. Commence alors une course de gestion hivernale, avec des ravitaillements installés dans des petites cabanes de pêcheurs, chauffées au bois.

À sa première participation, « les conditions de neige étaient parfaites. Il y avait eu un petit redoux après une vague de grand froid, alors le sol était dur », se remémore Xavier. Il avait donc couru sans raquette. La deuxième année, il est également parti juste en souliers de trail, mais cette fois le sol était plus mou et il a « souffert le martyr », raconte-t-il. « C’était comme si j’avais couru 33 km sur une plage de sable sec. Mon pace était très bas et je m’embourbais sans arrêt. On n’avait aucun repère, aucun objectif visuel, aucune variation comme en trail et ça m’a bien travaillé l’esprit. »

« Ça ramène à l’essentiel »

Les petits ravitos sont installés dans des cabanes de pêche sur glace – Photo : Gwano

L’aventurière Caroline Côté se remémore avec enthousiasme son expérience aux courses CRYO. En prenant le départ en 2019, elle ne s’attendait pas à en arracher autant, alors qu’elle a de l’expérience en aventure polaire.

À l’époque, elle avait envisagé la course comme « un bon entraînement préparatoire » à une expédition en Arctique. « Je m’attendais à quelque chose de facile, parce que je suis plutôt habituée aux longues distances, mais je n’ai pas été si à l’aise que ça, raconte sobrement Caroline. J’ai notamment trouvé difficile de courir en raquettes, ce que je n’avais jamais fait. Tout comme le froid, ça a puisé beaucoup de mon énergie. »

Elle évoque sa relation avec la nuit, qui ajoute « un côté sauvage » et qui la place dans un état mental particulier. Elle se souvient notamment de ce moment où, épuisée, elle a éteint sa lampe frontale pour regarder le ciel et admirer les étoiles. « C’était incroyable! Ce genre de moment ramène à l’essentiel, philosophe-t-elle. J’ai pensé aux gens pour qui je courais, qui souffrent. Quand on souffre sur une course, il faut relativiser, estime-t-elle, parce que les malades, eux, surmontent de vraies épreuves de vie. Peu importe si on a mal, ce n’est rien à côté de ce qu’ils affrontent. Courir pour des personnes atteintes du cancer, c’est percutant, c’est concret, ça donne envie de se dépasser un peu plus ». Elle a repris la course et l’a bien évidemment terminée.

« Lorsqu’on court sur un lac, on perd l’horizon, ajoute Caroline Côté. Ça m’a rappelé les paysages de l’Antarctique où il n’y a rien autour de nous, pas d’obstacles. Ça pousse les coureurs à se rassembler, à s’entraider et ça devient vite une expérience humaine, notamment aux ravitos où l’on sent tout particulièrement cette chaleur humaine qui tranche avec le froid hivernal. »

Un retour à la lumière

Après quelques heures d’efforts, des lumières surgissent de la nuit. C’est Roberval que l’on voit à travers ses lueurs. 

« Mais il nous reste encore une heure ou une heure et demie de course », souligne Xavier Aubut, qui en redemande pourtant volontiers, surtout lorsqu’il repense à l’arrivée. « J’ai fait pas mal de courses dans ma vie et de gros événements, mais là, l’arrivée est vraiment incroyable. Tu es dans l’absence de stimuli pendant trois ou quatre heures et tu arrives à Roberval où l’ambiance est exceptionnelle. Il y a plein de monde, des barbecues, tu passes du froid au chaud, ça donne un méchant high. »

Places limitées

Outre le 33 km, les courses CRYO proposent une courte distance, d’environ 13 km. Il est également possible d’opter pour les défis à distance : « la Traversée pour emporter » et la «CRYO-maison» qui permettent de vivre l’expérience de n’importe où au Québec. Ceux qui optent pour cette formule peuvent choisir le terrain désiré pour réaliser leur 33 km ou courir la distance de leur choix. Une chose est sûre, même à distance, ils soutiennent la cause de la fondation Sur la pointe des pieds.

Les coureurs intéressés par cette épreuve unique peuvent s’inscrire sur le site des Courses CRYO et s’engager à récolter des fonds pour la fondation.

Grâce aux dons, depuis 1996, la fondation Sur la pointe des pieds a organisé une soixantaine d’expéditions d’aventure thérapeutique pour les jeunes atteints du cancer.

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