Coureur passionné et blogueur occasionnel, Yannick Vézina n’a pas laissé la pandémie attaquer sa motivation. Au contraire, il a su se relever les manches et se lancer dans plusieurs défis imposants au cours des derniers mois.
« Oui, 2020 c’est une année à oublier en terme de performance, mais il faut aimer s’entraîner, et ne pas juste se concentrer sur les courses », dit le résident de Québec.
Si l’année s’était déroulée normalement, Yannick, 29 ans, aurait voulu participer au Trail de La Clinique du Coureur, au 54 km de la Gaspesia 100 et au 80 km du Québec Méga Trail, pour conclure avec son gros objectif de la saison : les 100 km de la CCC, dans le cadre de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc.
Mais comme tout le monde, une fois la déception des annulations passée, il a trouvé de l’inspiration dans la multitude de courses virtuelles organisées par divers groupes à travers le monde, notamment dans celles lancées par le célèbre coureur américain Jamil Coury.
« Les courses virtuelles sont vraiment de bonnes alternatives qui permettent d’avoir de la latitude, dit Yannick. On a un certain temps pour faire une distance. On est libre de choisir les parcours. »
« Les courses virtuelles m’ont donné l’envie de me pousser un peu plus. Quand on sait que c’est dans le cadre d’une simili-compétition, ce n’est plus juste un entraînement. »
C’est ainsi qu’à la mi-avril, il a choisi de réaliser un premier défi lancé par Coury, le défi Aravaipa Strong, dont une partie des profits a été reversée au Fonds de riposte à la COVID-19 de l’Organisation mondiale de la Santé.
Yannick a monté et descendu 22 fois la côte de la Pente-douce, qui relie les quartiers de Saint-Sauveur et Montcalm, à Québec, afin de cumuler 50 km dans les souliers.
Il a mis 4 h 22 pour compléter le tout, en étant plus rapide dans la deuxième partie de course. « Grâce à l’inclinaison faible de la pente, il y a moyen de maintenir un bon rythme », explique Yannick, qui a tenu une allure de 5 m 13 du km. « La Pente-Douce n’est pas si ‘’douce’’ après tant de bitume », dit-il, rappelant qu’il a aussi cumulé plus de 1200 m de D+.
« J’aimais l’idée de faire une distance d’ultra sur route, mais avec du dénivelé, dit Yannick. Je suis un coureur de trail qui s’entraîne beaucoup sur route, parce que j’habite en ville, mais au mois d’avril, les trails sont encore glacées et ‘’bouetteuses’’. »
« Finalement, ça a attiré l’attention! » lance Yannick, qui évoque « des centaines de gens qui ont klaxonné » et une équipe de la télévision de Radio-Canada qui lui a consacré un reportage. « Il y a même un couple d’un treizième étage qui n’arrêtait pas de m’envoyer la main pour m’encourager », ajoute Yannick.
Le mont Everest, pourquoi pas?
Fin mai, Yannick remettait ça, en s’attaquant à un deuxième défi virtuel d’envergure : le ‘’Limitless Vertical Challenge’’, toujours proposé par Jamil Coury à travers sa marque Run Steep Get High.
Cette fois, l’ambition était d’accumuler un certain nombre de mètres de dénivelé positif. Yannick a choisi de s’attaquer à la hauteur du mont Everest (depuis le niveau de la mer), soit 8848 m de D+, à compléter en sept jours.
Il a finalement mis cinq jours pour dépasser quelque peu « le sommet de l’Everest » en atteignant 8945 m de D+ » Il s’est attaqué quatre fois au mont Stoneham, trois fois au mont Sainte-Anne et 23 fois au centre de ski le Relais, où il a gravi toutes les pistes.
« C’est le défi qui me stressait le plus avant de commencer, parce que je n’avais jamais parcouru autant de dénivelés. Mais surtout, je m’inquiétais de la récupération, puisque je le faisais sur plusieurs jours », dit-il.
« Ce sont les descentes qui sont les plus dures », se souvient Yannick, qui a toutefois été surpris d’être moins endommagé que ce qu’il aurait cru après avoir complété le défi. « Ça m’a fait comprendre que j’étais prêt pour les compétitions qui s’en viennent. »
Puis, le 1er juillet, il s’est lancé dans un troisième événement virtuel, toujours sous l’impulsion de Jamil Coury, soit celui de compléter un maximum de kilomètres en 12 heures consécutives, le défi « Summertime Binge ».
Sur une petite boucle en sentier de deux kilomètres, Yannick a parcouru au total 104 km, remportant la première place du coureur ayant fait le plus grand nombre de kilomètres! Il y avait 325 participants. L’organisation Aravaipa lui a même envoyé un trophée par la poste.
La course avec les collègues
En début d’été, Yannick, qui travaille au département des communications chez Ubisoft à Québec, décide d’embarquer ses collègues dans un autre défi virtuel, afin de mêler l’entraînement avec l’entraide.
Chaque collègue pouvait choisir sa distance et effectuer la course au moment qui lui convenait. « Je suis vraiment content, dit Yannick, parce qu’une cinquantaine d’employés ont embarqué dans l’aventure. Le but, c’était surtout d’inciter les gens à sortir un peu. Plusieurs m’ont d’ailleurs dit que cette expérience leur avait redonné l’envie de courir. »
« Après ça, ils viendront dire que les ‘’gamers’’ passent leur temps devant leur console », dit-il en riant.
Tous les fonds amassés avec les frais d’inscription volontaires ont été remis à l’organisme Carrefour des enfants de Saint-Malo, qui accompagne les enfants dans leur cheminement éducatif, une mission chère au cœur des employés d’Ubisoft.
La découverte du trail
C’est seulement depuis 2018 que Yannick s’adonne plus sérieusement au trail. Il avait auparavant beaucoup donné dans la course à obstacles. « Mais j’ai compris que ce que j’aimais des Spartan Race, c’était de courir entre les obstacles. C’est à ce moment que j’ai eu le déclic pour le trail », explique-t-il.
« La culture du trail est grandissante, observe Yannick. Il y a beaucoup d’athlètes québécois qui rayonnent à l’international. C’est un monde que j’adore, autant à titre de coureur que de fanatique. »
La course s’est insérée dans son quotidien. Au point où il transpose sa passion à un autre de ses loisirs : l’écriture. Depuis un peu plus d’un an, on peut lire ses récits de course sur le blogue Ravito Trail. « J’ai toujours eu l’écriture dans ma vie et je trouve ça intéressant de partager mes moments cocasses et mes expériences de course », raconte Yannick.
Par ailleurs, il a adopté la course à pied comme mode de transport actif vers le travail. « Je me déplace le plus possible en courant, ça me fait donc plusieurs entraînements sans même que je le réalise », explique-t-il.
Et la suite?
« Je continue à me trouver des défis, dit Yannick. Je ne vais pas rester chez moi à attendre que le coronavirus passe. Ça me donne le temps de pratiquer certains types d’entraînement que je faisais moins, comme la course de nuit », mentionne-t-il.
Déçu de rater la grand-messe du trail, l’Ultra-Trail du Mont-Blanc, qui a été annulée? « C’est certain que ça aurait été une belle expérience, mais je vais quand même pouvoir y aller dans les prochaines années », explique Yannick, toujours positif.
Il va participer au 125 km de l’Ultra-Trail Harricana en septembre et au 80 km de Bromont Ultra en octobre.
Un texte écrit avec la collaboration de Claudia Fortin
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