Grande classique dans le paysage français de la course en montagne, la Montée du Nid d’Aigle (19,5 km, 2000 m D+) se déroule ce week-end à Saint-Gervais, en Haute-Savoie. Pour la première fois de son histoire, l’événement sera le théâtre d’une manche de la coupe du monde de course en montagne, synonyme d’un plateau international relevé, même si la pandémie empêche la grande majorité des non-Européens de se rendre sur place.
La Montée du Nid d’Aigle existe depuis 1986 et va connaître sa 34e édition après avoir été annulée en 2020 à cause de la pandémie. « C’est resté une entité course en montagne avec toutes les règles qui s’en suivent, explique Élise Poncet, organisatrice de l’événement avec l’office de tourisme de Saint-Gervais, où elle travaille. Les bâtons sont toujours interdits, il y a des ravitaillements assez rapprochés, ce qui fait qu’on n’a pas à porter notre matériel et c’est un parcours assez athlétique en montée sèche. »
En 34 éditions, le parcours est toujours resté le même. Les participants s’élancent de la gare du Fayet, point de départ du tramway du Mont-Blanc, à 500 m d’altitude, pour rejoindre le Nid d’Aigle, terminus de ce même tramway et porte d’entrée des alpinistes qui se lancent dans l’ascension du Mont-Blanc, à près de 2400 m d’altitude.
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La course fait partie du circuit de la coupe de France de course en montagne (anciennement appelée le challenge national). Cette année, elle intègre en plus pour la première fois le circuit de la coupe du monde de course en montagne, sous la houlette de l’Association mondiale de course en montagne (WMRA). « Ça vient féliciter des années d’authenticité, se félicite Élise Poncet. Il y avait une volonté de donner un peu de sang neuf à l’événement et de l’internationaliser. La manière la plus logique était de le faire en rentrant dans le circuit. »
La Montée du Nid d’Aigle est la seule étape française de la coupe du monde en 2021.
Les Françaises championnes du monde au départ
De grands noms du trail et de la course en montagne se sont déjà illustrés sur cette épreuve avec la victoire des Français Thibaut Baronian en 2016, Emmanuel Meyssat en 2017, Baptiste Chassagne et Adeline Roche en 2019 ou encore de la Britannique Sarah Tunstall (médaillée de bronze aux championnats du monde en 2009 et 2017) en 2016, si l’on se réfère uniquement aux dernières années.
Pour cette 34e édition, les Italiens, grands spécialistes de la course en montagne, seront représentés par Francesco Puppi et Xavier Chevrier, champion d’Europe de la discipline en 2017. Cesare Maestri, le vice-champion du monde, devait être au départ mais il a finalement dû renoncer. Il faudra compter aussi sur le Tchèque Jiri Cipa, 3e de la CCC (98 km, 6150 m D+) en 2019, le Hongrois Sandor Szabo, 8e du classement final de la coupe du monde en 2019, ou encore le Kenyan Eric Muthomi Riungu, 4e du Jungfrau marathon .
Les Français auront leur mot à dire aussi bien chez les hommes, avec l’infatigable Julien Rancon, médaillé de bronze aux championnats d’Europe en 2006, mais aussi Alexandre Fine, Julien Michelon, Fabien Demure, Simon Paccard ou encore Fleury Roux, que chez les femmes avec la présence des championnes du monde par équipe en titre Anaïs Sabrié, Christel Dewalle et Mathilde Sagnes.
Et petite surprise de « dernière minute », Élise Poncet, qui est vice-championne du monde en individuelle et également championne par équipe en 2019, et qui ne devait pas participer à la course pour « vivre le truc de l’autre côté, en tant qu’organisatrice », s’est ravisée et sera bien présente sur la ligne de départ, elle qui avait pris la deuxième place en 2017.
Élise devra batailler avec des top athlètes de la course en montagne, à commencer par la Kenyane double championne du monde de course en montagne (2017 et 2018) Lucy Murigi, la Sud-Africaine Megan Mackenzie, 3e du Pike Peaks Marathon (42 km, 2376 m D+), la Suissesse Simone Troxler, vainqueure du Jungfrau marathon (42 km, 1820 m D+), la Tchèque Lucie Marsanova, 5e des championnats d’Europe en 2018 ou encore la Hongroise Timea Merenyi, 10e du classement final de la coupe du monde en 2019.
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Le champion du monde en titre, Joe Grey, aurait également dû faire le déplacement à Saint-Gervais, mais « il m’a annoncé que c’était beaucoup trop compliqué pour lui de venir [à cause des restrictions sanitaires] », déplore Élise Poncet. Des Japonais devaient aussi s’aligner sur la ligne de départ, mais eux aussi ont dû renoncer à venir en France.
Record de l’épreuve en ligne de mire?
Avec cette internationalisation de la course, les différents records de l’épreuve pourraient tomber. Emmanuel Meyssat détient le meilleur temps de la course en 1 h 47 min et 49 s (2017). Le record féminin est la propriété depuis 2006 d’Isabelle Guillot, quadruple championne du monde de course en montagne (1989, 1991, 1993, 1997) et championne d’Europe en 1996, avec un temps de 2 h 6 min 6 s.
« Isabelle Guillot, c’est une grosse, grosse référence, commente Élise Poncet. Elle a un palmarès qui est inégalable, mais justement c’est un très bon challenge pour nous et je n’ai pas de doute qu’il puisse tomber un jour et pourquoi pas cette année, a-t-elle confié à Distances+. Je ne sais pas si ça sera pour cette année, mais j’aimerais bien avoir le record de la course un jour parce que c’est chez moi! »
Puisque le parcours n’a pas changé en 34 ans, la jeune coureuse estime que « sa » course a une vraie valeur chronométrique et il est possible de comparer les temps d’une année à l’autre.
Un engagement écoresponsable
Autre nouveauté cette année, la Montée du Nid d’Aigle s’engage un peu plus dans une démarche écoresponsable. « On a signé une convention avec Asters, le conservatoire d’espaces naturels de Haute-Savoie, souligne Élise Poncet. Cette convention comprend un diagnostic du parcours qui permet de repérer les zones sensibles. Ça peut être des coupes de sentier, des zones humides que l’on va essayer de contourner, un balisage adapté, ce genre de choses. »
Pour poursuivre dans ce sens, le matériel nécessaire pour l’arrivée sera acheminé via le tramway du Mont-Blanc au lieu de l’habituel transport en hélicoptère. « On va faire une arrivée très, très minimaliste, prévient la coureuse. Il n’y aura pas d’éléments de publicité, pas de speaker et tout se passera dans le centre de Saint-Gervais à la fin de la course. »
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La course organisée par la mairie et l’office de tourisme sert de laboratoire pour l’ensemble des autres événements qui se déroulent dans la commune. « C’est la première fois qu’on met en place des actions aussi drastiques et, l’objectif, c’est de pouvoir le décliner sur toutes nos actions à Saint-Gervais », précise Élise Poncet.
Avec la pandémie, il n’est pas forcément facile de maintenir cet engagement vert. « Ce qui est plus compliqué dans l’organisation, c’est tout ce qui est ravitaillement et repas d’après-course, observe Élise Poncet. En conflit avec notre engagement environnemental, on demande de faire des portions individuelles, donc dans des petits sachets, donc ça va créer des déchets supplémentaires. »
Le départ de la course aura lieu à 9 h 15 ce samedi 17 juillet. Le premier homme devrait pointer sur la ligne d’arrivée vers 10 h 55 et la première femme à 11 h 10.