« J’ai perdu 10 livres et le goût de courir à cause du stress, lance Jean Fortier, directeur général du Québec Méga Trail. Mais plein d’autres personnes vivent leur lot de problèmes. Je ne peux pas rester dans ma bulle et me dire que c’est la fin du monde parce que ma course est annulée. »
Comme la plupart des membres de la communauté de trail, Jean Fortier subit l’annulation de tous les événements sportifs et culturels au Québec jusqu’au 31 août. Mais, « il y a des choses pas mal plus importantes qu’une course dans la vie. Il faut être solidaires là-dedans et nous, c’est ce que nous essayons de faire dans la mesure du possible », dit-il.
Une édition spéciale
L’équipe du QMT avait déjà annoncé que sa course de 50 km constituerait cette année le championnat canadien d’ultra-trail courte distance. Pour conserver le championnat, le QMT proposera une « édition spéciale » de la course de 50 km lors d’un événement conjoint avec le Défi des couleurs Simard cet automne.
« Ils sont au mont Sainte-Anne aussi. Les gars sont de la région et on les connaît super bien. On travaille déjà avec eux. Il n’y a même pas eu d’hésitation. Ils ont dit oui tout de suite », commente le directeur général à ce sujet.
C’est dans le but de « garder tout le monde dans le bain » que l’équipe a voulu maintenir cette course, qui affichait déjà complet depuis un bon moment. Le QMT offre d’ailleurs 340 nouveaux dossards pour cette épreuve qui aura lieu le 11 octobre 2020.
Jean Fortier ne cache pas que « le parcours est déjà incroyable », mais que « dans les couleurs de l’automne » les coureurs vivront une expérience « unique ».
Cette édition permettra également de tenir le championnat canadien de course en montagne longue distance, sur la même course de 50 km, cette dernière étant une épreuve qualificative pour les championnats du monde qui doivent avoir lieu aux îles Canaries en novembre prochain.
L’équipe du QMT espère par la même occasion qu’elle pourra réussir à diminuer les pertes financières encourues par l’annulation de l’événement. « Si plusieurs personnes viennent à notre édition spéciale et qu’on est capable d’avoir un événement à 500, voire 600 participants, ça aussi, ça va nous aider », convient Jean Fortier.
Réagir rapidement
Directeur d’expérience, Jean Fortier avait élaboré depuis quelques semaines plusieurs options en cas d’annulation, en collaboration avec les membres de son conseil d’administration.
« Notre plan B était prêt, mais nous n’avions pas prévu l’annoncer aussi rapidement », admet-il. La sortie du gouvernement québécois est effectivement venue précipiter les choses.
C’est pour ne pas « laisser aller les rumeurs » qu’il a décidé de « devancer les choses » et de révéler publiquement sur les réseaux sociaux ce qui en était, le jour même de l’annonce gouvernementale, soit vendredi dernier.
Le directeur concède qu’il reste « beaucoup de communications à faire auprès des participants et des partenaires » au courant des prochains jours.
Malgré ses années expérience, il avoue aussi qu’il n’a jamais « vécu de situations comme celle-là », mais qu’il se considère cependant « chanceux » d’être entouré d’une équipe si dévouée.
Offrir le plus d’alternatives possible
« Ce n’est pas nécessairement facile de trouver des solutions à tout ça, mais le point central de toutes nos discussions était d’offrir le plus de possibilités aux coureurs », indique Jean Fortier.
C’est dans cette optique que le QMT offre aux 1500 participants qui y étaient inscrits la possibilité de se faire rembourser leurs frais d’inscription en totalité.
« On voulait donner l’option du remboursement, car on sait que certains vivent des moments difficiles et qu’ils ont besoin de cet argent-là », explique ce pionnier de la course en sentier au Québec.
« Et ce, même au risque d’encourir un gros déficit », précise celui dont l’équipe avait déjà engagé des dizaines de milliers de dollars dans la mise sur pied de cette édition.
Afin de limiter les dommages, l’organisation permet aussi aux coureurs « qui en ont la possibilité de demander un remboursement partiel ou de reporter leur inscription à 2021 », précise Jean Fortier.
« À date, les gens répondent bien et sont vraiment généreux », se réjouit-il. « Peut-être que ça va nous sauver un peu d’un trop gros trou financier. »
Entretenir le sentiment d’appartenance
Engagé depuis longtemps dans la communauté de course en sentier au Québec, Jean Fortier se désole tout de même du « trou que tout cela laisse au niveau du calendrier » et des impacts qu’une telle saison peut avoir sur la communauté et le sport de la course en sentier.
« À chaque semaine habituellement, il y a des courses, des histoires qui s’écrivent et cela alimente le sentiment d’appartenance à notre discipline », reconnaît-il. « Cette année, il va falloir essayer de trouver d’autres solutions afin de cultiver ce sentiment-là. »
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