Qamaniq, souvenirs et impressions de cinq filles dans le grand nord

Maryse Paquette et Pascale Vézina, deux des filles de l’expédition Qamaniq – Photo : Caroline Côté

Pendant cinq jours, au mois d’août 2017, la cinéaste et ultra-marathonienne Caroline Coté, accompagnée par quatre autres filles, dont une Inuit, a parcouru 100 km à la course dans le grand nord du Québec. L’aventure baptisée « Qamaniq » lui a permis de tourner un documentaire d’aventure dans le parc national de Kuururjuaq, mais surtout de nouer des relations impérissables avec les membres de son équipe. Distances+ a recueilli ses impressions quelques semaines après le retour à la maison.

Même si les semaines ont passé, Caroline est encore transportée par son aventure. « Je ne pensais vraiment pas tomber sous le charme comme ça, explique-t-elle. Il y avait le territoire, mais, au-delà de ça, il y a eu le contact entre les filles. On se connaissait peu. Ce sont les deux choses qui m’ont le plus marquée. »

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Photo : Caroline Côté

Bienvenue sur Mars

Très peu de personnes ont la chance de visiter l’extrême nord du Québec, rappelle Caroline. « Les billets d’avion sont tellement chers! Je ne pensais pas nécessairement y aller au cours de ma vie. J’ai trouvé l’expérience fantastique », dit-elle.

Les paysages ont frappé l’imaginaire des jeunes femmes, puisqu’elles n’avaient jamais rien vu de tel. « C’est vraiment comme être sur Mars, dit Caroline. Il y a d’ailleurs quelques films qui ont été tournés dans le coin. Il y a du lichen et des petits arbustes qui ne dépassent pas les chevilles. Même s’ils sont petits, ils sont robustes, ils sont difficiles à traverser. Ça joue entre le ‘’très sec’’, avec beaucoup de pierres, et le ‘’très humide’’ avec des zones marécageuses. »

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Photo : Caroline Côté

Un parc national bien particulier

Kuururjuaq n’est pas un parc comme les autres. « Ça fait 10 ans que le parc est ouvert et en utilisation pour les visiteurs, explique Caroline. C’est géré par la communauté inuit et les gens en sont très fiers, car c’est eux qui choisissent le nombre de personnes qu’ils veulent. Quand on était là, il y avait peut-être trois ou quatre groupes, pas plus. »

C’est le directeur du parc, Charlie Munick, qui a personnellement accueilli les aventurières. « C’est dans leur tradition d’accueillir les gens. C’est lui qui nous laisse entrer dans le parc, puis qui nous en laisse sortir à la fin. D’ailleurs, un responsable, Olivier Paradis, est resté avec nous avec une arme, pour la protection contre les ours », a raconté Caroline.

Des journées chargées

En tant que cinéaste et responsable du projet, les journées ont été particulièrement chargées pour la jeune athlète. « À l’origine, Matt [Charland, un caméraman] devait nous accompagner, mais avec un enfant qui venait de naître, il a dû annuler, explique-t-elle. En plus de préparer le matériel, je devais penser aux plans filmés, c’était épuisant! »

Les conditions météorologiques n’ont pas facilité le tournage. « Il y avait beaucoup de pluie les premiers jours. Le matériel vidéo en a pris un coup, surtout les stabilisateurs de caméras. On voyait qu’on les mettait à bout avec le froid et la pluie », précise-t-elle. Heureusement pour l’équipe, le soleil est revenu à la charge les dernières journées avec des températures qui oscillaient autour de 12 degrés.

Ce sont des conditions qui n’ont pas toujours été très propices à la course. Rappelons que le groupe a voyagé en autonomie complète. Les filles devaient transporter la nourriture, les tentes et tout l’équipement audiovisuel. « C’était difficile comme condition de sentier. On se disait qu’on allait courir beaucoup, mais c’était plutôt beaucoup de marche avec un peu de course. On parcourait environ 20 km par jour et quand on ne réussissait pas à se suivre, on s’attendait », précise Caroline.

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Photo : Caroline Côté

Une bonne chimie

Caroline est catégorique, sans la chimie présente avec ses coéquipières, Maryse Paquette, Pascale Vézina, Florence Pelletier et Charlotte Qamaniq, l’expérience aurait facilement tourné au calvaire. « Dès la première journée, on a eu des défis, comme de traverser des rivières avec de l’eau glacée jusqu’aux hanches, raconte-t-elle. Les filles auraient pu dire : “non, moi je n’embarque pas là-dedans”. Mais chacune était convaincue que l’aventure était importante. Elles sont restées positives. Rien ne les empêchait de rire, même dans les moments les plus difficiles. »

Les repas ont été des moments privilégiés pour apprendre à se connaître. « On avait pour sept jours de nourriture lyophilisée. C’était bon, mais ce n’était pas toutes les filles qui avaient l’habitude de ce type de nourriture. Mais à part cette nouveauté pour certaines, on a vraiment apprécié manger ensemble », dit-elle.

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Photo : Caroline Côté

Un film sans censure

Caroline a décidé de tout filmer, les bons comme les moins bons moments de l’expédition. « Il y a eu beaucoup de défis. Dans les montées, Charlotte avait parfois de la difficulté, elle pleurait, mais on ouvrait la caméra même dans ces moments difficiles, car ça nous a permis de montrer la dynamique entre les filles où elles se rapprochaient et elles s’entraidaient. C’était super fort, explique Caroline avec enthousiasme.

« Dans les entrevues, chaque fille s’est donnée complètement. Pour Charlotte, qui est inuit, c’était pour se rappeler à quel point son peuple a subi de la misère. Elle voulait se replonger là-dedans en se lançant dans ce défi. Au final, ça reste un film d’aventure, on était vraiment appelées à se dépasser chaque jour. »

Le tournage à peine terminé, les autres étapes sont déjà en branle. « La postproduction est déjà commencée et on devrait avoir un film à la fin du mois de septembre, explique la cinéaste », qui aimerait le soumettre à différents festivals.

Des liens très forts se sont créés entre les participantes. « Ça a été difficile de se séparer après ces cinq jours intenses dans le parc, de se dire au revoir, a confié Caroline Côté. On s’est donné quelques dates pour se revoir. Charlotte est à Ottawa et Maryse déménage au Nouveau-Brunswick avec son copain. Tout le monde a un peu changé de vie après l’expédition. »