Les plus fortes histoires à retenir de l’UTMB 2021

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Francois D'Haene a remporté son quatrième UTMB - Photo : UTMB

DISTANCES+ À CHAMONIX – « Le sommet mondial du trail » a une fois de plus offert une spectaculaire fin de bal après une semaine de course dans la vallée de Chamonix. Le Français François D’Haene a dominé l’édition 2021 (170 km, 10 000 m de dénivelé) en gagnant pour la quatrième fois l’épreuve, un record chez les hommes. L’Américaine Courtney Dauwalter a quant à elle survolé la course, la remportant pour la deuxième fois en autant de participations, en battant du même coup le record du parcours (qu’elle détenait déjà). Comme chaque année, abandons, surprises et anecdotes ont ponctué la course qui a rassemblé plusieurs milliers de personnes au pied du Mont-Blanc. Voici ce que l’équipe de Distances+ a retenu :

4 victoires en 4 participations : François D’Haene s’inscrit au panthéon de l’ultra-trail

Francois D'haene
D’Haene est le premier homme à remporter quatre fois l’UTMB – Photo : UTMB

François D’Haene est devenu le premier homme à remporter quatre fois l’UTMB, l’épreuve-reine de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc (2012, 2014, 2017, 2021). Il surpasse ainsi ses adversaires Xavier Thévenard et Kilian Jornet, avec qui il partageait jusqu’alors le titre de triple couronné sur l’UTMB.

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Cette victoire arrive six semaines seulement après qu’il ait remporté la Hardrock 100 et établi un nouveau record sur la mythique course américaine, dont l’altitude moyenne du parcours est à plus de 3000 m. La récupération s’est, semble-t-il, plutôt bien passée, même s’il a précisé que « ça a été très dur physiquement » et qu’il a dû « composer avec des sensations bizarres en descente ».

Dans le groupe de tête dès le départ de l’UTMB, François D’Haene s’est réellement détaché en compagnie de l’Américain Jim Walmsley, l’autre grand favori, après seulement 4 h de course. « On a un peu trop joué avec Jim avant Courmayeur, a-t-il expliqué à Distances+. Je pense qu’il l’a payé par la suite. » Victime d’une défaillance, l’Américain a finalement jeté l’éponge (km 98) peu avant le Grand Col Ferret. Les raisons précises de son abandon restent inconnues au moment d’écrire ces lignes.

François D’Haene est ensuite parvenu à maintenir un court écart avec ses poursuivants Aurélien Dunand-Pallaz et Mathieu Blanchard jusqu’à Chamonix où il a passé la ligne d’arrivée après 20 h 45 min d’effort, soit une moyenne de 8,3 km/h.

Comme souvent, François D’Haene a couru seul devant. Il a affirmé ne pas avoir adopté de tactique particulière. « Je n’ai rien fait comme d’habitude. J’essaie comme toujours de voir les conditions de course et d’évaluer qui est présent le jour J. »


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Courtney Dauwalter s’impose de nouveau

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Courtney Dauwalter marque une victoire sur l’UTMB pour la deuxième fois en autant de participation – Photo : UTMB

Chez les femmes, l’Américaine Courtney Dauwalter a survolé la course de bout en bout avec une apparente facilité. Après l’avoir remportée en 2019, elle a signé en 22 h 30 la seconde victoire de sa carrière sur l’UTMB, améliorant de près de 2 heures son temps sur l’épreuve (24 h 34 en 2019). Sa 7e position au classement général est assez exceptionnelle pour être soulignée puisque jusqu’ici, seule une autre Américaine, Rory Bosio, avait atteint un tel classement sur l’épreuve, en 2013. 

« C’est quand même plus marrant lorsqu’on ne souffre pas », a-t-elle souligné en interview sur la ligne d’arrivée. En 2019, elle avait souffert de l’estomac, puis vécu une fin de course difficile depuis Vallorcine (km 150). Elle a corrigé le tir cette année en adoptant une nouvelle stratégie de nutrition qui consistait à s’alimenter « uniquement liquide » à partir du kilomètre 80 à Courmayeur, en Italie. « C’était rageant de voir les autres coureurs manger avec appétit », a-t-elle expliqué tout sourire. 

