The Happy Runner est un ouvrage positif sur une philosophie d’entraînement pour courir vite et longtemps dans la joie et la bonne humeur. Une méthode à laquelle souscrivent de nombreux ultra-traileurs de gros calibre. Le livre s’adresse notamment aux coureurs qui sont un peu lassés de s’entraîner, au point d’avoir perdu le plaisir de l’effort. Il est publié pour l’instant uniquement en anglais. Distances+ l’a lu pour vous.
Quand on tient The Happy Runner entre les mains, on est tout d’abord frappé par la couverture : deux grands yeux et un large sourire qui rappellent la petite collection de livres pour enfants de Roger Hargreaves, les « Monsieur Madame » (Monsieur rapide, Madame fabuleuse…)
Si vous lisez nos confrères du magazine Trail Runner Magazine, vous avez sans doute déjà entendu parler des auteurs, les coureurs et entraîneurs Megan et David Roche. Ce dernier y est d’ailleurs chroniqueur régulier. Tous les deux sont des références dans le monde de la course aux États-Unis.
Megan Roche, qui a d’abord pratiqué le hockey sur gazon à la Duke University, a été nommée en 2016 « ultra trail runner » et « sub ultra trail runner » de l’année par l’USA Track and Field, la fédération américaine d’athlétisme. Elle a été cinq fois championne des États-Unis. David Roche, également nommé en 2014 « sub ultra trail runner » par l’USA Track and Field, est surtout connu pour être à l’origine de l’équipe Some Work All Play (SWAP) qui compte dans ses rangs plusieurs grands noms de la course en sentier tels que Cat Bradley (gagnante de la Western States 100 en 2017), Clare Gallagher (victoire à la CCC et au Leadville 100) ou Jason Schlarb (vainqueur de la Hard Rock 100 en 2016 et deux fois vainqueur de la Run Rabbit Run 100 en 2013 et en 2015).
Travailler beaucoup, jouer tout le temps
The Happy Runner s’inspire largement de l’expérience d’entraîneur et d’entraîneuse que David et Megan ont développée au sein de l’équipe SWAP, qui résume la philosophie du couple : si le travail est un moyen, le plaisir en est la fin.
La structure du livre témoigne de la place que David et Megan accordent à la dimension psychologique de la course. La première partie est tout entière consacrée à ce qu’ils appellent les règles du coureur heureux.
Courir d’abord pour le plaisir
La première règle, « Embrace the process », invite les lecteurs à relativiser les courses et les compétitions, à les resituer dans un cadre plus large dont font partie les entraînements et même la vie de tous les jours. Contrairement à ce que pourraient laisser penser des titres comme « Power yourself with Kindness » ou « Know your “why?”», les deux auteurs ne se perdent pas dans de longues considérations philosophiques, déconnectées de la réalité des athlètes. Au contraire, ils puisent dans leurs expériences respectives, mobilisent des anecdotes vécues au sein de leur équipe et proposent des réflexions qui semblent parfois relever du « gros bon sens », mais qu’il est toujours utile d’avoir à l’esprit.
Laisser place aux sensations
La seconde partie développe les grands principes de ce que devrait être l’entraînement du « coureur heureux » ou de la « coureuse heureuse ». Megan et David soulignent entre autres que ce n’est pas parce que c’est facile que l’on ne doit pas faire d’efforts (premier principe : « Easy means easy, not the absence of pain ») et que l’on devient fort en travaillant sa vitesse (troisième principe : « Build strength from speed »).
S’ils ne négligent pas les aspects techniques et offrent des petits plans d’entraînement très pratiques, ils privilégient les anecdotes tirées du quotidien de l’équipe SWAP. Aussi, si vous affectionnez une approche cartésienne de l’entraînement (avec un joli tableau et des statistiques que vous seul comprenez), cette partie vous laissera sans doute sur votre faim. En effet, le couple Roche insiste sur la nécessité de laisser place à l’intuition, aux sensations et à l’écoute du corps.
Boîte à outils
Le principal intérêt du livre est qu’il se lit de multiples façons. On peut facilement passer de la première à la seconde partie, qui se répondent entre elles, ou encore ne lire que les encadrés qui sont autant de petites histoires tirées du vécu des athlètes qui composent l’équipe SWAP. Cette lecture à l’aventure est facilitée par un style engageant et direct, ponctué de références à la culture populaire états-unienne, parfois obscures, mais qui font que vous avez réellement le sentiment de discuter avec deux amis qui veulent faire de vous non pas simplement un coureur heureux ou une coureuse heureuse, mais plus largement une personne heureuse.