Ultra-trail du Fjord du Saguenay, le petit nouveau qui veut devenir grand

Région du Saguenay–Lac-Saint-Jean

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Le décor de l'Ultra-Trail du Fjord du Saguenay - Photo : UTFS
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Dans cette partie du Québec, à près de 500 km à l’est de Montréal en longeant le fleuve Saint-Laurent, on trouve le nom « Saguenay » partout. C’est celui d’une ville, d’une région, d’un parc naturel ou encore d’une rivière longue de 155 kilomètres et qui se jette dans l’estuaire du fleuve Saint-Laurent. C’est celui d’un fjord aussi, unique en Amérique du Nord, une ancienne vallée glaciaire constituée de falaises immenses au pied desquelles le Saguenay fait son lit. Le mot provient de l’amérindien « Sakinipi » qui signifie « d’où l’eau sort ». « Ici, la vie s’est développée à partir de l’eau, confirme Philôme La France, maire du village de Petit-Saguenay. Le fjord est l’élément culturel central de notre identité locale, il prend une place importante dans le cœur des gens. »

Lorsqu’il a acheté une maison à L’Anse-Saint-Jean il y a quatre ans, Raphaël Marchand a, lui aussi, eu les yeux aimantés par le fjord. Militaire à la base de Bagotville, le traileur a redécouvert sous un autre jour les sentiers et les montagnes qui dominent la rivière, tous ces paysages majestueux qui font la fierté de la région. Dans sa tête, une idée a germé, celle d’organiser une course afin de partager ses chemins et panoramas favoris, et offrir aux participants une immersion dans le Bas-Saguenay. « Il y avait tout pour créer de super parcours, s’enthousiasme Raphaël Marchand. Des coins sauvages et des villages typiques avec, toujours, le fjord en toile de fond. »

La première édition de l’Ultra-Trail du Fjord du Saguenay (UTFS) a eu lieu en août 2023, avec cinq courses au programme, dont un 160 km. Résultat : environ 500 coureuses et coureurs ont répondu présents, dont une partie issue d’autres régions du Québec, voire de l’international. « On a tout de suite été partant, se souvient Philôme La France. C’est le genre d’événements que j’aime, contemplatifs et solidaires. Les gens viennent apprécier la nature qui les entoure, encourager et aider les participants. C’est toute une communauté qui se met en place. » Dans son village du Petit-Saguenay, une zone de ravitaillement a été installée sur les quais, littéralement sur le fjord. Spectaculaire. 

Un aller-retour au lever du soleil sur le fameux sentier de la Statue

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Apogée du « fameux sentier de la Statue » – Photo : UTFS

À L’Anse-Saint-Jean, des habitants qui, avant la course, ne savait pas vraiment ce que c’était que le trail, parlent encore à Raphaël Marchand de Benoit Gaillard, cet homme qu’ils ont vu passer devant chez eux et qui a remporté le 160 km. « Ils ignoraient que l’on pouvait courir aussi longtemps », se marre le désormais directeur de course. Le vainqueur, lui, confie avoir été émerveillé par le parcours, il n’avait encore jamais mis les pieds dans la région, si ce n’est plus à l’ouest, à vélo, autour du lac Saint-Jean, là où la rivière Saguenay prend sa source. 

Installé au Québec depuis 2020, le coureur en sentier originaire du Sud-Ouest de la France a mis un point d’honneur à découvrir sa terre d’adoption grâce à son sport. Dès que le recul de la pandémie de Covid-19 le lui a permis, le Français est parti à l’assaut des courses les plus réputées : le 125 km de l’Ultra-Trail Harricana du Canada en 2020 (3e) ; le 100 miles du Québec Méga Trail en 2021 (victoire) ; ou encore, la même année, le 80 km du Bromont Ultra. Alors, quand il a entendu parler de ce nouvel événement dans le Bas-Saguenay, Benoit Gaillard a embrigadé quelques potes de « Run In Montréal » et il a sauté sur l’occasion d’explorer un territoire inconnu. 

Le grand champion de cette première édition de l’UTFS se souvient d’un départ dans la brume, presque mystique, au cœur du parc national, et puis d’un aller-retour au lever du soleil sur le fameux sentier de la Statue qui, situé à l’embouchure de la baie Éternité, s’achève au pied d’une vierge tournée vers la rivière. « Époustouflant, témoigne Benoit Gaillard. C’était la première fois que je voyais un fjord, qui jusque-là évoquait pour moi la Norvège ou les pays du nord de l’Europe. Je n’oublierai jamais ce moment. » Plus tard, de l’autre côté de la baie, il prend le temps de faire une photo au point de vue du Géant, qui lui laissera le même souvenir impérissable. 

Son passage à L’Anse-Saint-Jean, autour du cinquantième kilomètre, l’a aussi marqué. Alors qu’il cherche le ravitaillement, le Français est attiré par l’attroupement qui s’est formé autour de l’église du village, là où se trouvent le départ et l’arrivée d’autres distances. Il franchit la ligne et on lui tend une médaille. On ne comprend pas ce qu’il fait là. Il n’a pas suivi le bon balisage. Son erreur le fait encore sourire. À ce moment-là, il vient de redescendre de la Montagne-Blanche (à 565 m d’altitude), le plus haut sommet du parc, un cap dénudé d’où l’on peut contempler le fjord, l’un des plus beaux sentiers de randonnées du Bas-Saguenay. 