Celle qui ne court jamais sans ses écouteurs – « pour se distraire dans les moments difficiles » – les a retirés une fois dans Chamonix, profitant pleinement de son bain de foule et de l’accueil chaleureux qui lui était réservé.

La Française Camille Bruyas (victorieuse du Lavaredo Ultra-Trail 2021, 3e de la CCC 2019 et gagnante de l’UT4M 2017) a passé l’épreuve du feu pour sa première participation à l’UTMB. Avec une gestion exemplaire, elle a terminé 2e en 24 h 09 (16e au classement général) après une course aux avant-postes et avoir rattrapé Mimmi Kotka (deux fois vainqueure du 90 km du Mont-Blanc en 2017 et 2018, vainqueur de la CCC en 2016 et de la TDS en 2017) qui complète ce podium en 3e position en 25 h 08.


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Un top 5 100 % français

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Aurélien Dunand-Pallaz a maintenu sa deuxième position en fin de course malgré la pression de Mathieu Blanchard – Photo : UTMB

Les Français, qui couraient à la maison, ont écrit un chapitre d’histoire sur l’UTMB en prenant, pour la première fois, les cinq premières places. 

Derrière François D’Haene, Aurélien Dunand-Pallaz a terminé 2e en 20 h 58 min. Le Savoyard qui détient le record du monde de dénivelé en 24 h (17 218 m D+ en 2020)  a réalisé une solide course en maintenant la pression jusqu’au bout. « Je voyais Mathieu (Blanchard) qui revenait. La fin de course a vraiment été une bataille pour la deuxième place », a-t-il affirmé.

Mathieu Blanchard inscrit à son palmarès une troisième place sur cette édition en 21 h 12 min. Il est suivi de près par l’ancien vainqueur de l’édition 2016, Ludovic Pommeret, en 21 h 38 et Germain Grangier en 21 h 52.

Les Français Grégoire Curmer et Mathieu Clément se sont également classés dans le top 10 (8e et 10e)

Chez les femmes, on compte quatre françaises dans le top 10 : Camille Bruyas (2e), Marion Deslpierre (4e), Maryline Nakache (6e) et Julie Jamsin (7e).


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La course époustouflante de Mathieu Blanchard

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Mathieu Blanchard réalise le rêve de sa jeune carrière en montant sur le podium de l’UTMB – Photo : UTMB

« Je n’avais jamais pleuré en arrivant sur une course, a lancé l’athlète de l’équipe Salomon à l’arrivée. Ça vibre en moi, je suis sur une autre planète. » 

Sur le papier, Mathieu Blanchard n’était pas pressenti sur le podium, même si son entourage l’affirmait « capable de faire un top 10 ».  Le coureur français de 34 ans est l’une des surprises de cet UTMB.

Légèrement en retrait par rapport à son habitude en début de course, Mathieu Blanchard est arrivé à Saint-Gervais (KM 21) en 32e position pour ensuite accélérer et dépasser un à un d’autres concurrents partis trop vite. 

Le tournant de sa course a certainement eu lieu en deux temps. D’abord à la Balme (km 39), où il a fait son entrée dans le top 10, puis à Courmayeur (km 80), où il est arrivé « beaucoup mieux qu’en 2018 » à la 6e place devant le coureur russe Dimitry Mityaev (qui a abandonné à ce moment-là). Il a ensuite profité de la « grosse bataille » que se livrait le groupe devant lui dans la montée du Grand Col Ferret pour partir en chasse et remonter progressivement au classement. Arrivé à Vallorcine, et voyant qu’il commençait à fatiguer, il a finalement décidé d’assurer sa 3e place plutôt que de « risquer une chute ».

