Le Bromont Ultra, un classique authentique à ne jamais prendre de haut

Région des Cantons-de-l’Est

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Sébastien Roulier, sur le parcours du BU 100 miles 2023 - Photo : BU
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C’est un mur de racines et de roches glissantes, dans lequel la pente s’élève parfois à 30 %. Pour en venir à bout, il faut s’aider de quelques cordes disposées ici où là, presque par pitié. Situé en contrebas du sommet du mont Brome, huit kilomètres seulement après la ligne de départ, le sentier a la réputation d’être un passage redoutable et redouté, l’une des marques de fabrique du Bromont Ultra (BU). Son nom, d’ailleurs, évoque toute son âpreté : « la montée du Lieutenant Dan », référence évidente au militaire hargneux du film culte Forrest Gump – frère d’armes de Tom Hanks au Vietnam -, mais aussi à la légende Daniel Desrosiers, alias « Dan », un des pionniers de la course en sentier au Québec. Un homme brut de décoffrage au caractère bien trempé et à la mentalité de guerrier. « Au début de l’aventure, son expérience et ses conseils nous avaient beaucoup servi, témoigne Gilles Poulin, co-fondateur de l’événement. Cette portion, comme l’ensemble du parcours, est à son image. Rugueuse et sans répit ». 

Organisé à seulement une heure de route de Montréal et à une trentaine de minutes de la frontière américaine, le BU est un rendez-vous emblématique de la fin de saison de trail. Il a donné naissance au premier 100 miles au Québec, en 2013. Usant, aussi bien physiquement que mentalement, le défi représente une boucle de 80 km à réaliser deux fois, aux alentours de la ville de Bromont et de sa station. L’itinéraire sillonne des collines boisées baptisées monts Soleil, King, Chevreuil ou Horizon, entrecoupées de chemins de terre et de graviers. De l’avis de nombreux participants, il y règne une atmosphère « champêtre » et « bucolique », très différente des autres courses se déroulant plus au nord, sur l’autre rive du fleuve Saint-Laurent, dans des régions plus sauvages. Le Bromont Ultra propose également des épreuves plus courtes, allant de 2 à 80 km, ainsi que des compétitions de vélo de montagne. 

Désormais installé sur les hauteurs du lac Gale, Gilles Poulin a longtemps vécu aux abords des pistes de ski de Bromont. Au début des années 2010, lorsque le coureur d’ultra-trail s’entraîne autour de chez lui, il ne voit pas grand monde y courir et ça l’étonne. Le terrain de jeu est immense, varié, avec des montées et des descentes dans tous les sens. Gilles aime tant sa campagne qu’il rêve d’en faire profiter d’autres adeptes de la discipline. Habitué du Vermont 100, un ultra-trail disputé dans l’État américain voisin, il se dit qu’il pourrait créer dans la région un événement similaire. Il contacte alors le conseil municipal de Bromont et s’entoure de quelques amis, dont l’athlète Alister Gardner, l’un des premiers champions québécois de la course en sentier, qui connaît le coin par cœur. C’est ce dernier qui, en pleine réunion, esquisse à la main une ébauche du tracé sur un bout de serviette. Quelques mois plus tard, son croquis servira de base à la première édition du Bromont Ultra. 

Philanthrope, Gilles Poulin avait réussi à lever des fonds en participant, dès 2009, à des ultra -marathons après une série de blessures et d’opérations. L’idée du BU venait aussi combler son envie de reproduire cette solidarité à grande échelle, au travers de défis incitant les gens « à se dépasser et à se convaincre que tout est possible ». Chaque année, l’organisation reverse environ 50 % des frais d’inscriptions à différentes causes choisies par les coureurs. En 2022, par exemple, les recettes générées par l’événement ont contribué à aider une vingtaine d’associations, pour un total de 665 000 dollars canadiens.