« Le Monde enchanté de mon enfance »

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Sur le parcours de l’Ultra-Trail du Fjord du Saguenay – Photo : UTFS

Partie plus tôt sur le 100 km, Mylène Sansoucy n’a pas eu la chance de découvrir là-haut une vue dégagée. La traileuse, une des représentantes du Canada aux derniers championnats du monde à Innsbruck (Autriche), se rappelle d’un brouillard opaque, condamnant les perspectives sur la forêt boréale qu’elle venait de traverser pour y grimper. En vacances avec ses trois enfants et son conjoint, originaire du Saguenay – Lac-Saint-Jean, elle voyait dans cet UTFS une parfaite occasion d’allier partage en famille et préparation de l’UTHC, sur lequel elle s’est alignée quelques semaines plus tard (DNF). 

De bout en bout aux avant-postes (première femme et troisième au classement général), Mylène Sansoucy décrit un parcours très varié, qui peut la plupart du temps se courir, agrémenté de quelques passages techniques. Cette première édition a notamment été marquée par des pluies torrentielles plusieurs jours avant le départ, qui ont rendu les sentiers très boueux. « Une traversée de rivière a été annulée en raison de la montée des eaux, commente la gagnante du 100 km. À la place, on a dû transiter par l’une des seules portions de route de la course. J’y suis allée un peu fort, c’est là que j’ai pris un coup de chaud. »

Cette expérience dans le Bas-Saguenay lui a tellement plu qu’elle a déjà confirmé sa participation l’année prochaine. La championne veut revenir pour améliorer son temps, mais aussi pour se concentrer sur les détails qu’elle aurait manqués, à l’image du « Monde enchanté de mon enfance ». Étendus sur une quinzaine de kilomètres autour du village de Petit-Saguenay, ces sentiers au nom étonnant sont parsemés de belvédères et de ponts couverts, de statuettes et de masques disséminés dans les bois. « Le terrain appartient à un propriétaire privé qui l’aménage depuis des décennies tout en le laissant ouvert au public, décrypte Philôme La France. Cet endroit me fait penser au réalisme magique en littérature. » « J’ai aperçu ici ou là quelques sculptures, témoigne Mylène Sansoucy. J’étais surprise, mais aussi très focus sur là où je mettais les pieds, pour ne pas tomber. Mais il faut que je revoie ça, mes enfants vont adorer. »

Plus loin, le mont Édouard est le clou du spectacle. Centre de ski réputé, sa station fait office de zone d’arrivée où les coureuses et les coureurs achèvent leurs périples, après avoir joué sur ses hauteurs. C’est la partie du parcours la plus éloignée du fjord, la plus sauvage. La plus technique aussi, tant les chemins, davantage façonnés pour les activités d’hiver, sont moins propices au trail running et à la randonnée pédestre. En tête avec une heure d’avance, Benoit Gaillard y a progressé plus lentement, sur des sentiers encombrés, plein de branches et de racines. « Là-haut, j’ai eu le coucher du soleil, se remémore-t-il. Avant de mettre la frontale pour la dernière descente. Du début à la fin, c’était pour moi une belle première fois. » Pour l’Ultra-Trail du Fjord du Saguenay aussi. 

Le petit + Bonjour Québec
👉 Les coups de cœur des coureurs

Le sentier incontournable
Le sentier Les Caps, en plein cœur du parc national du Fjord-du-Saguenay, fait l’unanimité. Orné de chutes, de ponts et de sublimes points de vue sur le fjord, il sillonne jusqu’à la montagne Blanche. « Un joyau de la randonnée au Québec, encore peu fréquenté », décrit Raphaël Marchand, directeur de l’UTFS.

Le panorama le plus incroyable
« Époustouflant », c’est ainsi que Benoit Gaillard qualifie le spectacle depuis le Cap des Géants, au bord de la baie Éternité. Un cap que l’on atteint après une montée de 300 m de dénivelé positif, longue de 2 km, toujours sur le sentier Les Caps. Face aux coureurs : des falaises immenses qui tombent dans la rivière Saguenay.

Le coin secret
Difficile de ne pas évoquer le « Sentier du monde enchanté de mon enfance », coup de cœur des organisateurs comme des participants. « Malgré la particularité des lieux, il n’y a jamais foule, confie Raphaël Marchand. Ce qui renforce le côté à la fois mystérieux et secret de ces sentiers. »

Le spot pour « chiller » après la course
Même si elle a dû filer après sa course, Mylène Sansoucy se serait bien vue louer un chalet au mont Édouard pour profiter des paysages quelques jours de plus. Pour ceux qui ont soif, Raphaël Marchand nous parle, lui, de La Chasse-Pinte, une brasserie coopérative située à L’Anse-Saint-Jean.

*Quelques liens Bonjour Québec pour explorer la région :

👉 Saguenay–Lac-Saint-Jean
👉 Parc national du Fjord-du-Saguenay
👉 Où aller au Québec
👉 Vivre le Saint-Laurent


À lire aussi dans la série Bonjour Québec :

👉 Québec Méga Trail : du Saint-Laurent au sommet du mont Sainte-Anne en passant par le fond du bois

👉 Ultra-Trail Harricana du Canada : « la pure identité québécoise en terme d’environnement et de nature » 


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