Nutrition et publicité : comment le marketing atterrit dans nos assiettes

jus d'orange
Photo : Pixabay

La publicité est omniprésente. Elle envahit nos vies sans que nous nous en rendions réellement compte. D’un point de vue marketing, les jeunes sont une cible de choix et l’industrie alimentaire l’a bien compris.

Or, une mauvaise alimentation dès le très bas âge, combinée à d’autres facteurs de risque tels que la sédentarité, contribue aux probabilités de surpoids durant l’enfance et l’adolescence et prédispose à un risque accru de problèmes de santé graves à l’âge adulte. Et ce, sans parler des complications de santé immédiates qui peuvent se déclarer, telles que l’hypertension et l’insulinorésistance.

Il existe pourtant une loi au Québec qui régit la publicité destinée directement aux jeunes de moins de 13 ans. Par contre, cette réglementation s’attarde surtout aux formes de publicités traditionnelles et ne tient pas compte de celles diffusées sur les nouveaux médias, utilisés par les entreprises tels que les réseaux sociaux.

Ainsi, le placement de produits, les emballages et l’utilisation de personnages connus des enfants ne sont pas des pratiques bien réglementées actuellement et encouragent de ce fait la consommation d’aliments malsains chez les jeunes… et les moins jeunes. 

Ces stratégies publicitaires sont très convaincantes auprès des enfants. Jusqu’à plus ou moins 8 ans, ces derniers sont vulnérables aux contenus des messages marketing, puisqu’ils ne sont pas encore en mesure de reconnaître l’intention persuasive qu’ils contiennent. 

L’attrait pour les aliments emballés est tel que 67 % des enfants qui accompagnent leurs parents au supermarché font des requêtes pour obtenir un produit précis. Quand on sait que 74 % des aliments emballés contiennent du sucre, il est alarmant de voir à quel point nos enfants y sont exposés.

Des aliments « santé » moins sains qu’ils n’y paraissent

Plusieurs aliments destinés aux enfants mettent de l’avant leurs attributs « santé » en vantant les mérites nutritionnels de leurs produits. 

Toutefois, un bon nombre de ces produits renferment également une certaine quantité de sucre. De quoi se laisser prendre facilement, si on se fit uniquement aux emballages et à l’aura santé de certains produits. 

Ainsi : 

  • 2 biscuits d’une marque populaire contiennent 13 g de sucre (3 c. à thé de sucre) 
  • 1 yogourt à boire de 200 ml d’une marque de renom contient 22 g de sucre (5 c. à thé de sucre) 
  • 250 ml de jus d’orange pur à 100 % contient 24 g de sucre (5 1⁄2 c. à thé de sucre)
  • 250 ml de lait au chocolat contient 29 g de sucre (7 c. à thé de sucre) 

Le compte monte rapidement pour plusieurs autres aliments tels que les céréales, les barres tendres, les biscuits et divers desserts destinés aux enfants.

Quelques chiffres à connaître

• Au Québec, pour la période de 2009 à 2013, la prévalence du surplus de poids chez les jeunes de 6 à 17 ans s’élevait à 25 %, soit 1 enfant sur 4. 

• L’Organisation mondiale de la santé et la Fondation des maladies du cœur recommandent de ne pas consommer plus de 10 % de son apport énergétique total sous forme de sucres ajoutés (50 g de sucre pour un apport quotidien de 2000 kcal) et même de viser moins de 5 %. L’American Heart Association recommande, quant à elle, un maximum quotidien de moins de 24 g pour les femmes et les enfants et de moins de 38 g pour les hommes. 

• En 2004, un Canadien moyen consommait 110 g de sucre par jour (ajouté et naturellement présent dans les aliments). Les jeunes de moins de 19 ans consommaient systématiquement plus de sucre que cette moyenne avec des apports qui atteignent jusqu’à 172 g par jour chez les garçons de 14 à 18 ans. De cet apport en sucre, seulement 20 % provenait des fruits et légumes alors que près de 46 % du sucre consommé provenaient du groupe « autres aliments », selon le Guide alimentaire canadien. 

• Une consommation excessive de sucre est associée à divers problèmes de santé, dont les maladies du cœur, l’obésité et le diabète – actuellement la cause principale de mortalité dans les pays développés. 

Dans un rapport publié en 2010, l’Organisation mondiale de la santé sonne l’alarme sur l’impact de la commercialisation d’aliments riches en sucres ajoutés, en graisses transformées et en sel auprès des enfants et préconise la nécessité d’une action mondiale afin d’en réduire leur impact. 

Lorsque le marketing détermine en partie le contenu de nos assiettes pour des raisons mercantiles, quelles mesures mettre en place? Il sera nécessaire de sensibiliser le consommateur, de la même manière que pour le tabagisme et les médicaments sur ordonnance.


Ce texte a initialement été publié par Isabelle Morin sur le site web de La Clinique du coureur et adapté par Distances+ dans le cadre d’un partenariat.