« Une infinité de collines et de chemins de campagne »

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Au bord du lac Gale, sur le parcours du Bromont Ultra – Photo : BU

Du 6 au 8 octobre 2023, le Bromont Ultra a fêté son dixième anniversaire sous un déluge. Accompagnées d’une chute brutale des températures, des trombes d’eau ont arrosé les coureuses et les coureurs durant tout le week-end, les éreintant encore plus qu’à l’accoutumée. Seuls 18 % des concurrents ont achevé le 160 km. Ils étaient 50 % à finir le 80 km, dont David Jeker, deuxième de la course (à 3 min 30 de Samir Gouin). Vainqueur à deux reprises du 55 km en 2021 et 2022, l’athlète de 35 ans adore venir au Bromont Ultra pour son ambiance « un peu à l’américaine ». « C’est une classique à taille humaine qui ne cherche pas particulièrement à devenir plus importante ni à attirer des élites, détaille-t-il. C’est très accessible. J’y suis déjà allé à vélo avec ma tente, que j’avais plantée la veille au soir sur la zone de départ. C’est le fun quoi ! » Le docteur en sciences du sport souligne aussi la proximité permanente de zones urbaines, autre spécificité du BU. « Tu n’es jamais vraiment perdu au fond du bois, mais, en même temps, tu ne te rends pas du tout compte que la civilisation est si proche, s’étonne-t-il encore. Comme les ravitaillements sont peu éloignés les uns des autres, tu vois beaucoup de monde, c’est une course qui se partage. »

David Jeker a habité pendant des années à Sherbrooke, à environ une heure à l’est de Bromont, mais il privilégiait le parc national du Mont-Orford pour s’entraîner, un autre mélange de lacs et de petites montagnes situés à équidistance entre les deux villes. Parfois, il descendait jusqu’à Sutton pour aller chercher davantage de dénivelé. « La région de l’Estrie offre une infinité de collines et de chemins de campagne, confirme Rémi Leroux, l’un des coureurs en montagne les plus rapides en Amérique du Nord (4e de la Coupe du monde 2023), vainqueur du 55 km du Bromont Ultra en 2019 et du 25 km en 2022. On voit de plus en plus de monde venir de Montréal en fin de semaine pour profiter des sentiers, hiver comme été. » Amoureux de ce territoire où il vit depuis cinq ans, l’athlète vante notamment la beauté de la grande raversée des sentiers de l’Estrie, un itinéraire de 160 km qui relie Glen Sutton à Richmond, en passant justement par le mont Orford

« Tu peux crever de chaud ou bien finir en hypothermie »

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Sur le parcours du Bromont Ultra – Photo : BU

Française expatriée au Canada, Hélène Michaux s’est, elle aussi, imposée à plusieurs reprises sur différentes distances du BU (deux fois sur 80 km ; deux fois sur le 55 km et une fois sur le 25 km). Installée à Rougemont depuis 2016, à une trentaine de minutes de Bromont, la vétérinaire fait partie du club de trail local depuis sa création. Coureuse très expérimentée, elle loue également la diversité des sentiers de la région. « Ce que j’aime sur cette course, c’est que tu ne t’ennuies jamais, raconte-t-elle. Les sols changent constamment. Tu peux passer des single tracks techniques à des chemins de terre, puis à des routes non asphaltées. Voire même être confronté à des passages où tu dois mettre les mains pour grimper. » Pour elle, le Bromont Ultra est toujours une belle manière de finir la saison, la course d’automne que tous les Québécois connaissent et qui leur offre un florilège de couleurs accrochées aux arbres. « On ne sait jamais quel temps il va faire, et ça aussi ça fait partie de l’identité du BU, explique Hélène Michaux. Tu peux crever de chaud ou bien finir en hypothermie. À cette période, le climat hésite entre l’été et l’hiver. » 