Au micro de Distances+ en zone interview sur la ligne d’arrivée, Mathieu a eu une pensée pour la communauté québécoise de trail à qui il s’est instinctivement adressé. « J’ai envie de leur dire merci de m’avoir fait découvrir le trail, a-t-il lancé à la caméra. « Je me considère comme un pur produit du trail québécois, je leur dédie un peu cette course, j’ai peut-être un zeste d’énergie québécoise en moi », a-t-il ajouté. 

Après avoir débuté le trail à Montréal en 2016 et remporté plusieurs courses au Québec (Ultra-Trail Harricana 80 km 2017, Québec Méga Trail 100 km en 2018…), le coureur Montréalais d’adoption avait réalisé il y a pile un an, en août 2020, le FKT du GRA1, premier GR d’Amérique du Nord long de 650 km à travers la Gaspésie en 7 jours, 12 heures et 2 minutes. 

Ce premier podium sur l’UTMB confirme qu’il fait partie des hommes à suivre dans les prochaines années sur la scène mondiale. « Le top 10 était écrit selon moi, a confié à chaud Gregory Vollet, responsable de l’équipe Salomon internationale, mais un podium, c’était inespéré. Mathieu ne fait que progresser d’année en année, c’est incroyable! » Parti pour suivre la course des dames et voyant Courtney Dauwalter « assez autonome », il a demandé à être remplacé pour se concentrer sur le suivi de course de Mathieu et lui prodiguer ses derniers conseils. 

Xavier Thévenard et Jim Walmsley ont abandonné

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Jim Walmsley, à gauche, François D’Haene au centre et Xavier Thévenard à droite – Photo : UTMB

Comme sur chaque UTMB, la part de coureurs élites à tomber au combat est impressionnante. À commencer par Jim Walmsley, que tout le monde surveillait encore une fois comme un possible gagnant. Le coureur, qui est triple vainqueur de la Western State Endurance Run (2018, 2019, 2021), a abandonné au km 98 à Arnouvaz après 12 h 43 de course. C’est la deuxième fois en trois participations à l’UTMB que Jim Walmsley est contraint à l’abandon après 2018. Les Américains attendent toujours un sacre sur cette course. La dernière performance notable américaine du côté des hommes reste la 3e place de Tim Tollefson en 2016 et 2017.

Ce dernier a également lâché l’affaire à Courmayeur. Il fait partie des nombreux abandons qui ont sévi durant la nuit froide de vendredi à samedi, et qui a complètement bousculé le classement. 

  • Xavier Thévenard, qui a toujours des séquelles de la Covid-19, et qui a récemment annoncé être atteint de la maladie de Lyme, a abonné aux Chapieux (km 50). 
  • Le coureur russe Dmitry Mityaev, qui était parti très fort, et l’Américain Timothy Freriks ont renoncé à la base de vie de Courmayeur (km 80).
  • Les Espagnols Pablo Villa et Jordi Gamito ont abonné successivement avant la Fouly (km 109) 
  • Chez les femmes, la Britannique Beth Pascall, la Française Audrey Tanguy et les Américaines Britanniques Brittany Peterson et Hillary Allen ont également renoncé. 

Une météo clémente et un parcours respecté intégralement

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Sur le parcours de l’UTMB – Photo : UTMB

Les deux précédentes éditions de l’UTMB avaient vu leur parcours modifié en raison de conditions météo peu favorables. Cette année, le soleil était au rendez-vous même si le vent et les températures ont fortement chuté pendant la nuit, obligeant les coureurs à se couvrir davantage. L’organisation avait par ailleurs rendu obligatoire le « kit grand froid », ce qui a obligé les coureurs à emporter avec eux une couche de vêtement supplémentaire. 

La nuit côté italien a été plus que fraîche pour la tête de course. Une température de 0°C a été relevée en pleine nuit au Grand Col Ferret (2537 m), avec du vent et du brouillard portant le ressenti à -10°C. Des conditions néanmoins bien plus favorables que sur l’édition 2017 qui avait été marquée par des vents violents et de la neige à certains endroits. Les sections du col des Pyramides calcaires et de Tête aux Vents (2127 m) avaient été coupées.

