Il y a plusieurs bonnes raisons pour courir :
- Dépasser ses limites;
- décrocher du quotidien;
- améliorer sa forme physique.
Il y a aussi d’autres types de motivation pour enchaîner les kilomètres :
- Maigrir à tout prix;
- brûler les calories d’un morceau de gâteau;
- viser une silhouette inatteignable.
Si cette deuxième catégorie vous motive principalement, une petite cloche devrait sonner. Il est possible qu’un trouble alimentaire rôde dans le coin.
Qu’est-ce qu’un trouble alimentaire?
Anorexie, boulimie, hyperphagie boulimique. Ces troubles ont tous leurs particularités, mais ils ont en commun une préoccupation excessive de l’image corporelle. L’objectif d’atteindre un poids ou une silhouette souvent irréaliste mène à des comportements inappropriés, voire dangereux. Parmi ceux-ci, on trouve l’adoption de régimes amaigrissants, le jeûne, l’usage de laxatifs, les comportements purgatifs (ex. : vomissements) ou, encore, l’exercice physique excessif.
En temps normal, il est tout à fait souhaitable de pratiquer une activité physique comme la course. Toutefois, il arrive que des coureurs se cachent derrière leurs objectifs pour justifier des programmes d’entraînement très intenses et des restrictions alimentaires importantes. Les coureurs qui flirtent avec des troubles alimentaires n’admettent pas s’entraîner dans le but de contrôler leur corps. Ils se justifient avec les « nobles » arguments de la performance.
Si ces motivations malsaines vous concernent, il faut savoir reconnaître celles qui vous poussent à passer toutes ces heures dans les sentiers.
La course devient problématique :
- lorsqu’elle devient excessive en matière de fréquence, de durée et d’intensité;
- lorsqu’elle devient compulsive, pratiquée malgré une blessure, ou qu’elle devient une obligation;
- lorsqu’elle a pour objectif de compenser la consommation de certains aliments;
- lorsqu’une journée de repos provoque de l’anxiété et de la culpabilité.
Des conséquences parfois graves
Les troubles alimentaires sont des conditions complexes et graves, qui peuvent mener à plusieurs conséquences, à la fois physiques et psychologiques. En plus d’avoir un impact négatif sur les performances sportives, ces conséquences affectent tous les aspects de la vie (santé globale, réseau social, travail, etc.). Parmi celles-ci, on trouve entre autres les suivantes :
Conséquences physiques :
- Fatigue, tremblements et vertiges;
- constipation chronique;
- perte de masse musculaire et osseuse;
- palpitations ou ralentissements cardiaques.
Conséquences psychologiques :
- Faible estime de soi;
- isolement et renfermement sur soi;
- irritabilité;
- difficulté à se concentrer.
La quête de la performance, à tout prix
Les troubles alimentaires, ce n’est pas qu’une question d’apparence corporelle. Ces troubles insidieux peuvent tranquillement faire leur bout de chemin dans l’esprit du coureur compétitif. Les kilos « en trop » sont perçus comme des obstacles à courir toujours plus vite. Le pourcentage de gras visé est de plus en plus faible, question d’accélérer le pas et de dépasser ses limites. Cela dit, il y a certaines limites qu’il est néfaste de vouloir dépasser.
C’est à ce moment que le coureur ne voit plus clair. Il ignore ou banalise les effets délétères de ses comportements. Le seul et unique objectif demeure la première marche du podium. Terminer premier, au détriment de sa santé.
Les coureurs à risque
Certaines études démontrent que les troubles alimentaires sont plus courants chez les athlètes féminines qui pratiquent des sports d’endurance et d’esthétique
(ex. : course à pied de longue distance et gymnastique), alors que les hommes qui présentent un trouble alimentaire pratiquent davantage des sports à catégorie de poids (ex. : lutte et boxe).
Traditionnellement, une silhouette mince et un faible pourcentage de gras sont associés à de meilleures performances pour la course à pied de longue distance. Les coureurs d’élite sont soumis à une forte pression pour atteindre ces standards et, ainsi, améliorer leurs temps, d’où le risque omniprésent de développer une préoccupation malsaine à l’égard de leur poids.
C’est une affaire de filles (croyez-vous?)
Pas du tout! Un cas sur 10 d’anorexie serait un homme (et de plus en plus d’experts s’entendent pour dire que ce chiffre serait sous-estimé). Jusqu’à 25 % des cas de boulimie et la moitié des cas d’hyperphagie boulimique sont des hommes.
Étonnant?
On a longtemps dépeint les troubles alimentaires comme étant spécialement féminins, mais on réalise de plus en plus que les hommes peuvent être tout aussi préoccupés par leur apparence physique. Ils n’ont pas les mêmes critères de beauté, mais la pression pour être mince et musclé est forte. D’ailleurs, les hommes sont plus susceptibles d’utiliser l’exercice physique excessif pour contrôler leur poids (comparativement aux régimes, jeûnes et vomissements).
Les cas de coureurs qui comptabilisent les kilomètres parcourus sous forme de calories dépensées, ça existe. Gardez donc l’œil ouvert… sans discrimination!
Pour plus de renseignements sur les troubles alimentaires, ou pour trouver de l’aide, consultez les liens suivants :
ANEB Québec (Montréal)
Maison L’Éclaircie (Québec)
Prof-IL – Le Centre de référence sur les troubles de l’alimentation et de l’image corporelle au masculin
Clinique psychoalimentaire (Montréal)
(services spécialisés pour la clientèle sportive)
Grande gourmande et sportive assidue, Ève dévore les défis sportifs les uns après les autres. Fervente de toutes sortes de courses, allant de la course à obstacles dans la boue à celle en montagne, en passant par le centre-ville de Montréal, la nutritionniste a fait de la course à pied sa discipline de prédilection et de la nutrition sportive, sa passion.
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