Elle se souvient encore de son arrivée au sommet du mont Brome, lors de l’édition 2022, de la neige là-haut sur les fougères, puis du privilège de courir sur des terrains d’ordinaire fermés au public. Le parcours traverse en effet un bon nombre de propriétés privées, « des érablières très bien entretenues, super belles et paisibles ». Dans ces zones préservées, les coureurs empruntent également des chemins tracés il y a des siècles pour faire circuler des calèches ou encore des pistes de ski de fond personnelles, imaginées par les habitants des lieux. « Les sentiers y sont souvent très larges, de quoi permettre le passage d’un camion, décrit Gilles Poulin. Mais on se retrouve au beau milieu de forêts hyper matures, quasiment intactes, sur lesquelles les hommes n’ont jamais vraiment cherché à intervenir. » Engagé cette année sur l’épreuve de 160 km, le co-fondateur du Bromont Ultra a préféré abandonner après une première boucle, victime du froid, comme de nombreux participants. D’autres, naïfs, sont simplement tombés dans le piège du BU, à savoir se dire a priori que la course est plutôt roulante, facile à maîtriser, alors qu’elle condamne à des changements de rythme incessants, qui consument les muscles et les souffles. 

Passionnée de canicross, Hélène Michaux apprécie cette terre de trail parce qu’elle lui permet de courir avec ses chiens. Une pratique qui, au Québec, n’est pas toujours aisée, tant les réglementations de nombreux parcs et espaces naturels encadrent strictement la présence d’animaux domestiques en leur sein.

Rémi Leroux, lui, organise souvent des courses sauvages avec des amis, le dimanche, du côté de Saint-Étienne-de-Bolton. « On adore aller s’amuser là-bas, s’enthousiasme-t-il. Il y a des montées sèches dans la boue et la terre, façon cross-country, au beau milieu de paysages de campagne anglaise. » La magie de la région et du BU opère d’ailleurs dans de nombreux contextes.

Gilles Poulin sourit en racontant l’histoire d’un entretien d’embauche mené par un autre co-fondateur de l’événement, François Monette, pour son entreprise. Un jour, une femme se présente pour candidater à un poste de directrice des ressources humaines. Elle a fait le déplacement depuis Montréal. Il lui demande alors ce qui la pousse à venir travailler dans le coin. Sans savoir que François Monette avait un lien avec la course, elle répond : « J’ai couru récemment le Bromont Ultra, c’est dans un environnement comme celui-ci que je veux vivre. » Elle a eu le poste !

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Le temps des couleurs enchante le Bromont Ultra – Photo : BU

Le petit + Bonjour Québec
👉 Les coups de cœur des coureurs

Le sentier incontournable
Hélène Michaux a un faible pour la Slinky, une descente technique formatée pour les vélos de montagne, avec « des virages hyper serrés ». Le sentier s’étend sur deux kilomètres environ, au départ du mont Spruce. 

Le panorama le plus incroyable
Gilles Poulin vante la splendeur des crêtes du mont Gale, au-dessus du lac. « De là-haut, du côté de la Halte du Berger, on voit le parc équestre olympique où a lieu le départ de la course, le mont Brome, et même, au loin, le mont Orford », décrit-il. Avant d’ajouter sur un ton facétieux : « Dites aux gens de ne pas y aller ! »

Le coin secret
Aux abords des pistes de ski de Bromont, selon le co-fondateur du Bromont Ultra Gilles Poulain. Le terrain de jeu est immense, varié, avec des montées et des descentes dans tous les sens. Mais encore faut-il s’y aventurer.

Le spot pour « chiller » après la course
C’est une histoire de « Pitt » ! Rémi Leroux aime aller prendre un café au Pittstop, à Bromont, un magasin de vélo où l’on sert aussi à boire et à manger. Pour Hélène Michaux, c’est plutôt le PittNik, un restaurant qui prépare aussi les plats servis… au Pittstop. Et pour la petite histoire, c’est le chef du PittNick, François Gagnon, qui a fourni la nourriture aux plus de 3000 coureurs de l’édition 2023 du Bromont Ultra.

*Quelques liens Bonjour Québec pour explorer la région :

👉 Bromont Ultra
👉 Bromont
👉 Ski Bromont
👉 Cantons-de-l’Est
👉 Parc national du Mont-Orford
👉 Mont Sutton
👉 Où aller au Québec


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