« Je ne sais pas si j’ai déjà eu une si belle météo sur l’UTMB », a souligné François D’Haene, lui qui a toujours couru lors d’éditions « difficiles », notamment en 2012 où le parcours avait été réduit à seulement 100 km. 

Une édition presque normale avec du monde sur les sentiers

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Les Alpes restent un terrain de jeu grandiose pour les coureurs. – Photo : UTMB

Après une annulation en 2020 en raison de la pandémie, l’UTMB 2021 a également été marqué par le retour du public sur le bord des sentiers et dans les rues de Chamonix, où le masque restait tout de même de rigueur. S’il y avait moins de monde que sur les éditions précédentes, le public présent attendait avec impatience le passage des coureurs tout au long du parcours, comme à Notre-Dame de la Gorge (km 34), un point de passage réputé pour sa longue montée pavée. 

Présents sur place, les collaborateurs de Distances+ ont pu observer une effervescence particulière. Le traditionnel feu de joie, les crécelles qui tournent au passage des coureurs, les cloches et les drapeaux étaient en nombre pour les soutenir dans cette montée emblématique. Cette dernière est connue pour avoir servi de route du sel au Moyen Âge entre la France et l’Italie. Certaines personnes avaient même emporté un réchaud et du fromage pour profiter d’une fondue et d’un verre au bord du sentier. 

Des supporters de luxe

Le coureur français Michel Lanne, jeune retraité du circuit international, était présent sur les sentiers pour encourager son ami François D’Haene. Il a été aperçu sur plusieurs points du parcours, notamment avant le Grand Col Ferret. « Allez, tu serres les dents maintenant », lui a-t-il dit pour l’encourager à Champex-Lac (Suisse). « Ça fait un moment que je les serre », lui a répondu François D’Haene, qui commençait à fatiguer après 123 km dans les jambes. 

Salomon, qui n’est pourtant pas l’équipementier « officiel » de l’UTMB, était omniprésent sur cette édition. D’une part, grâce aux victoires et podiums de ses athlètes (1re et 2e chez les femmes et 1er et 3e les hommes), mais également au plus proche de l’organisation. Le président de Salomon, Jean-Marc Pambet, était même là en personne sur la ligne d’arrivée pour féliciter les athlètes, aux côtés de la famille Poletti. « Je suis doublement comblé. Je ne serai plus président de Salomon l’année prochaine, c’est donc mon dernier UTMB. J’ai le coeur qui bat fort, s’est-il exclamé après l’arrivée des podiums masculins et féminins, avant de conclure « vive le trail! »

Un texte écrit avec la collaboration de Guilhem Prax, Yohan Malliard, Vincent Champagne et Nicolas Fréret


Résultats UTMB 2021

Top 10 masculin

  1. François D’Haene (FR) 20 h 45
  2. Aurélien Dunand-Pallaz (FR) 20 h 58
  3. Mathieu Blanchard (FR) 21 h 12
  4. Ludovic Pommeret (FR) 21 h 38
  5. Germain Grangier (FR) 21 h 52
  6. Hannes Namberger (ALL) 22 h 22
  7. Gregoire Curmer (FR) 23 h 00 (8e au général)
  8. Diego Pazos (SUI) 23 h 00
  9. Mathieu Clément (FR) 23 h 08
  10. Ho Chung Wong (HK) 23 h 17

Top 10 féminin

  1. Courtney Dauwalter (USA) 22 h 30 (7e au général)
  2. Camille Bruyas (FR) 24 h 09
  3. Mimmi Kotka (SUE) 25 h 08
  4. Marion Delespierre (FR) 25 h 54
  5. Luzia Buehler (SUI) 26 h 06
  6. Maryline Nakache (FR) 26 h 40
  7. Lucie Jamsin (FR) 26 h 44
  8. Katie Schide (USA) 27 h 39
  9. Claudia Tremps (ESP) 27 h 55
  10. Emily Hawgood (ZIM) 28 h 36

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